Jeu de poésie

103 11 2
                                    

Le scolaire, je crache ma rage en plein dedans... Exception faite au français ! Ainsi, j'ai pu récupérer un petit jeu de poésie qui traînait dans mon lycée. Pourquoi pas expérimenter, après tout ? J'ai eu l'envie de tenter le coup.
Le jeu, basé sur le fameux poème vu et revu "Heureux qui, comme Ulysse, à fait un beau voyage" de l'ami Joachim Du Bellay, consistait à réinventer la signification du poème en renversant son sens : "Malheureux qui, comme..." c'était à moi de jouer.
Après avoir merdouillé les premiers vers, voici où cela m'a mené !

Version originale du poème

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis s'est retourné, plein d'usages et raisons,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup d'avantages ?

Plus me plaît le séjour qu'on bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
En plus de l'air marin la doulceur angevine.

Joachim Du Bellay.

***


Version Remixée à mon 21ème siècle

Malheureux qui, comme toi ou moi, avons marché là,
Ou celui là qui s'épuise à courir loin là-bas,
Et puis tous ouais, tous ceux qui planchent et qui payent ici bas !

Quand on a commencé à trimmer, hélas, quand on s'est mis à suer,
La joie, la peine et l'amour qu'on nous a arrachés,
Volonté de nous briser, saleté, tous forcés de continuer,
Qui d'entre nous vont tenir, et qui d'entre nous vont tomber ?

Et je voudrais le crier, cracher, frapper sur toutes ces vipères,
Et je voudrais pleurer, pouvoir me permettre de tomber à terre,
Et je voudrais qu'il sachent qu'ils ne m'auront jamais, pas moi,

Pour un putain de bac S, aucune facilité,
Pour mes volontés, les vipères ne pourront que siffler,
Pour que je sorte de se mouroir libre de mes choix !

Thibault Desbordes.

LHDVOù les histoires vivent. Découvrez maintenant