L'ombre

28 4 1
                                    

   Ma journée a été terrible. Les cours sans Thalia étaient ennuyants. En effet, lorsque ma meilleure amie est partie, elle s'est enfuie dans le sens contraire de notre école. Je me demande si ses parents sont inquiets. J'ai promis à ma professeure d'apporter ses devoirs chez elle. Honnêtement, je me demande si elle est retournée chez elle ou elle s'est enfuie loin de sa maison. Et si elle me hait ? Peut-être qu'elle a fait quelque chose de terrible, quelque chose d'inacceptable, et si elle sait qu'elle sera expulsée de la Guilde ?

   Je dois me ressaisir.

Je marchai d'un pas rapide vers la maison à mon amie. Elle vit dans une petite maison blanche, aux volets bruns clairs et aux fenêtres très carrées. Elle n'a pas de garage. Sa famille n'a pas les moyens de s'acheter une voiture. Ils sont quatre. Thalia, son frère Jyroh et ses parents, M. Oure et Mme Oure.

   J'approchai de plus en plus vers sa maison. Je prenais un sentier secret qui menait vers sa cour arrière pour ensuite contourner la maison et sonner à sa porte d'entrée. Je l'utilisais souvent la fin de semaine pour aller rejoindre mon amie dans sa cour et aller aux classes de Guilde. Personne ne connaissait l'existence de ce passage, à l'exception de nous-mêmes et de son grand frère.

J'arrivai devant sa porte. La nervosité faisait augmenter mon adrénaline et je me sentais un peu nauséeuse. Je voulais savoir ce qui tracassait Thalia. On se disait toujours tout. J'appuyai finalement sur le bouton de la sonnette. Encadrant la porte d'entrée, il y avait de la vitre. Elle était sale et mal entretenue.

Soudain, je vis une ombre du coin de l'œil qui ne provenait pas de la maison, mais à ma gauche complètement. L'ombre bougeait furtivement, rapidement. Lorsque je me tournai, elle n'était plus là. J'avais l'impression que l'ombre me regardait, avant de s'enfuir lorsqu'elle m'avait vue la remarquer. Elle s'est enfuie dans la direction du passage secret.

Alors que je songeais à l'ombre que je venais de voir, la porte s'ouvra. Je tressaillis au son du cliquetis de la porte se déverrouiller. Mme Oure m'ouvra et me sourit tristement. Elle avait les yeux injectés de sang et le teint pâle. Ses cheveux étaient mêlés et ses vêtements étaient froissés. J'aperçus ses traits, incertaine pour un instant s'il s'agissait vraiment de la mère de ma meilleure amie.

— Bonjour Mme Oure. Comment allez-vous ?

Une question stupide de ma part, en voyant son visage décomposé.

Elle hésita un instant avant de me répondre.

— Comme ci, comme ça. Et toi ?
— Bien, merci.

Elle me fit rentrer et elle referma la porte.

— Est-ce que Thalia est ici ? ai-je demandé.
— Oui, elle est dans sa chambre. Tu peux y aller.

Je la remerciai d'un sourire et montai les marches deux à deux. Le poids de mon sac contenant mes devoirs et ceux de Thalia pesait lourdement sur mes épaules. Je tournai le corridor pour marcher d'un pas sûr vers la chambre à ma meilleure amie, au fond de celui-ci. Lorsque j'arrivai, je n'ai pas pu cogner à sa porte, car elle avait déjà ouvert la porte de sa chambre. Elle s'appuyait contre le mur du corridor.

— Salut, a-t-elle dit.

Son ton de voix était superficiellement relaxe et avait un pincement de tristesse.

— Salut. Je t'ai apporté tes devoirs. En fait, je voudrais aussi savoir pourquoi tu n'étais pas à l'école aujourd'hui.

Elle fixa le sol et les traits de sa figure se crispèrent. Elle me fit entrer dans sa chambre mal éclairée. Sa fenêtre laissait entrer une mince ligne de lumière qui m'aveuglait à moitié. Je m'approchai du lit et je remarquai que son lit était défait, ses livres d'école étaient par terre et ses vêtements traînaient sur le sol. Ce n'était pas normal de sa part. Je me tournai pour lui faire face.

— Thalia ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

Ses lèvres tremblaient. Une mèche de sa queue de cheval tomba au niveau de son nez et elle la repoussa avec ses doigts pour l'accrocher derrière son oreille droite.

— As-tu remarqué ma mère ? Comment elle a l'air si triste et mélancolique ?

Je répondis que oui.

— Eh bien, c'est à cause de mon frère. Hier soir, il était si en colère qu'il a dit des mots blessants à mes parents. Il m'a regardé comme si j'étais un déchet. Il a brisé des assiettes en les fracassants contre les murs et le plancher de la cuisine. Il ... Il n'était pas normal hier. Il a ensuite dit de me faire foutre et il est parti. Parti de la maison, comme une ombre. Il a pris son manteau et est parti si vite, je n'avais pas le temps de me lever. Voilà pourquoi je n'étais pas venue à l'école aujourd'hui. J'ai fait demi-tour chez moi, car j'avais trop mal. Mon frère avait tant de méchanceté dans son regard et son aura émanait du noir. Du noir maléfique. Ses yeux étaient obscurs. Du noir intense, comme la pénombre d'une cave sans fin.

Mon amie sanglota longtemps, en se jetant sur son lit, sa tête enfouie dans son oreiller. J'étais secouée par la nouvelle. Comment le comportement de son frère aurait pu changer si facilement ? Je le voyais toujours gentil, assuré et compréhensif. Il n'a jamais élevé la voix. Il était si proche de sa sœur. Il avait seulement deux ans de plus que nous. Jyroh était un Guerrier. Le fait qu'il soit parti comme mon amie l'avait décrit, m'avait dépité. Il avait été mon premier petit ami, pour ensuite réaliser qu'il n'était pas le bon, que c'était trop bizarre d'être avec lui et être plus que son amie.

Soudain, je me souvins de cette ombre que j'avais vue. Et si c'était Jyroh ? Et si il rôdait toujours autour de la maison ? Peut-être est-il trop loin pour que je puisse le rencontrer ?

Je savais que j'avais une tâche à accomplir. Retrouver Jyroh.

🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃🍃

GuildesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant