Guildes

Un avenir

— Octra ! Viens manger, cria ma mère.

Je soupirai de frustration. Je n'avais pas fini mes devoirs. Quelle était l'idée de me faire descendre des marches, à moitié morte, pour venir manger son repas insuffisant pour mon corps ( et qui sent les ordures ), remonter les escaliers et retourner dans ma chambre pour finir mes devoirs quand je suis fatiguée et la seule vue de mon lit me dit d'arrêter ce que je fais et sauter dans celui-ci, pour retrouver mes couvertures chaudes au contact avec ma peau ?

Je descendis les marches lentement. Je ressemblais à une zombie ... En apercevant finalement ma mère, j'ai vu que je n'aurais pas dû bouger d'un poil de ma chambre.

— Alors, comment étaient les cours de Guilde ? me demanda ma mère sur un ton excité.
— Euh ..., ai-je répondu, pas sûre de moi. Mon énergie était complètement estompée.

Je savais qu'elle allait parler de la Guilde. Ma mère fait partie de la Guilde du Ciel, comme tout le reste de notre ville. Quand j'étais petite, je croyais qu'on était la seule Guilde au monde. Au fil des ans, j'ai appris qu'il y avait quatres grandes villes, quatre grandes Guildes: la ville Terraria, Guilde de la Terre, la ville Aqual, Guilde de l'Eau, la ville Chalofeu, Guilde du Feu et la ville de Airaï, Guilde de l'Air. Notre ville est assez grande, car elle représente le ciel. Disons que notre Guilde est une « sous-Guilde » des grands Clans. Chaque membre de la Guilde possède un pendentif désignant la sorte de Guilde. Par exemple, nous sommes la ville Cielëq, Guilde du Ciel, donc notre pendentif est un nuage bleu. Puisque j'ai seulement quinze ans, je dois suivre une formation pour voir de ce que je suis capable et si je suis une Apprentie suffisante pour la Guilde. Les cours de Guildes sont chaque dimanches, durant l'après-midi. Ils durent environ deux heures. Quand j'aurai seize ans, les Autorités me jugerons possiblement correcte pour passer au niveau supérieur : Guérisseuse, Sorcière ou Guerrière. J'aurai seize ans dans deux semaines.

— Amusants ? Passionnants ? Extraordinaires ? énumérait ma mère.

Puisque je ne savais pas quoi répondre je répondis qu'ils étaient passionnants. La vérité est que je ne veux pas devenir une Guérisseuse. Je voudrais devenir Sorcière. Ma mère est une Guérisseuse et elle veut absolument que je suive ses traces, pas par pas. Mon père était Sorcier jusqu'à temps que les Autorités le mettent dehors ...

Je regardai dehors, l'air de m'ennuyer. Des gouttelettes de pluie frappaient la fenêtre, pour ensuite glisser et se frayer un chemin parmi les traces des autres avant elles. Ma mère ne bougeait pas, me fixant comme pour vérifier si je disais la vérité. Heureusement, elle ne peut pas lire mes pensées.

— Est-ce que je peux manger maintenant ? ai-je lamenté, impatiente.

Ma mère me connaissait tellement bien qu'elle me sourit pour me taquiner, en plissant les yeux. Elle connait tout sur moi : que j'aime beaucoup les chats, que j'aime apprendre, que j'aime la magie, que j'aime finir mes devoirs avant le souper, que j'aime les gaufres comme petit-déjeuner, que j'aie eu seulement un petit ami de ma vie ... Bref, elle me connait super bien et elle sait qu'il y a quelque chose qui me tracasse depuis six mois. Pas seulement que mon père a été chassé de la Guilde, mais aussi que je ne veux pas devenir Guérisseuse ...

— O.K., mais avant que je te donne l'assiette, dis-moi que je suis la meilleure maman au monde, a-t-elle imploré.
— Tu es la meilleure maman au monde, ai-je dit en soupirant et en roulant les yeux. Je souris juste après en lisant l'amusement sur son visage.

•

Mon cadran m'a réveillée.

— Merde ! Je vais être en retard pour l'école !

Comme toujours.

Je m'habille à la troisième vitesse et je mange une toast au beurre d'arachides très rapidement avant de me brosser les dents à la vitesse d'éclair. Je prends mon sac entrouvert, j'embrasse ma mère, je lui dit au revoir et je cours vers l'école. Heureusement que mon école est située à trois rues de chez moi, sinon je ne serais pas capable de m'y rendre à temps ...

— Octra ! Octra par ici !

En entendant mon prénom, je me retourne, mes cheveux châtains de taille moyenne fouettant mes épaules. Je regarde à l'horizon pour apercevoir la personne qui m'a appelé, mais je vois seulement mon école. Le soleil brillant m'aveugle. Je dois plisser les yeux pour voir. Je perçois les nuages. Ils me fascinent. Depuis que je suis toute petite, j'adore regarder le mouvement des nuages, si précis, en avançant lentement dans le ciel. J'aime les nuages parce que c'est aussi notre symbole représentant notre ville, notre Guilde. C'est alors que je remarque la personne ayant prononcé mon nom pour la troisième fois, en détachant du regard avec regrets, encore à l'horizon.

— Thalia ! m'exclamai-je.

Thalia est mon amie depuis la quatrième année. Elle a commencé ses cours d'Apprentie en même temps que moi. C'est ma meilleure amie depuis toujours. Elle vit près d'une gare de train mais elle n'en fait pas l'usage. Elle se contente de marcher à l'école, car elle adore la nature. Elle vit assez loin d'ici, mais elle fait partie de la même ville que moi. Ses parents font aussi partie de la Guilde du Ciel, comme ma mère, et autrefois mon père.

Mon amie courais jusqu'à moi et lorsqu'elle s'arrêta, elle se pencha en haletant.

— Ça va ?

Mon amie hocha de la tête et elle se redressa et me regarda dans les yeux. Son regard me faisait soudainement mal, comme si j'avais reçu un coup de poing dans le ventre.

— J'ai besoin de te parler et vite. C'est très urgent. On ne peut pas se parler en public, O.K. ?

Je bougeai la tête pour dire que je comprenais, mais lorsque la cloche sonna, elle me regarda avec de la tristesse pleins les yeux et elle partit en courant.

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