– J'ASSUME MA GRANDE GUEULE, JE N'Y PEUX RIEN J'AI GRANDI COMME ÇA –Moi qui me réjouissais de ne pas travailler ce matin, j'ai comme l'impression qu'une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule quand le putain de nom de Donatella s'affiche sur l'écran de mon téléphone dès huit heures du matin, à croire qu'on peut jamais dormir tranquille ici.
Donnatella est ma patronne. Malheureusement oui, il faut croire. Je suis classée cinquième meilleure maquilleuse de la boîte. Pour obtenir le titre de professionnel, il faut faire partie du top trois. Sans ça je suis soumise comme tout autre salarié non-indépendant à son autorité. Et si vous avez déjà vu Le Diable s'habille en Prada, vous savez déjà à quelle genre de personne j'ai affaire depuis maintenant des années.
J'espère juste que je ne vais pas devoir remplacer X ou Y aujourd'hui, parce que c'est mon jour de congés, faut pas me prendre pour du n'importe quoi, j'annonce déjà.
"Allo ?," je dis en décrochant
"Saphir," elle commence, "c'est Donnatella," elle insiste, comme si son nom ne s'était pas affiché en caractère gras sur l'écran de mon téléphone, "j'ai eu de très mauvais retours à ton égard en ce qui concerne la journée d'hier !
Je ne cacherai pas qu'à l'entente de ses mots, mon expression faciale a subitement changé. Était-ce une caméra cachée ? Parce que jusqu'à preuve du contraire tout s'est déroulé comme prévu, mon travail à été fait de manière impeccable et j'ai suivi les directives à la lettre. Et l'entendre remettre ça en question en hurlant dans mes oreilles, c'est certainement ce qui allait faire de moi quelqu'un d'improfessionnel si elle continuait !
"Je ne comprends pas, pourtant les responsables avaient l'air satisfaits ! Il y a eu un soucis ?", je demande d'un ton calme.
"Il n'est pas question de la pub, Saphir ! Je te parle du directeur artistique qui est arrivé à la dernière minute et qui avait besoin d'une maquilleuse au plus vite, celle-ci a apparement catégoriquement refusé," elle hurle, "de s'occuper de lui ! Saphir, enfin !"
Eh merde. Le soi-disant mannequin-connard-égocentrique-magnifique-mais-impoli ? Directeur artistique ?
"Saphir ! Tu m'écoutes !?"
"Oui, et puis si tu pouvais éviter de gueuler a des heures aussi matinales, tu seras mignonne," je pense très fort.
"Oui, oui pardon," la faiblesse parle finalement pour moi. "Uhm, monsieur Santos, c'est ça ?
"Oui !," crie la Brésilienne, "le monsieur Santos qui gère plus de cent chaînes de prêt à porter à l'international, Saphir ! Qu'est ce qui t'as pris !?"
"Je... J'étais plus ou moins occupée à préparé le matériel et puis, il s'est montré assez désagréable j–"
"Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu... Au bureau Saphir. Tout de suite !," elle dit avant que le bip de fin d'appel sonne, en même temps que l'heure de ma mort, je suppose.
Allez, c'est la fin pour moi ! Non, plus sérieusement, l'insolence ça ne paye pas les amis... Cela dit, ce bouffon n'avait qu'à pas faire son chef. Bon ok, c'est le chef. Je prie simplement pour ne pas me faire virer. Mon père me tuerais...