Chapitre 2 : point de vue d'Ashley

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deux ans plus tôt :

L'excitation dont avait fait preuve Mad' au sujet du week-end que nous allions passer loin de la ville m'exaspérait. J'avais des tas de mauvaises pensées et également beaucoup de jalousie à l'égard de celle que nous disions être notre amie. Elle était d'une beauté rare et une petite lueur malicieuse s'égarait sans cesse dans son regard sombre et profond lorsqu'elle laissait transparaitre sa joie. Je détestais l'admirer, je détestais rire avec elle, je détestais aussi ce qu'elle réveillait en chacune de nous. Sa façon de faire de nous ce qu'elle voulait me rendait tellement impuissante que je n'osais plus ouvrir la bouche afin de la contester. Cependant j'étais la seule de nous toute à réussir à lui tenir tête, à la raisonner les fois où elle devenait incontrôlable. Madisson connaissait mon caractère rebelle et mes idéaux anticonformistes et en était vaguement habituée.

J'étais à l'époque de notre relation, l'archétype même de l'adolescente britannique, cherchant encore à attirer l'attention tout autour de moi. Je m'habillais de façon extravagante : un mélange du style gothique et grunge qui se mêlaient dans une parfaite combinaison. Mes cheveux étaient châtains avec des reflets roux lorsque le soleil les rencontrait et venait se poser délicatement dessus. De plus, je me maquillais toujours de la même manière. Etant indépendante de mon eye liner noir, appliqué avec soin en dessous de mon regard, j'avais la morose habitude de déstabiliser les personnes de mon entourage. A ce propos, mon look particulier ne cessait d'agacer Mad' qui me conseillait de m'habiller autrement si je voulais attirer d'avantage la gente masculine. Cela m'importait peu.

La tante de Madisson possédait une grande propriété à Preston, non loin de Blackpool et avait ainsi proposé à sa nièce de la lui prêter pour un week-end. Dire que Madisson s'était vue offrir quelque chose était en faite un mensonge puisque celle-ci ne cessait d'user de ses charmes et de ses chantages afin d'obtenir ce qu'elle désirait. La demeure était somptueuse, il fallait le reconnaître. L'allée en gravillon jusqu'à la porte était entourée de verdure, la pelouse était extrêmement bien entretenue et du lierre, indomptable, avait poussé sur la façade et donnait un charme particulier aux lieux qui se dressaient devant nous. Lorsque j'arrivai en voiture, la vue d'un tel domaine me surpris et l'idée d'y passer le week-end ne me semblait finalement plus être une si mauvaise idée. C'état cela le problème avec Mad' : lorsque nous lui en voulions, elle sortait le grand jeu afin de reconquérir nos cœurs et renouer nos amitiés, et à partir de cet instant, la haine et les ressentiments s'évaporaient comme de la fumée féérique. Cette comparaison n'était d'ailleurs pas anodine. En effet, il y avait véritablement quelque chose de féérique, d'ensorceleur dans la façon dont la jeune fille nous amadouait et nous attirait dans son jeu.

Ce jour-là, nous étions sept. Elle avait en plus de nous trois, invité trois autres garçons du lycée. Ces derniers avait, sans surprise, une profonde admiration et une attirance envers Mad' qui en était presque perverse. Ils la regardaient comme on pouvait regarder du chocolat noisette à travers la vitrine des grands chocolatiers et même si nous le gardions pour nous, cette situation nous exaspérait puisqu'elle était aussi rageante qu'embarrassante.

Lorsque je garai enfin ma voiture devant la propriété, j'aperçu un peu plus loin Autumn sortant une cigarette de sa poche et la coinçant avec empressement entre ses deux lèvres charnues. Autumn était une très jolie fille elle aussi dans son genre. Elle avait un look négligé, mais qui faisait ressortir sa féminité naturelle. Elle portait toujours des pulls de différentes couleurs avec un jean simple et une pair de baskets trouées qu'elle n'était pas impatiente de changer au profit d'une autre. Lorsqu'elle me vit descendre de la voiture, celle-ci releva sa grande crinière rousse et me fit un signe de la main.

- Tu as vu un peu l'allure de cette baraque ? Mad' ne s'est pas fichue de nous ! S'exclama-t-elle tandis que j'arrivais en sa direction.

Elle avait raison, mais ce qu'elle ne savait pas c'était que justement, toute la moquerie et la manipulation résidait là dedans. Cependant, j'admirais la façon dont Autumn se détachait de tous les superflus. Je ne savais pas vraiment si elle préférait garder ses pensées pour elle où s'il fallait mettre sa réaction sur le compte de la naïveté.

We blew out the candleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant