Péchés capitaux - 3/7
Quelque chose remuait en moi, accentuait mon souffle et me donnait envie de hurler. Mais j'avais beau éclaté, cela ne me soulageait pas. Cette rage était toujours là, collée à ma peau, à mes nerfs et rien ne semblait la calmer. Au contraire, elle grandissait au fur et à mesure là, me tiraillant jusqu'à m'en donner mal à la tête. D'où me venait toute cette colère ?Elle qui était soudainement apparue du jour au lendemain, sans cris égare. J'inspirais plus fort, tentant désespérément de me détendre. J'étais comme ces étoiles, gonflées, à deux doigts d'exploser pour ébranler tout leur univers. Expirant mon air,j'accélérais mon pas, fuyant chaque coin de rue. La moindre petite chose m'insupportait, attisant le feu ardent qui me rongeait depuis des jours. Chercher la cause de mon mal était ma priorité, mais c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Le travail, les amis, la famille, mon amour... tous étaient emmêlés.Avais-je encore une fois refoulé trop de choses en moi pour me sentir ainsi ? Alors pleurez devrait m'aider, non ? Sauf qu'aucune larme ne vint me libérer de mon ravage. Je serrais les dents, me retenant de crier en pleine rue. J'avais envie de tout fracasser.Vraiment tout. Dans l'espoir d'en finir apaisé et de ne plus avoir cet incendie en mon être. Mais mon monde méritait-il vraiment l'éclat de ma violence ? Était-ce vraiment lui le responsable de toute mon animosité ? Je ne faisais que me voiler la face en rejetant la faute sur mon entourage. Je le savais et pourtant... je ne voyais pas d'autre solution.
Arrêtes de réfléchir, arrêtes de ressasser tout ça.
Je bousculais un passant qui bloquait mon chemin et pressais un peu plus mon pas. Sans un regard en arrière, je me doutais bien que ce dernier était offusqué. Mais je n'en avais rien à faire, pire,j'aurais souhaité le faire encore plus fort. Pourtant, il n'était qu'un inconnu et je n'avais aucune raison de vouloir lui faire autant mal. Brusquement, j'ouvris la porte de mon immeuble et enjambai les marches quatre à quatre pour atteindre le pas de ma porte. Qu'est ce qui me prenait à agir ainsi ? Je n'avais même plus conscience de mes agissements envers les autres. Comme tout à l'heure avec le passant, comme encore plus tard avec elle... elle qui avait cherché à m'aider. Elle n'eut droit qu'à des injures, ainsi qu'une gifle.Je sentais encore sa peau sous ma main rougie par le coup.Qu'avais-je eu en tête à ce moment ? Je claquais ma porte et m'y adossa tout aussi fort, aspirant à reprendre mes esprits, en vains...
Le passé ne se change pas.
Le feu s'était attaqué à mon cœur et jamais je ne m'étais senti aussi mal. C'était moi-même la source de ma furie. Me décollant de ma porte, je me mis à faire quelques pas lent dans le centre du hall, avant de m'écrouler au sol. Recroquevillé, je me mis à frapper ma tête sur le sol. Encore. Plus fort. Des larmes brûlantes me piquèrent les yeux, s'écoulant peu à peu sur mes joues comme de la lave. Comment étais-je censé me pardonner, sans que je sache exactement ce que je me reprochais ? Devais-je trouver un réconfort pour combler cette rage ? L'alcool me semblait un bon refuge, même si au fond cette idée me répugnait. C'était toujours mieux que la drogue ou que de frapper sa petite amie... je grimaçais à l'idée de rester coincé dans mon tourment et d'à nouveau lever la main sur elle. Un goût de fer naquît dans ma bouche me faisant comprendre que je n'étais plus blessé que de l'intérieur. Mais cela ne m'arrêtai pas, continuant mes à-coup contre le sol,m'empêchant de trouver d'autres raisons de me détester. Ce n'est qu'une fois être en proie à l'évanouissement que je me stoppai,m'allongeant complètement au sol. J'étais si sonné que mes pensées n'étaient plus que de lointain chuchotement et je priais pour qu'elles le restent. Mais privé de mes pensées, je sentais encore ce tiraillement dans ma poitrine, emportant tout sur son passage. Je me sentis pris de nausées, me forçant à me redresser pour dégueuler tout mon être. Je me dégoûtais. Ce n'est qu'une fois l'estomac vide que je me forçais à me redresser. J'étais à bout de force, pourtant, j'avais encore l'énergie d'être furieux.
Mon cœur brûle.
Fixant ma main coupable, je repensais à elle. Je savais d'avance qu'elle me pardonnerait... alors même qu'elle aurait eu toutes les raisons d'être en colère. Je serrais le poing jusqu'à blanchir mes jointures. Moi, je ne pouvais pas me pardonner. Pas en me souvenant de mes envies quand j'étais encore en face d'elle. J'avais eu en vie de faire plus qu'une baffe, j'avais eu envie de la mettre à terre,de la couvrir de coup et de laisser parler ma haine. Je n'étais plus moi, mais une abomination. En aucun cas je ne méritais son pardon.Me sentant chancelant, je fermais les yeux et laisser mon poing m'achever une fois pour tout.

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You're guilty
Historia CortaSept nouvelles relatant les péchés capitaux. Êtes-vous tout aussi coupable?