Elle est là, Marguerite. Seule, sur son banc. Elle écrit sur son cahier, Marguerite. Mais qu'écrit-elle ? Ses écouteurs passent du Saez dans ses oreilles percées. Son téléphone vibre: "Maman". Elle va être en retard à son premier cours. Elle aime s'asseoir ici, sur ce banc, face à la rivière, depuis qu'elle a déménagé, il y a un mois. Cet homme la voit, de sa fenêtre, face au banc, mais elle ne l'a jamais vu. Qui est cet homme ?
Elle est devant la grille de son nouveau lycée. Elle fume, Marguerite, et les gens la regarde bizarre, Marguerite. Mais Marguerite s'en fou. Elle a l'habitude que les gens jettent des regards mauvais vers elle. Elle continue de gribouiller sur son cahier, avant de le glisser dans son sac à dos. Ses longs cheveux blancs aux pointes violettes, et au derrière rasés, sont attachés en chignons sur sa tête. Peut-être est-ce à cause de ça, que les gens la regardent bizarre. Mais oui, Marguerite s'en fou. Sa cigarette finie, elle doit aller à l'accueil.
Une petite femme s'adresse à elle, derrière son bureau.
_ Vous êtes ?
_ Marguerite. Marguerite Cutoski. Je fais mon premier jour aujourd'hui.
_ Filière ?
_ L.
_ Suivez moi.
Marguerite suit la petite femme dans les couloirs du lycée. Il est huit heures trente au lycée Duras. Elle est confiante. Trop confiante. Peut-être est-ce mauvais. Elle s'en fou Marguerite. Elle fait ce que sa tête lui dit de faire, pas ce que les gens lui impose.
_ Voici votre carnet de correspondance, mademoiselle Cutoski. Il y a un plan du lycée, et votre emploi du temps est collé au dos de votre carnet, dit d'une voix apaisante la secrétaire en retournant le carnet. Vous commencez par histoire géographie. C'est ici.
_Très bien, merci.
La femme part, et Marguerite toque. Une voix lui dit d'entrer. Elle tourne alors la poignée de la porte, et entre dans la grande salle blanche, au tableau vert et aux néons qui disjonctent.
_ Tu dois être Marguerite, non ? demande la professeur
_Très juste.
_Va t'asseoir là, à coté de Simon. Je suis madame Refin
Marguerite s'exécute. Les gens la regardent comme ils regarderaient une araignée prise au piège dans un verre transparent. Marguerite sort sa trousse et son classeur avec ses feuilles. Les gens parlent, participent, la prof fait son cours, Simon la regarde, enfin, regarde ses oreilles. Quoi ? Il n'a jamais vu d'oreille de sa vie celui ci ? Il faut dire que celle de Marguerite sont ornées de manière originale. Piercings, écarteurs, tatouages. Marguerite aime ça, les tatouages, les piercings, les écarteurs. Elle écrit le cours que madame Refin dicte.
_ Tu... Tu... Tu viens d'où ? peina à articuler Simon à Marguerite
_ D'une autre planète, je crois. dit Marguerite, d'un ton froid comme la glace
_Oh... D'acc-d'acc-d'accord. Je suis Simon, le seul garçon de cette classe.
_ Ok. Je suis Marguerite, la fille que les gens regardent bizarre.
Simon ne répondit rien. Il est bête ce Simon. La sonnerie marqua la fin du cours. Marguerite jeta un coup d'œil à son emploi du temps. Français.
La journée de Marguerite passe. Les cours s'affilent.
Mais ce n'est pas le jour que Marguerite vit. Marguerite, elle vit la nuit. Elle va s'asseoir sur ce même banc, Marguerite. Face à la rivière. Elle continue d'écrire Marguerite. Ou elle dessine. Personne ne sait. La lune brille dans le ciel drapé de noir. Elle est là, Marguerite. Là, à la lueur du réverbéré qui éclaire son banc. Et cet homme l'observe toujours, de sa fenêtre. Mais elle ne l'a jamais vu, Marguerite.
Enfin, elle arrive. Un corps aux courbes de femme, dont personne ne peut détailler son visage dans la nuit, s'assied à coté de Marguerite. Mais qui est-ce ? Marguerite le sait.
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Marguerite
FantasyMarguerite n'était pas comme les autres. Marguerite était elle. Marguerite n'aimait pas les autres. Marguerite aimait leurs âmes. Marguerite vous tend la main. Suivez la.