♥ Chapitre 1 ♥

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Mes mains sont moites. Affreusement moites ! Au point que lorsque mon téléphone se met à sonner, il me glisse presque des mains. Mon cœur semble avoir oublié comment faire pour battre à un rythme régulier. À chaque inspiration que je prends, la boule d'angoisse logée au creux de mon abdomen double de volume et compresse mes autres organes les uns contre les autres.

J'avale de grandes bouffées d'air dans l'espoir de me calmer et de reprendre le contrôle de mes émotions avant de décrocher. Ça ne sert à rien d'inquiéter ma famille avec des doutes qui ont pris le contrôle de mon esprit, surtout maintenant qu'ils ne peuvent plus rien y faire. Au fond, j'espère aussi que ces questions qui me tracassent ne résultent que de l'appréhension d'une nouvelle situation et non du fait que je sois potentiellement en train de faire une grosse connerie.

— Alors, tu es bien arrivée ?

La voix enjouée, trop enjouée pour être vraie, qui me parvient aux oreilles me conforte dans l'idée de ne pas divulguer mes craintes et de les garder bien enfouies au fond de moi.

Avant de lui répondre, je me concentre pour que ma voix ne tremble pas.

— Non, maman. Je suis encore dans le taxi.

— Ah tant mieux ! Tu vas pouvoir en profiter pour vérifier que tu as bien pris le papier de réservation pour l'hôtel. Je n'ai pas envie que tu te retrouves prise au dépourvu une fois sur place.

— Je n'ai pas besoin de vérifier, je sais qu'il est dans mon sac. Je te rappelle que tu m'as déjà fait tout vérifier quand on attendait à l'aéroport.

Je ris dans le téléphone en repensant à l'inspection générale qu'elle m'a fait subir. Inspection que je suis bien contente d'avoir eue, car sans cette distraction, je ne sais pas si j'aurais eu le cran de monter dans l'avion. En fait, c'est même sûr que je me serais dégonflée si j'avais passé l'heure d'attente à réfléchir à ma décision.

— Regarde encore une fois s'il te plaît, on n'est jamais trop prudent, insiste-t-elle.

J'ouvre mon sac et me retrouve soulagée, sans trop savoir pourquoi. Je savais bien que j'avais ce formulaire de réservation avec moi ! J'éloigne le téléphone de mon oreille, le temps de prendre une photo en preuve et de lui envoyer sur son téléphone.

— Ce n'était pas la peine d'envoyer une photo, je t'aurais cru sur parole ! dit-elle, faussement indignée. Est-ce que tu as pu dormir un peu dans l'avion ? Tu as mangé ? Et surtout, je t'en conjure, n'oublie pas de changer les draps quand tu seras à l'hôtel ! Je t'en ai mis dans ta valise noire.

Prise dans son monologue, elle ne me laisse pas le temps de lui répondre entre chaque question.

Je dois mon premier rire authentique et de bon cœur, depuis que j'ai traversé la manche, à mon père lorsque je l'entends chanter en fond avec une voix grave et complètement délurée :

— Jamais tu ne nous échapperas, ah ah ! Et surtout n'oublie pas de changer tes draaaaaaps !

— Mais vas-y, ne te gêne surtout pas ! Moque-toi autant que tu veux ! s'offusque ma mère. Je m'assure simplement que tout est en ordre pour ma fille et j'en ai tous les droits ! Tu m'entends Chloé, je me fiche que tu aies vingt-cinq ans ou cinquante, je serai toujours là pour m'assurer que tout va bien pour toi !

Malgré le fait qu'elle veuille paraître sérieuse et menaçante, le petit rire qu'elle laisse échapper à la fin de sa tirade me laisse penser que les pitreries de mon père ont une fois de plus fonctionné. Peu importe la situation, il réussit toujours à détendre l'atmosphère. C'est une des qualités que je préfère chez lui.

Like a shooting starOù les histoires vivent. Découvrez maintenant