Le Coloc [Publié avec Eden Editions]

Chapitre 4

Ruby

J'ouvris progressivement les yeux qui se retrouvèrent perforés par la lumière du soleil, même si affaiblie par le rideau. Je pris quelques minutes à m'habituer à la lumière avant de me mettre à observer les alentours. Le lit simple de l'autre côté de la pièce était vide et il n'était nulle part en vue.

Tant mieux d'ailleurs.

Entendant des voix dans le couloir et une circulation importante par la fenêtre, je vérifiai l'heure et vis qu'il était déjà midi passé. J'allais verrouiller mon téléphone lorsque je reçus un appel facetime de ma mère. Son visage apparut la seconde d'après, toute joyeuse et rayonnante.

« Bonjour mon amour ! s'écria-t-elle en s'asseyant sur le canapé du salon.

— Bonjour Maman, comment vas-tu  ?

— Je vais bien et toi alors ? Le lit est confortable ?

— Oui, j'ai hyper bien dormi.

— C'est ce que je vois, rit-elle en voyant mes cheveux ébouriffés.

— Et toi ? Comment as-tu dormi ?

— Bien ma chérie. Alors, raconte un peu, tu as rencontré des personnes ?

— Euh, juste la réceptionniste et quatre garçons. »

Dis comme ça, ça semblait assez douteux.

« Laisse-moi t'expliquer, ris-je en voyant son expression faciale. Quand je suis entrée dans le campus, il y avait la réceptionniste, pas très charmante. Ensuite, il y a eu un gars hyper arrogant, qui s'avère être mon colocataire pour le restant de l'année. Quoique... il m'a dit qu'il demanderait à changer parce que l'on ne s'entend pas du tout. Ensuite, il y a eu un ami de mon colocataire, très gentil et respectueux. Ensuite, un gars qui m'a accidentellement fait tomber en ouvrant la porte de la biblio et qui ne s'est même pas excusé. Et puis enfin, un garçon inoffensif qui m'a accostée, mais qui est parti lorsque son ami lui a dit d'arrêter.

— Tu as un garçon en tant que colocataire ! hurla-t-elle. »

À la vue de son expression, je ne savais pas si c'était un choc positif ou négatif. Nous étions en quelque sorte meilleures amies, mais elle pouvait aussi être très suspicieuse lorsqu'il s'agissait de garçons. Elle avait entièrement confiance en moi, mais pas en les garçons, ce qui pouvait être compréhensible.

« C'est génial ! Il est beau ?

— Euh... ne sus-je quoi lui dire. Oui. Beaucoup.

— Pas mal, haussa-t-elle les sourcils avant qu'on entende la porte d'entrée s'ouvrir. »

Au bout de quelques secondes apparut mon père à l'écran. Il ne s'était pas rasé le matin même, d'où l'apparition de petits cristaux sur sa mâchoire.

« Bonjour poupée !

— Bonjour papa, tu vas bien ?

— Ça va et toi ? Tu t'es bien installée ?

— Oui, lui répondis-je d'un énorme sourire. »

Je m'apprêtais à lui raconter le voyage jusqu'à Paris lorsque ma mère me devança et lui dit que je partageais la chambre avec un garçon.

« Quoi ? Un garçon ? Comment ça un garçon ? Qu'est-ce que c'est que ce campus ?

— Papa respire ! Ne t'inquiète pas, il n'est pas méchant.

— Je ne suis tout de même pas rassuré, me dit-il avant de s'adresser à ma mère. Tu sais ce qu'elle a vécu, j'ai peur qu'elle ne sente pas bien.

— Papa, je t'entends, mais ne t'inquiète pas du tout, ce n'est pas la même situation, je gère.