Il était prêt. Prêt pour affronter cette nouvelle journée. Il se sentait revigoré, plein d'énergie. Aujourd'hui, rien ne pourrait l'affecter, ni le perturber. C'était un grand leader, et aujourd'hui allait être un grand jour.
Il avait revêtu son uniforme de général, arborant de nombreuses médailles et autres récompenses, acquises de manière plus ou moins douteuses, mais ça, les gens n'étaient pas censé le savoir. Sa barbe était impeccable. Ses lunettes de soleil Aviator lui donnait, d'après ses dires, la classe. Un béret militaire trônait sur sa tignasse de cheveux noirs. Il était autrement plus impressionnant dans cette tenue. Bien qu'il ne fût pas très grand, il inspirait du respect, de la crainte. Il se sentait invincible. Il était le Presidente.
Fier, le torse bombé, il sortit de sa chambre d'un pas décidé... et se trouva nez à nez avec trois énergumènes habillés en noir de la tête aux pieds.
Il les regarda d'un air indécis. Drôles d'accoutrements, il ne se rappelait pas avoir décrété mardi gras. Les trois intéressés ne bougeaient plus, et gardaient le silence. Après quelques secondes embarrassantes, le Presidente fixa celui du milieu, et lui demanda :
— Gonzalez ? C'est toi ?
— Mmh oui chef, c'est moi, répondit-il avec l'accent le plus latino qu'il était capable de fournir.
— Non, tu n'es pas Gonzalez. Il ne s'exprime pas de cette manière, mais alors qui es-tu ?
— Je suis son frère américain, monsieur.
— Mensonges ! grogna le Presidente. Il n'a pas de frères, et encore moins un gringo ! Imposteur ! Gardes ! Gardes, occupez-vous d'eux !
Les trois agents se regardèrent, avant de se mettre en position défensive. Ils s'attendaient à voir surgir une dizaine d'hommes de main de tous les côtés.
Mais rien ne se passa.
Le silence fut des plus inconfortables.
Plus personne n'osa respirer.
Le silence continua quelques secondes de plus.
— Gardes ! Gardes ? la voix du président trahissait son inquiétude, puis son énervement. Mais bon sang, il n'y a personne dans cette fichue baraque ?
Soudain, un jeune garçon apparût au bout du couloir, en haut des marches. C'était Jaime.
— Presidente, tous les hommes ont été envoyés sur les différents lieux attaqués, vous vous souvenez ? Pourquoi, que se passe-t-il ?
C'est alors qu'il remarqua les trois intrus.
Avant qu'il ne puisse dire un mot, ces derniers en profitèrent pour jeter une grenade lacrymogène. La fumée envahit rapidement le couloir, empêchant quiconque de voir à plus de trente centimètres.
Les agents, habitués à ce genre de situation, trouvèrent facilement leur chemin pour s'enfuir. Ils bousculèrent Jaime, qui manqua de peu de chuter dans les escaliers. Puis il s'en allèrent par la même baie vitrée par laquelle ils étaient entrés. Des cris de femmes se firent entendre au rez-de-chaussée, signe que cette fois, les intrus n'avaient pas cherché la discrétion lors de leur fuite.
Une fois la fumée dissipée, Jaime rejoignit son ancien chef, qui toussait encore en chassant la fumée de ses bras.
— Presidente, vous allez bien ? Savez-vous qui étaient ces hommes ?
— Je n'en ai aucune idée. Et qu'est-ce que tu fais là toi ? Encore à me causer des problèmes ?
— Mais Presidente, je vous ai entendu crier, j'ai cru que vous aviez des problèmes. Et vous sembliez en avoir. Ces trois intrus n'avaient pas l'air d'être vos amis.
— Occupe-toi de tes affaires. Je maîtrisais parfaitement la situation, avant que tu ne viennes tout gâcher, encore une fois. Appelle Fernando, dis lui de revenir sur le champ.
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El Presidente
ActionSanta Libertad. Une petit cité-Etat indépendante d'Amérique Centrale, dirigée par El Presidente. Son objectif est bien entendu de diriger son peuple d'une main de fer, et si possible d'étendre son influence sur le monde entier. Mais malheureusement...