Péché capital - 1/7
La fumée que j'expirais se dissipa dans l'air froid, prenant de la hauteur. J'élevais mes yeux pour la voir s'évaporer, mon regard finissant par effleurer un bout du ciel étoilé, illuminé par les rayons de l'astre lunaire. Je me sentais mal et cherchais en vain à me détendre. Que m'était-il passé par la tête ? J'avais joué avec le feu et voilà que mon ventre brûlait de culpabilité et de mal être. Je risquai de perdre gros. Beaucoup trop gros. Mais cette histoire étriquée m'était trop lourde à être revisionnée dans ma tête. De toute manière, y repenser ne me servait qu'à me trouver des excuses. Comme pour me protéger de ma propre erreur.Pour l'instant, rien n'était fait. Mon amour était toujours mon amour et mon amie était toujours mon amie. Pour combien de temps ?Quand le mécanisme allait-il se déclencher pour me faucher ces deux personnes qui me sont si chers ? Dans quel ordre ?
Je me sentais si bête... le mot était faible. Tout ça pour cet homme si plaisant à l'œil. Rien ne s'était passé. Nous nous étions embrassés, nous nous étions enflammés... mai nous avions su nous arrêter avant qu'une bêtise plus grande ne se produise. Tout n'était que physique. Mon cœur était déjà pris, le sien aussi et cela nous allait très bien. Mais monsieur n'avait pas été des plus prudent et son amour su s'en rendre compte. Elle n'était pas au courant de ce qu'il s'était passé. Seulement que nous nous parlions. Mais comme cette femme était aussi mon amie, ma meilleure amie, les questions fusèrent. Elle ne me suspectait pas, mais lui,oui. Qu'aurais-je du faire ? Lui dire la vérité et risquer de la perdre ? Au moins dans mon élan de trahison, j'aurais su rester sincère. Mais non, je lui avais assurée que rien ne s'était passé. Tout ça avant de déclarer à cet homme que je ne voulais plus que cela se reproduise.
A savoir s'il allait tenir sa langue, supprimer les traces.
Mais même si tout ce passait bien et que mon amie oubliait cette histoire... cette boule dans mon ventre resterait présente. Face à toi. Mon amour. Tous mes sentiments te rejoignent, de même que mes désirs. Alors, pourquoi Diable avais-je été réceptive aux avances de cet autre homme ? Toi, mon amour, qui m'est toujours resté fidèle, a toujours su me soutenir, me ravir et m'aimer aussi fort.Tu ne sais rien, et j'espère que jamais cette histoire n'arrivera à tes oreilles. Je ne pourrais que m'effondrer si tu en avais vent,devinant tes réactions. Tu en aurais tout à fait le droit.
Je repris ma cigarette en bouche et fermai les yeux en aspirant la fumée. Comment moi réagirais-je si la situation avait été inversée ? Je sentis les larmes poindre, priant pour que tout ça s'efface. Une deuxième voix cherchait à me réconforter, me soutenant que ce n'était que des baisés, rien de bien grave. Mais c'était déjà trop. J'ai aimé ça, j'ai continué ça et j'ai voulu plus. Même si j'ai su stopper tout ça, le mal avait été fait. Ils me faisaient confiance et voilà que je mettais tout parterre.
Je ne peux même pas me faire confiance.
Écrasant le mégot sur le béton encadrant la fenêtre, je le jetai ensuite dans mon cendrier. J'inspirais et expirait lentement, tentant de me tranquilliser. Mais rien n'y faisait. Je ne parvenais pas à me débarrasser de cette tension qui continuait de me tirailler. Même pleurer m'était impossible. Je n'en avais pas le droit. Les responsables n'avaient pas à pleurer. Ils se doivent d'assumer leurs actes et de les payer en silence. Aucune plainte ne sortirait de cette bouche, juste le mutisme. J'avais compris la leçon qui m'avait marquée aussi fort qu'un coup de fouet. Électrisant et amer.
Alors mes dernières pensées se dirigeaient vers cet homme qui m'avait charmé l'espace d'un temps. Grinçant qu'il avait tout intérêt lui aussi de garder le silence, à ne pas faire plus de dégât et nier tout en bloque, faire comme si de rien était. Pour que notre vice se dissipe comme la fumée expirée. Cela prendrait plus de temps à s'effacer, mais c'était faisable. Tout ce qu'il fallait faire,c'était mentir. Encore une fois. Une dernière fois. Ainsi sera conclu notre affaire de Luxure et de trahison pour de bon.
Mais ce toucher de luxure ne m'a-t-il pas retiré tout droit de me racheter ? Car même si mes intentions sont à nouveau pures,qui me dit que j'oublierais ces pensées dirigées vers cet autre homme ? Mon amour est fort pour toi, pour rien au monde je ne voudrais le gâcher. Pourtant, je sens cet autre moi tendre la main vers cette flamme, mêlant plaisir et souffrance. Plus ma chair s'en rapproche, plus la vivacité du feu la transforme en cendre.Pardonne-moi mon amour, je t'en conjure, tu n'y es pour rien dans cette envie. Tu n'y es pour rien si je joue aussi dangereusement.Est-ce qu'un jour tu me pardonneras ?
Voudras-tu à nouveau te pencher sur moi ?

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You're guilty
Historia CortaSept nouvelles relatant les péchés capitaux. Êtes-vous tout aussi coupable?