Adaline

La femme

_Voulez-vous des gâteaux?

_Non, merci.

_Mais vous n'avez rien mis sous la dent depuis que vous êtes là.

_Là n'est pas le problème. Je mangerai une fois que je serai arrivée.

_Alors dites-moi où allez-vous? Vous savez presque tout sur moi.

_Effectivement vous n'avez pas tort cependant de moi, je ne puis vous parler.

_Pour quelles raisons donc?

_Vous voyez cette dame assise toute juste à deux sièges derrière nous?

_Oui! Elle n'arrête pas de vous fixer. Qui es ce?

_C'est ma gouvernante. Et effectivement elle ne me quitte pas des yeux car elle prête attention à tous mes faits et gestes, et un seul qui lui paraît suspect aura de grandes répercussions.

_Dans quel genre?

_Dans le genre où vous n'imaginiez même pas. Sachez que j'aime la lecture, les voyages, les chevaux, les montagnes et le thé. Je peux me battre pour dix et pleurer un peu.

Elle lui adressa un sourire bienveillant qu'Eugène arrivait à voir derrière son voile. Cette femme dégageait de la solitude, de la tristesse. Son visage bien que caché par ce voile était neutre. On pouvait quand même y lire de la lassitude dans son regard. Il était inexpressif, aucune trace de vie.

_Sauf votre respect vous me paraissez mélancolique, excusez mon indiscrétion.

Elle sourit.

_Je sais. Le temps a eu raison de moi.