Erinn était déjà repartie. Elle en avait assez entendu comme ça. Elle courut jusque dans sa chambre, choquée et complètement déboussolée. Elle avait l'impression d'avoir été trahie. Elle essuya ses larmes d'un revers de main et entra dans sa chambre en sanglotant.
Nathalie resta là, assise sur le canapé sans savoir quoi dire. Elle aurait dû lui courir après afin de lui expliquer pourquoi elle ne l'avait pas prévenue mais la présence des deux policiers l'en empêchait.
Le policier reprit d'un air assuré. La scène précédente n'avait pas l'air de l'avoir dérangé.
- Quand avez-vous vu David pour la dernière fois ?
- C'était il y a des années. Je ne sais même plus. On ne s'est plus croisé depuis au moins une dizaine d'années je dirais.
- En êtes-vous sûre ?
- Oui j'en suis sure oui ! Que voulez-vous dire par là ? S'énerva Nathalie. Vous me croyez coupable c'est ça ?
- Non ce n'est pas cela, répondit le blond. Nous essayons juste de reconstituer le passé proche de M. Mercier. Connaîtriez-vous ses fréquentations, ses habitudes de ces derniers temps ?
- Non, absolument pas. Je connais déjà à peine la personne avec qui il a refait sa vie alors...
- D'accord. Nous allons aussi chercher de ce côté-ci. Je vous remercie.
- Écoutez, nous allons vous laisser dîner tranquillement avec votre fille, mais si jamais un souvenir vous revient n'hésitez pas à nous appeler, conclua le capitaine en se levant. Il glissa une carte de visite dans la main gauche de Nathalie puis lui tendit sa main droite. Elle la serra et les raccompagna jusqu'à la porte d'entrée afin qu'ils prennent congé.La porte fermée, Nathalie glissa la carte de visite dans sa poche et monta les marches deux par deux jusqu'à la chambre d'Erinn.
Elle frappa.
- Ma chérie, je peux entrer ?
- Je ne veux plus te voir, va-t-en !
- Laisse-moi au moins t'expliquer !
- Non je ne veux pas t'entendre non plus.Nathalie essaya d'ouvrir la porte. Erinn l'avait fermée à clefs.
Nathalie s'assit par terre, dos à la porte, prit une respiration et lâcha :- Écoute, Pierre m'a appelée l'autre soir et il m'en a parlé. Je ne voulais pas te le dire car ça n'était pas encore sûr du tout. Je ne voulais pas t'inquiéter. Tu sais, au fond de moi j'espérais qu'il se trompe...
Erinn avait enlevé son casque de ses oreilles et écoutait sa mère. Elle finit par ouvrir la porte.
- C'est vrai ? Je croyais que tu détestais papa.
- Je ne l'appréciais plus c'est vrai mais je ne suis pas un monstre. Il ne méritait pas de se faire tuer non plus. Tu ne crois pas ?
- Ben si.Un silence s'imposa. Erinn le rompit.
- Pourquoi c'est à nous que ça arrive maman ? On ne méritait pas de vivre notre petite vie en paix ?
Nathalie se leva prit sa fille dans les bras.
- Je ne sais pas ma chérie, je ne sais pas... Je suis désolée de te l'avoir caché.
- Tant pis, n'en parlons plus. Mais plus de secrets maintenant d'accord ?
- Promis.***
Le lendemain, Léa n'était pas au rendez-vous habituel. Erinn prit son téléphone et l'appela précipitamment. Elle avait peur qu'il lui soit également arrivé quelque chose. Quatre sonneries interminables retentissèrent puis Léa décrocha enfin.
- Allo ?
- Ouais Léa t'es où ? On a cours dans dix minutes !
- Désolée la voiture de maman a eu du mal à démarrer ce matin, je suis sur la route, j'arrive !
- Ah ouf, j'ai eu peur !
- Pourquoi ? Qu'est ce qu'il y a ?
- Je t'expliquerai tout à l'heure.
- D'accord. À tout de suite.
- À tout de suite.Quelques minutes plus tard, Léa arriva.
- Bein alors qu'est ce qui se passe ? Depuis quand tu t'inquiètes quand je suis en retard ? La voiture de maman ne démarre pas un jour sur trois. Tu devrais avoir l'habitude maintenant. D'ailleurs on l'emmène au garage ce soir, ça ne devrait plus arriver.
- Ah c'est cool, enfin !
- Donc ?Erinn lui raconta tout. La police hier soir, la raison pour laquelle ils étaient venus, le mensonge de sa mère, etc.
Léa écoutait, silencieuse mais un peu sous le choc.- C'est pour ça, reprit Erinn, j'avais peur qu'ils soient venus chez toi pour te questionner ou un truc dans le genre.
- Non non t'inquiète pas. Personne n'est venu chez moi.
- Ouf. Tu penses que papa avaient des ennemis au point qu'on le tue ?
- Je sais pas trop. Tu sais je l'ai vu que trois-quatre fois ton papa. Je ne le connais pas si bien que ça.
- Oui c'est vrai, pardon je suis encore sous le choc.
- C'est normal t'inquiète pas. Allez, n'y pense plus, rien n'est encore sûr pour l'instant et sinon tu vas te pourrir ta journée.
- Ouais t'as raison.Ce matin-là, le soleil brillait et il donnait espoir à Erinn que tout ça ne soit qu'un malentendu...
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À fleur de peau
RomansaErinn a 20 ans et mène une vie paisible jusqu'à ce qu'elle apprenne la mort de son père. C'est sans compter non plus le beau Lucas qui vient tout chambouler. Entre des cours d'arts étranges et ses journées avec Léa, plus rien n'est simple désormais.