Le moment était venu. La réunion finale entre les dirigeants péruviens et chiliens concernant le cas Machu Picchu avait lieu aujourd'hui. D'ici quelques heures, tout serait fixé. Depuis des mois, plusieurs négociations avaient eu lieu, et toutes s'étaient mal passées, principalement à cause d'un dialogue quasi inexistant.
Dans l'un des couloirs du Parlement péruvien de Lima, deux politiciens chiliens discutaient. L'heure de la réunion approchait à grand pas.
— Dire que tout repose dans cette enveloppe, notre offre de la dernière chance. J'espère que cette fois ils se donneront la peine d'y jeter un œil, dit Ruiz en regardant l'enveloppe marron qu'il tenait entre les mains.
— Cela vaudrait mieux pour tout le monde, répondit Flores.
Il regarda sa montre, avant d'ajouter :
— Nous ferions mieux de nous rendre dans la grande salle de conférence, la situation est suffisamment tendue comme ça, un retard ne ferait que diminuer nos chances de conclure cette affaire.
Les deux hommes se mirent en chemin. Le Parlement était magnifique, finement décoré. Des tableaux ornaient les couloirs, représentant les batailles historiques et autres richesses culturelles du pays. Omnibulé par la décoration, Ruiz ne vit pas l'homme qui avançait en sa direction, et c'est tout naturellement qu'ils se bousculèrent et tombèrent à la renverse tous les deux.
— Oh vous pouvez pas faire attention ? s'empourpra Ruiz en se relevant. Vous n'avez rien ?
— Non c'est bon, maugréa l'homme en s'en allant sans demander son reste.
— Pas très aimable, fit remarquer Ruiz d'un ton dédaigneux.
— Peut-être parce que tu viens de lui rentrer dedans, plaisanta Flores. Concentre-toi un peu, je te signale que nous avons une réunion des plus importantes, il te faut toute ta tête. Allez dépoussière-toi et on y va.
Ruiz ramassa l'enveloppe, s'épousseta, réajusta son costume et son nœud de cravate.
— C'est parti pour le grand moment, entonna-t-il en avançant d'un pas décidé, son acolyte lui emboîtant le pas.
Quelques mètres derrière eux, l'homme les observa s'en aller. Lors de la chute, il avait échangé accidentellement l'enveloppe du dirigeant chilien, qui ne s'était rendu compte de rien, vu que ces enveloppes kraft marron se ressemblaient toutes, avec la sienne . Il repensa au contenu de son enveloppe à lui. Il aurait bien fait demi-tour pour lui rendre, mais après la manière avec laquelle il lui avait parlé, il hésitait. Finalement, son honnêteté et son sens du devoir l'emportèrent et il rebroussa chemin.
— Monsieur, excusez-moi ! cria-t-il à l'attention du chilien qui se trouvait déjà au bout du couloir.
Celui-ci ne ne donna même pas la peine de se retourner.
— Oui oui c'est ça, excusez-vous. Moi et mon collègue, nous avons une réunion de la plus haute importance, laissez-nous.
Le politicien péruvien trottait à petites foulées vers le duo, en agitant l'enveloppe. Il continua, essoufflé:
— A ce propos, je voulais juste vous dire que...
— Et bien vous nous direz plus tard.
Les deux chiliens entrèrent dans la salle de réunion principale, et refermèrent la porte derrière eux, au moment même ou le péruvien l'atteignait.
Il essuya une goutte de sueur qui perlait sur son front. Si il n'avait pas déjà été rouge à cause de l'effort physique qu'il venait de fournir, il aurait été rouge de colère. Quel manque de respect ! Il repartit en sens inverse et jeta sans remords l'enveloppe dans la première poubelle qu'il trouva.
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El Presidente
AçãoSanta Libertad. Une petit cité-Etat indépendante d'Amérique Centrale, dirigée par El Presidente. Son objectif est bien entendu de diriger son peuple d'une main de fer, et si possible d'étendre son influence sur le monde entier. Mais malheureusement...