La promesse

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_Promettez-moi une chose.

_Laquelle?

_Une fois que vous vous serez installé dans des lieux sûrs et que tout ceci sera calmé, promettez-moi que vous feriez lire vos manuscrits.

_Je ne puis vous faire une telle promesse.

_Je vous le demande du fond du coeur. Je suis certaine que vous feriez un excellent écrivain.

_Mais vous ne m'avez jamais lu..

_Nul besoin de vous lire pour savoir que vous l'êtes. Le peu de temps que j'ai eu à vous écouter parler me donne la certitude que vos écrits sont parfaits.

_Vous me flattez!

_Loin de moi cette pensée. Je vous le dis sincèrement. Alors promettez-moi de le faire. S'il vous plaît!

_J'y penserai.

_Vous avez le temps jusqu'au prochain arrêt car je ne me rends pas jusqu'à Paris malheureusement.

_Mais tout à l'heure...

_J'ai dit que je montais vers Paris mais pas que je descendrais à Paris.

_Serait-ce là que se séparent nos chemins?

_J'ai bien peur que oui, hélas!

_Et pourtant je ne connais toujours pas votre nom.

_Il n'a aucune importance.

La diligence marque un arrêt. Certains passagers descendent.

_Vous m'avez toujours pas répondu.

_Je vous en fait la promesse.

_Allez donc voir Monsieur Roberto Mollet. Et surtout veillez à mentionner que vous venez de ma part, il saura bien vous traiter.

_D'accord je n'y manquerai point.

_Il tient une auberge dans les lieux où vous vous rendez. Je ne saurai vous dire où exactement...cependant vous saurez le reconnaître car il porte comme symbole sur le corps un corbeau dans le bas du dos.

_Vous voulez que je me mette à baisser la culotte de tous les habitants de Paris?

_Peut-être n'auriez-vous pas besoin d'en arriver jusque là.

Elle lui sourit une dernière fois. Elle lui fit la bise.

_Je suis persuadée qu'un de ces jours vos écrits feront le tour du monde. Et je serai la première de vos lectrices. Prenez soin de vous jusqu'à notre prochaine rencontre, cher Eugène.

_Je tâcherai de faire de mon mieux.

Et pendant que la diligence reprenait sa route, il remarqua un bout de papier. Il devait provenir du roman de la jeune femme. Cela ressemblait aux marque-pages qu'elle avait en sa possession. Il le ramassa et le temps de réaliser et réagir, la diligence avait déjà pris la route et la jeune femme était loin. Il rejoignit sa place, l'air pensif, les marque-pages sentaient le lilas, ils étaient doux comme un nuage. Il sourit niaisement.

AdalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant