Like a shooting star

♥ Chapitre 4 ♥

— Pourquoi faut-il toujours que tu agisses comme si on ne s'était pas vu depuis dix ans ! bougonne l'inconnu du parc.

Ma collègue lui pince les joues comme on le ferait à un enfant.

— Parce que ce n'est pas souvent que tu viens me voir au café, alors je suis contente que tu sois là. Et puis, une fois dans ta vie, tu pourrais au moins faire semblant d'être content de me voir en retour.

Visiblement irrité, il agrippe les poignets de Charlie, pour l'empêcher de continuer sa torture.

— Charlie, il y a à peine une heure que l'on s'est vu à la maison. Alors oui, je suis content de te voir mais on ne parle pas des retrouvailles du siècle non plus.

À la maison ?

Il ne m'en aura pas fallu entendre plus pour que je sorte de ma stupeur.

— Tu n'en as pas marre de faire ton rabat-joie ?

Ils vivent ensemble ?

— Excuse-moi de ne pas vivre sur le même nuage tout doux et tout rose que toi !

— Ça ne te ferait pas de mal de venir m'y rendre visite. Allez, fais-moi un petit sourire. Je sais que tu peux le faire, s'esclaffe Charlie, en sautillant autour de lui.

— Tu en fais suffisamment pour nous deux. Voir pour la moitié de cette ville.

En guise de réponse, Charlie lève sa main droite vers le visage de l'inconnu et lui fait un doigt d'honneur. L'inconnu réplique en lui en faisant deux. Un de chaque main.

— Chloé, viens par là s'il te plaît.

J'aurais aimé que leur joute verbale ne s'arrête pas, comme ça, je n'aurais pas eu à les rejoindre. Maintenant que je suis sollicitée par Charlie, je n'ai pas d'autre choix que d'y aller.

Je prends le café avec moi et le pose sur la table de l'inconnu. Le bruit de la petite cuillère qui s'entrechoque contre les parois de la tasse, dû à un léger tremblement de nervosité de ma part, attire son attention sur moi.

— Chloé, je te présente Donovan Kane. Donovan, je te présente ma nouvelle collègue, Chloé...

— Milleur, l'informé-je de mon nom de famille. Enchantée.

Donovan Kane. Évidemment, même son nom de famille est intimidant !

Au lieu de me rendre la pareille, ne serait-ce que par courtoisie, il m'analyse, les yeux plissés comme s'il cherchait à lire une émotion ou je ne sais quoi sur mon visage. Son regard inquisiteur me donne envie de retourner derrière le comptoir et de me faire aussi petite qu'une souris jusqu'à ce qu'il s'en aille.

Charlie lui balance un coup de coude dans le ventre pour le réprimander de son manque de savoir vivre.

Il finit par me saluer d'un signe presque imperceptible de la tête et sans grande ferveur.

— Chloé, je te prie d'excuser mon frère. On pourrait croire qu'en vingt-sept ans d'existence, il aurait eu le temps d'acquérir les bases du savoir-vivre !

Ils sont frère et sœur. Je sens la tension qui s'était logée dans mes épaules retomber en prenant en compte cette révélation. Leurs manières de se quereller auraient dû me mettre la puce à l'oreille bien avant.

— Mais bon, j'assume l'entière responsabilité de son mauvais comportement. Normalement, il reste enfermé dans la cave, mais il a dû trouver la clé et s'en échapper !