Just Friend(s)

Just Friend(s) / Chapitre 2

J'ouvre les yeux calmement. J'ai froid. Je meurs de froid même, je dirais. Mon tête me fait vraiment très mal. Je suis couché dans un lit, en caleçon. Je mets un moment pour me rappeler à quoi ressemble l'infirmerie du lycée.

J'essaie de me rappeler ce qui s'est passé, mais j'ai beaucoup de peine. Pas comme des trous de mémoires, juste comme...Une gueule de bois, on va dire.

- Tu es enfin debout.

Je sursaute. Le garçon qui sort avec l'ex de Tao est assis sur une petite commode, juste à côté de mon lit. Il a aussi l'air blessé ; griffé sur une des joues et un gros bleu sur le front. Je me relève du matelas et mon mal de tête s'impose encore.

- Ça va, je veux dire, pas trop...Mal ?

Je le regarde plus en détails cette fois, sans répondre à sa question ; Il a les cheveux teints en rouge foncé et des yeux très sombres. Un style assez rebelle ; Il porte bien la chemise de l'uniforme du lycée, mais avec des pantalons troués et des grosses baskets qui ne doivent pas être très réglementaire.

Il est beau, surtout comme ça dans son style Bad Boy. Il tente à nouveau d'engager la discussion en soupirant :

- Il a une bonne droite, ton pote là.

En une fraction de seconde, je comprends ce qu'il s'est passé. J'ai devant moi l'homme qui m'a frappé derrière la tête d'un énorme coup de poing. J'ai toujours été doué pour donner les coups, mais pour ce qui est de les recevoir...

Je suis tombé dans les pommes, Tao m'a défendu en se battant avec lui. Effectivement, je connais bien la manière de se battre de mon meilleur ami ; coup de pieds dans le ventre et deux poings dans la tronche, toujours. Un reflex me vient alors :

- Il est où, Tao ?

Le garçon réfléchit un moment avant de soupirer lourdement :

- Il est retourné en classe après qu'on soit passé chez le directeur. Il était quand même pas mal amoché, mais pas souffrant.

Un silence, pesant. J'ose enfin demander, un peu plus rassuré :

- C'est toi qui m'as frappé ?

Je l'entendrais presque réfléchir, tellement il a l'air pensif et je vois ses mains légèrement trembler :

- Ouais. C'était pas mon but. Je me suis fait virer de l'école. Ça fait chier.

Je baisse la tête un moment. En fait, c'est juste une grosse brute maladroite qui m'a fracassé le crâne et qui regrette car il a fermé sa porte aux études.

- Et là, tu dois t'excuser si tu veux une chance de revenir dans ce lycée ?

- Non. Je suis viré définitivement là. C'est pas la première fois que je fais un truc comme ça. Si je m'excuse à toi, c'est...Comme ça. Je trouve que j'ai été trop loin quoi.

Son ton ne baisse pas, son regard ne change pas et pourtant, je ressens le regret qu'il porte. Mon crâne me brûle tellement il me fait mal. Il me demande plutôt calmement en se levant :

- C'est quoi, ton nom ?

- Shinn Kura

- Accepte mes excuses, Kura-san.

Je l'observe de haut en bas, étonné. Il est poli avec moi, il demande que je l'excuse, j'ai alors toutes mes raisons de le faire. Mais avant, pour lui montrer que je le respecte, je lui demande :

- Et toi, quel est ton nom ?

- Nashan.

Je me sens gêné ; je voulais lui montrer que je le respectais en l'appelant aussi par son nom de famille mais...Je complète, un peu déçu d'avoir à lui posé cette question (ça fait moins d'effet) :

- Et ton nom de famille ?

- C'est pas important.

Silence lourd, à nouveau. A croire qu'avec lui, garder une discussion stable est strictement impossible. Je lâche alors un :

- j'accepte tes excuses, Nashan-san.

Nous nous fixons l'un et l'autre, avant qu'il décroche son regard pour sortir son téléphone. Je me rends compte que j'aimerais qu'il parte. Qu'il arrête de s'appuyer sur cette armoire et qu'il sorte. J'ai beau avoir accepté ses excuses, je ne l'aime pas. Non, même, je le hais. Un imbécile parmi tant d'autre. Un pauvre cas-social.

On toque à la porte et une tête blonde que je connais bien entre dans la pièce. Il a un poignet entouré de bandage et quelques bleus aux visages ; j'en veux à Nashan. Je dirais même que si je n'avais pas mal à la tête, je me lèverais pour reprendre le combat. On ne touche pas à mon petit blond.

Il m'appartient et son odeur me rassure. Elle fait plus que ça. Quand je vois son air vexé, au fait que mon agresseur soit dans la même pièce que moi, je sens son aura protectrice.

- Tu fous quoi ici ? Casse-toi.

Grogne Tao, le plus fort qu'il peut. Le faux rouquin leva la tête de son téléphone pour dévisager mon ange d'un air vraiment méchant. Là, je ne suis vraiment plus d'accord. Je déclare le plus doucement que je peux :

- Tu t'es excusé Nashan. Maintenant, laisse-moi seul avec mon meilleur ami, c'est tout ce que je te demande.

Il nous regarde, l'un après l'autre avant de soupirer et de sortir en claquant la porte, en ne disant pas au revoir. Le sourire de Tao réapparait :

- ça me fait plaisir de te voir déjà plus en forme.

Et moi, ça me fait plaisir qu'il me dise ça. J'aime quand il s'inquiète pour moi.

- Ce salaud m'a aussi bien amoché. Il est doué, peut-être même autant que toi, pour les bagarres.

Je souris ; il me complimente. Ça y est, je tombe sous le charme, encore et encore. Même plus que ça ; son odeur sucrée me donne des idées mal tournée. J'ai envie de me lever, de le plaquer délicatement contre le mur et de l'embrasser. Glisser mes doigts dans sa nuque, jusqu'à ce qu'il frisonne.

Défaire sa chemise trop bien boutonnée à mon goût et enfin pouvoir caresser son corps de rêve. Ma conscience se réveille < Hey, t'emballe pas trop mec, tu oublies qu'il t'a déjà jeté >. Une voix venant du bas de mon ventre lui répond en toute politesse : < Ta Gueule, il te fait pas envies comme ça ? >

Je bande. Je froisse la couverture sous ma taille pour que ça ne se voie pas. J'ai envie de lui, là, tout de suite. Après avoir pianoté un peu sur son téléphone il lève la tête :

- Ah, et puis pour le cinéma, je ne vais pas te forcer à y aller ; j'ai bien compris que tu n'avais pas très envie.

Tellement craquant. Ma phobie a littéralement disparue. Allez, je me grille :

- Bah en fait, au début oui, mais là j'ai bien envie d'y aller avec toi.

Il rigole et moi aussi. Je me sens tellement bien. Mon mal de tête a disparu ; il ne reste que mon sexe qui brûle d'impatience dans mon caleçon, qui me fait un peu mal. J'aurais tellement envie de tendre la main pour caresser les lèvres de Tao.

Il faut que je prenne mon courage à deux mains, que cette fois je ne pleure pas, que je fonce, que j'aie confiance en moi et que je lui dise l'effet qu'il me fait. A deux doigts de tomber dans les pommes tellement j'ai chaud, je commence :

- Tao, je sais qu'on en a déjà parlé mais...J'ai besoin d'en parler encore.

Il ne s'étonne même pas et sourit discrètement avant de lancer :

- Tu peux tout me dire.

Maintenant qu'il est toute écoute et bin...Plus rien ne me vient. Je ne sais pas par où commencer. Je sais que sur le moment, j'ai très envie de découvrir son corps et très envie de son sexe, alors aucun mot censé ne me vient à l'esprit.

Un silence pesant s'installe. Vite coupé par une sonnerie de téléphone il souffle un petit « désolé » avant de sortit précipitamment de l'infirmerie du lycée. Bref, où comment rater une occasion en or de se déclarer...

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