La sonnerie retentit. Les élèves fusaient dans les couloirs comme dans une fourmilière géante. Les uns couraient, les autres criaient. En tout cas, tous allaient dans la même direction : la sortie du campus.
- On y va ? Lança Léa, pressée. Il ne faudrait pas qu'on arrive en retard.
- Évidemment qu'on y va, j'attends ça depuis ce matin.Erinn claqua son casier et fit tourner son cadenas à chiffres. Elle prit sa pochette à dessin et s'en alla rejoindre Léa qui l'attendait au bout du couloir.
Elles marchèrent dans les rues de Verti pendant quelques minutes et s'arrêtèrent finalement devant un grand bâtiment. Il était ancien, fait de pierres et était situé dans les vieilles rues pavées de la ville. En grand, au dessus de la porte en forme d'arche était indiqué "École d'arts, cours de peinture et de dessin". Les deux jeunes filles franchirent la porte d'un pas sûr, et allèrent instinctivement vers la salle de dessin, située tout au fond de la cour, elle aussi, couverte de pavés. Elles entrèrent dans la salle qui ressemblait à un amphithéâtre, puisque plus on s'installait haut, plus on montait. Elles prirent place à leur table habituelle. C'est-à-dire au deuxième rang. Si Erinn voulait s'installer là, c'était pour mieux observer le sujet et mieux comprendre les techniques du professeur quand il faisait des démonstrations. En ce qui concernait Léa, c'était aussi et surtout pour pouvoir mieux observer le professeur de dessin, M. Dumas, à peine plus âgé qu'elles et terriblement craquant.
Les jeunes filles enlevèrent leur veste et leur gilet avant de s'asseoir pour éviter de les tâcher. Elles discutaient en attendant que M. Dumas fasse son apparition. Il était 17 h 25 et le professeur n'arrivait jamais avant 17 h 30 passé. Il avait un talent fou, certes, mais une ponctualité quasi-inexistante.
Une dizaine de minutes plus tard, il fit son entrée, recoiffant ses cheveux comme à son habitude, d'une main experte. Léa soupira de plaisir en le voyant arriver. Ses yeux verts-bleus la faisant littéralement fondre. M. Dumas salua la classe et expliqua l'exercice du jour : "nature morte, exclusivement au fusain."
Erinn attrapa une feuille de Canson, prise d'une inspiration soudaine alors que Léa se grattait la tête en réfléchissant...
Soudain on frappa à la porte. Un jeune homme brun y passa la tête et demanda s'il était possible d'assister au cours d'aujourd'hui afin de s'inscrire au semestre prochain qui ne commençait pas plus tard que la semaine suivante.
Erinn restait impassible au quelconque bruit extérieur, trop concentrée dans sa création. Elle avait à peine entendue la porte et se fichait totalement de ce qui pouvait bien s'y passer quand soudain, la conversation et la voix qu'elle entendit l'obligèrent à sortir la tête de son dessin.
- Qu'est ce que tu fais là ? J'avais pourtant l'impression d'avoir été clair la dernière fois. Sors d'ici !
- M'agresse pas, je t'avais même pas reconnu. Rassure-toi, si j'avais su que c'était toi qui assurait les cours de dessin j'aurais même pas poser un pied dans cette salle.Erinn chuchota à Léa.
- Oh putain, le gars là, c'est de lui dont je t'ai parlé ! Le mec du train !
- T'es sérieuse ? Mais qu'est ce qu'il fait là ?
- Mais j'en sais rien moi. Je me disais bien aussi que la voix m'était familière. C'est pour ça que j'ai levé la tête.
- En tout cas ils ont pas l'air de s'apprécier lui et le prof.Les deux jeunes filles recommencèrent à suivre la discussion des hommes en regardant un coup à droite, un coup à gauche tel un match de tennis.
- Tu crois vraiment que je vais te laisser assister à mon cours ?
- Tu pourrais faire un effort. C'était déjà il y a quelques années.
- Hors de question, un traître reste un traître. Et je n'ai aucune envie que mes élèves, surtout les plus jeunes se retrouvent assis à côté d'un connard comme toi!Erinn était sous le choc. Qu'est ce que Lucas avait-il bien pu faire? Et pourquoi M. Dumas lui en voulait-il autant ? Surtout au point de l'insulter.
- Ca te fait pas bizarre de voir M. Dumas énervé ? Il est toujours calme d'habitude, reprit Léa.
- Si, un peu quand même...
- J'aime pas le voir comme ça. Ca lui enlève tout son charme.
- Tu m'étonnes... sourit Erinn.Lucas lança un regard noir à M. Dumas avant de disparaître par la porte.
Erinn, prise d'un sentiment d'incompréhension, se rua vers la porte pour le suivre tandis que Léa lui criait que c'était une mauvaise idée. Elle dévala les marches une à une et enclencha la poignée de la porte jusqu'à ce qu'elle se retrouve dehors.
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À fleur de peau
RomanceErinn a 20 ans et mène une vie paisible jusqu'à ce qu'elle apprenne la mort de son père. C'est sans compter non plus le beau Lucas qui vient tout chambouler. Entre des cours d'arts étranges et ses journées avec Léa, plus rien n'est simple désormais.