Le code de la porte d'entrée bien en sécurité dans la poche de mon jean, je descends et profite d'être dans le hall d'entrée pour prendre avec moi un des dépliants dont la réceptionniste m'a parlé un peu plus tôt.
Une fois dans la rue, je ne regrette pas d'avoir pris une de mes vestes les plus chaudes. Nous sommes peut-être en début septembre, mais les prémices de l'automne se font déjà bien ressentir.
La rue est nettement moins bondée que lorsque le taxi m'a déposée et l'angoisse qui me prenait à ce moment-là est elle aussi moins présente. Je n'irai pas jusqu'à dire que je me sens sereine mais je n'en suis pas loin. Le calme de la nuit y est probablement pour beaucoup. Le temps est comme ralenti quand la lune est de sortie. En journée les gens s'affairent telles de petites fourmis pressées et stressées, sans prendre conscience de ce qui les entoure.
J'arpente les rues de Bedminster, prenant le temps de me familiariser avec les lieux et d'essayer de mémoriser quelques façades de magasins en repérage, au cas où je ne retrouverais pas le chemin du retour.
Je ne suis qu'à quelques mètres de l'hôtel quand une bonne odeur de friture et de viande me parvient aux narines. Je rêve d'une bonne barquette de frites bien croustillantes. N'ayant rien mangé depuis la veille, en grande partie à cause du stress, je salive rien qu'en y pensant. Je continue ma route jusqu'à la petite sandwicherie d'où se dégage cette merveilleuse odeur.
Les tables intérieures et extérieures étant toutes prises et n'ayant pas envie de retourner aussi vite dans ma chambre d'hôtel, je récupère ma commande et décide de trouver un petit endroit tranquille où je pourrai manger.
Il n'aura pas fallu que je marche longtemps avant d'apercevoir un écriteau qui me mène tout droit dans un parc, qui m'a l'air assez propre et bien entretenu.
Je passe le grand portail en fer forgé et remarque qu'un lac sépare le parc en deux parties. Au loin, je repère des tables près d'une aire de jeux, j'emprunte alors un petit pont en bois pour rejoindre l'autre côté de la berge.
Je m'installe sur une table de pique-nique et retire mon sandwich de son emballage en aluminium. Tentée par l'odeur alléchante, je m'empresse d'en prendre une grosse bouchée.
J'attaque ensuite les frites tout en observant le dépliant des infos pratiques. Je prends mon stylo, qui se cache au fin fond de mon sac, et entoure tous les restaurants et cafés du coin afin de postuler dans le plus d'endroits possibles et ainsi augmenter mes chances de trouver un boulot.
En dehors de mon poste de caissière au petit supermarché de ma ville et des heures à aider ma mère dans sa boutique de fleurs, je n'ai pas énormément d'expérience en ce qui concerne le monde du travail. Et pour ne rien arranger, je n'ai pas travaillé depuis trois ans. C'est pour cette raison que je n'ai pas pris la peine d'emporter un CV avec moi. Je ne tiens pas à ce que l'on me demande pourquoi il y a un si gros trou dedans et encore moins qu'on me demande la raison qui se cache derrière !
Ces dernières années n'ont pas été les plus faciles pour moi. Je me suis beaucoup renfermée sur moi-même et isolée du monde extérieur. Je ne sortais quasiment plus et restais bien en sécurité dans le cocon qu'est la maison familiale. Je pense que c'est pour cette raison que mes parents ont aussi bien accepté mon exil, ils ne pouvaient rien faire pour m'aider à la maison et ma détresse leur faisait énormément de peine. Même s'ils ne m'en ont jamais vraiment fait part, je le voyais bien.
Je chasse les mauvais souvenirs qui essayent de refaire surface. Il est hors de question que je laisse des événements qui appartiennent désormais au passé, me pourrir ma nouvelle chance !
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Like a shooting star
RomansaPour Chloé Milleur, 25 ans, le temps de partir à la reconquête de sa vie est arrivé. Armée d'une volonté de fer et d'un courage à toute épreuve, la voilà munie d'un aller simple, direction l'Angleterre ! Seule dans une ville qu'elle ne connaît pas...