XXII - La quête des cieux - quatrième mouvement

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Orientant le vol de son khaïte en une large boucle, il repéra au milieu des bâtiments une aire couleur de neige où un bassin de la même eau nacrée que l'océan céleste scintillait doucement. Les teintes chaudes de l'aube laissaient progressivement place à des nuances d'argent et d'azur profond, qui se reflétaient dans l'étendue liquide.

Les deux semeurs de tempête firent atterrir Rafale et Zéphyr sur la place ; impressionnés par le calme de ce lieu abandonné, ils n'osèrent pas échanger la moindre parole. Ivara ôtant son casque de cuir et secoua la tête, libérant sa longue chevelure blonde. Elle regarda autour d'elle avec tristesse.

« Tout cela pour rien », songea Aïzie, sentant le découragement alourdir son cœur.

Comment pourraient-ils aider Luciellus à présent, si même les Cieux étaient déserts ?

Il fourragea dans les sacoches, à la recherche de nourriture pour Rafale. Il s'étonna que son amie n'en fasse pas de même ; la jeune fille était penchée par-dessus le bord du bassin, dont elle scrutait pensivement la surface. Aïzie la rejoignit afin de voir ce qu'elle regardait : il sourit en apercevant un bouquet de nymphéas roses au cœur doré, donc les larges feuilles vert argent dissimulaient de petites formes filant entre les longues tiges.

« Je pense que quelqu'un doit s'en occuper», remarqua-t-elle, une pointe d'espoir dans la voix.

Aïzie était un peu sceptique, mais il lui répondit gentiment :

« Peut-être, oui. De toute façon, nous n'allons pas repartir immédiatement... Nous verrons bien si quelqu'un vient !

— Et si nous explorions les environs ? proposa la jeune fille. Cette grande ville a été abandonnée, mais peut-être trouverons-nous quelques villages...

— Les khaïtes sont fatigués, répondit le garçon, qui craignait qu'elle ne rencontre que plus de déception. Prenons au moins la matinée pour nous reposer. Nous pourrons toujours explorer un au début de l'après-midi ; nous repartirons demain matin. Est-ce que cela te va ? »

Si Ivara était déçue, elle ne le montra pas et fit contre mauvaise fortune bon cœur.

« Tu as raison, Aïzie, déclara-t-elle avec un sourire. Peut-être devrions-nous en profiter pour reprendre des forces. Mais le soleil risque de devenir violent au cours de la journée... Que dirais-tu de nous mettre à couvert à l'intérieur d'une de ces tours ? Même les khaïtes devraient y entrer sans trop de soucis. »

Regardant les larges baies qui ouvraient au pied des tours, le garçon admit qu'elle avait raison. Même s'ils ignoraient ce qu'ils découvriraient dans le bâtiment, il doutait que cela présente le moindre danger pour eux.

Flattant l'épaule de Rafale, il la pressa de se relever à se diriger, de la démarche maladroite des khaïtes quand ils se trouvaient à terre, vers l'intérieur de la tour. La salle ressemblait à une caverne blanche éclairée par de larges baies en hauteur. Rien ne montrait qu'elle avait été habitée un jour. Une rampe en pente douce suivait le bord du mur, jusqu'au niveau au-dessus supérieur. Une fois le confort de leur monture assuré, les deux jeunes gens décidèrent de jeter un coup d'œil à l'étage.

La rampe débouchait sur un espace un peu plus réduit, mais pas aussi vide : il comportait un mobilier sommaire, couche, table et tabourets, taillés dans la matière même de la tour. S'il y avait eu un jour des tapis, des étoffes, des tentures, des coussins, comme leurs propres logis en étaient garnis, il n'en restait aucune trace. Une simple échelle, cette fois, donnait accès aux niveaux supérieurs, mais ni l'un ni l'autre n'avait envie d'y monter. Il était évident qu'ils n'y trouveraient rien de plus.

Redescendant au rez-de-chaussée, ils se blottirent l'un contre l'autre, enroulés dans leur couverture, entre les deux masses rassurantes de leurs khaïtes.

Enfants du Ciel [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant