Partie cinq ~ L'agent Calder

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Peu après le coup de téléphone, la sonnette retentit à la porte d'entrée. Suzy s'empressa d'aller ouvrir, mais ne reconnut pas immédiatement la personne qui se présentait devant elle. Le policier avait troqué son uniforme contre un jean et un polo noir. Face à son air méfiant, l'homme prit la parole.

–  Bonjour Suzy, je suis l'agent Calder. C'est toi que j'ai eu au téléphone tout à l'heure ?

La petite fille acquiesça avant de se dégager du passage pour le laisser entrer. Elle indiqua au policier la pièce où se trouvait sa maman et le conduisit jusqu'à elle. L'homme découvrit alors la jeune femme assise sur la cuvette, la tête enfuie dans les mains. Quand il s'approcha, Anna releva le visage, dévoilant ses yeux rougis par les larmes ainsi qu'un hématome marquant sa joue droite. L'agent s'agenouilla en face d'elle et plongea son regard dans le sien.

–  Que s'est-il passé, madame Heggins ? demanda-t-il doucement.

–  Il a bu, une fois encore, souffla Anna.

Le jeune homme la dévisagea avec compassion, lui laissant le temps de trouver les mots.

–  Je ne suis qu'une idiote ! jura-t-elle sèchement. Je n'aurais jamais dû revenir, mais il m'a promis qu'il changerait et je me suis laissé avoir comme une conne !

–  Non Anna, ne dites pas ça. Vous vouliez y croire, c'est compréhensible. Vous ne devez pas vous culpabilisez pour ça, répondit le policier d'un ton rassurant.

Cette dernière sanglota de plus belle, penchant sa tête sur l'épaule de l'agent qui la prit dans ses bras. Alors qu'ils se mirent debout, Anna grimaça en grinçant des dents. L'homme remarqua qu'elle plaçait ses mains entre ses jambes.

–  Il a abusé de vous, dit-il froidement.

Anna baissa la tête, ne voulant pas regarder le policier en face. Malgré cela, elle put sentir que son expression avait changé. Il était furieux, cela s'était entendu dans sa voix.

– Écoutez, vous et votre fille allez venir chez moi, déclara l'agent Calder.

– Non, je ne peux pas ! s'écria la jeune femme affolée. Il a dit qu'il me tuerait si je fuyais encore !

– Vous serez en sécurité, personne ne viendra vous chercher, je vous en fais la promesse ! assura-t-il calmement.

L'homme fixa Anna qui en fit autant. Cette idée de loger chez un flic ne la rassurait pas. Elle n'était pas certaine d'y être totalement en sécurité et elle refusait de mettre une nouvelle fois sa fille en danger. Si Franck arrivait à les retrouver, elle n'osait imaginer ce qu'il leur ferait.

D'un autre côté, les yeux suppliants du policier l'incitait à croire qu'elle pouvait lui faire confiance et ainsi, peut-être, l'autoriser à l'aider. Lâchant un soupir, elle acceptait finalement l'invitation du jeune homme en espérant pouvoir y trouver un peu de tranquillité.

À bord du véhicule personnel de l'agent Calder, Anna et Suzy quittèrent la demeure avec un seul désir. Ne plus jamais y revenir !

La voiture s'arrêta devant une jolie maison faites de briques de couleur beige. L'homme guida ses invitées à l'intérieur qui était tout aussi beau que l'extérieur. Son décor restant fidèle aux couleurs chaudes. Il les laissa découvrir les lieux, puis les amena à l'étage jusqu'à la chambre d'amis. Celle-ci, disposée à côté de la chambre du policier, offrait un large espace à ses locataires. Aidée de sa fille, la jeune femme défit les bagages qu'elle installa dans la grande armoire. Une fois terminé, elles retournèrent auprès de l'agent qui les attendait.

–  Tenez, c'est la carte de l'assistante sociale du service d'aide aux victimes du commissariat, dit-il en tendant l'objet à Anna. Je vous y emmènerai demain si vous voulez.

D'une main hésitante, Anna prit la carte sans répondre. Des poignes vinrent s'emparer de ses avant-bras qui la fit lever le menton.

–  Anna, faites-moi confiance, vous pouvez vous en sortir, mais pour ça, vous devez me laisser vous aider. Je veux vous aider, reprit l'agent.

À nouveau, il avait son air suppliant auquel la jeune femme ne put résister. Des yeux d'un bleu perçant qui la scrutait de cette façon ne pouvaient qu'être craquant. Elle acquiesça d'un hochement de tête, arrachant ainsi un petit sourire au policier.

Au fur et à mesure que la journée avançait, Anna apprit beaucoup de choses sur l'agent Calder. À commencer par son nom complet qui était Taylor Calder. Ensuite, elle eut connaissance de la raison pour laquelle un homme aussi séduisant que lui vivait seul. Sa compagne l'avait quittée un an auparavant car elle ne supportait pas la vie de flic du jeune homme. Elle lui reprochait de ne jamais être à la maison et d'accorder plus d'attention à son boulot qu'à elle.

Enfin, Anna apprit pourquoi il voulait tant l'aider. Non pas parce qu'il était policier et que c'était son rôle de venir en aide aux citoyens, mais bien parce qu'une récente affaire similaire s'était mal terminée. Il y a deux ans, Taylor et sa coéquipière étaient intervenus auprès d'une femme victime de violences conjugales. Comme Anna, elle refusait de quitter son mari, elle refusait toute protection. Les agents n'avaient pas insisté, pensant qu'elle finirait bien par partir un jour ou l'autre. Le contraire s'était produit. La femme n'était jamais partie et avait fini par mourir sous les coups de son bourreau.

En l'évoquant, Taylor sentit un sanglot énorme lui monter à travers la gorge. Il ne se souvenait pas avoir été aussi lamentable au cours de sa carrière. Il avait échoué dans son enquête et causé la mort d'une jeune femme. Encore aujourd'hui, le policier s'en voulait, il était persuadé que si ils avaient fait leur boulot correctement, elle serait encore vivante actuellement.

Anna le regardait se remémorer son passé sans dire un mot. Voir l'émotion traverser son visage lui faisait mal, mal car elle avait bien failli commettre la même erreur que cette pauvre femme. Si l'agent n'avait pas été aussi insistant, probablement qu'elle aussi aurait subit le même sort d'ici quelque temps. La jeune femme tentait de le lui faire comprendre, ce qui amena une lueur de joie dans ses yeux brillants.

La triste tragédie vint lui occuper les pensées avant qu'elle s'endorme. Anna se mit à songer qu'elle avait de la chance. Elle était en vie, sa petite fille était en vie grâce à Taylor. S'il avait échoué dans sa précédente affaire, cette fois-ci, il ne tenait pas à revivre ça et faisait de son mieux en offrant l'hospitalité ainsi que les démarches à suivre pour sortir de la violence.

Pour lui, pour sa bonté, Anna devait s'en sortir pour lui montrer que son échec n'a pas servit à rien. Pour le remercier de l'avoir sauvée.

Elle s'en sortira ! La jeune femme s'en faisait la promesse.

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Partie un peu plus courte avec quelques révélations sur notre cher policier :-)

Bonne lecture !

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