Chapitre 1 : Je suis née sous X.

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     On dit que rien n'est plus beau que l'amour d'une mère pour son bébé. Que rien ne peut rompre le lien qui uni une mère et son enfant. Pourtant ce sentiment m'ait inconnu. Voilà dix-sept ans que je n'aie nul visage à mettre sur le nom "maman". Dix-sept ans que je ne sais ce qu'est l'amour d'une mère, dix-sept ans que j'attends. J'attends le jour où je saurai quelle femme m'a donné la vie.

     Je suis née un soir de Janvier 1999 sous X. Je ne connais rien de mon passé, si ce n'est que ma mère biologique ne voulait pas de moi. Avant même ma naissance je n'étais apparement pas la bienvenue...
J'ai donc grandi en foyer comme tout les enfants qui comme moi n'avaient ni père, ni mère, ni personne.

     La vie au foyer n'était pas si mal. On s'entassait dans les chambres, on se lavait à l eau froide dans une salle de bain peuplée par la moisissure. Le moins que l'on puisse dire c'est que dans une galère pareille, on créer des liens avec les autres orphelins. C'est comme ça que j'ai rencontré Lola. Comme moi elle n'avait pas de mère, mais un père. Malheureusement son amour pour la bouteille lui a valu la garde de sa fille. Alors on a grandi ensemble.

     J'ai toujours mal vécu le fait de grandir seule. Il faut avouer que les éducateurs n'étaient pas aimants. On était ici "pour faire tourner la boutique" comme ils disaient. On meublait le lieu. Les règles y étaient strictes : levé à 6h, couché à 19h30, histoire de ne pas déranger longtemps les éducateurs. Déjeuner comme dîner, pas de coude sur la table surtout pas de taches, ni de bavures sur la nappe, sinon nous mangions de gros coups, c'était la sanction... Aucun bavardages n'était tolérés, idem pour le deuxième service. Paraît-il que c'était mauvais pour notre "diabète ".

     Pourtant, elle ne souffrait pas d'anorexie, madame Grasse, si vous voyez ce que je veux dire. On ne mangeait pas à notre faim avec elle. Elle préférait manger dans nos assiettes, nous enlever le pain de la bouche. Elle était sûrement vielle fille et je vous rassure, le sera encore pour un bon moment vu la méchanceté extraordinaire dont elle était dotée. Elle détestait les gens et encore plus les enfants. Elle répétait que personne ne voyait son talent caché. Il était si profondément enfouis au fin fond d'elle, que personne ne le trouvera jamais si vous voulez mon avis. Bref.

Celui que l'on devait vraiment craindre, c'était monsieur Fracas. Il avait la main leste sur nous. Je vous assure qu'il ne manquait pas d'imagination : balais, ceintures, chaussures, cigarettes, tout. Absolument tout pouvait devenir une arme de destruction avec cet homme.
À partir du moment où cela nous faisait mal. Il trouvait dans notre souffrance un malin plaisir que personne d'humain ne pouvait comprendre. Si vous vous posiez la question, oui, il avait un côté psychorigide.

     À quel sein se vouer ? Ils profitaient tous du silence des enfants. Comme Lola, j'ai été battu toute mon enfance. Inutile de préciser qu'elle fut un enfer.

     Je n'oublierai jamais ces anniversaires oubliés, tous ces noël passés enfermé dans ma chambre, imaginant les gens heureux. Le bonheur nous était interdit. Pourtant, l'espoir renaît parfois des cendres comme un printemps après l'hiver.

     Lola et moi nous nous soutenions tant bien que mal dans les malheurs du quotidien. En nous promettant, qu'un jour quelqu'un voudrait de nous. Mais le temps passa... Et personne ne nous a voulus. Les adolescents n'intéressaient personne, pas même les éducateurs qui nous ignoraient à présent. Ce mépris fesait mal malgré leurs cruauté, puisque nous n'existions plus pour personne.

     Voilà comment dix-sept ans de ma vie ont passes sans que je ne connaisse l'amour, l'attention ou le réconfort d'une mère. Autant de temps que j'ai passé seule avec l'intime conviction de retrouver sa trace. Comprendre pourquoi elle ne voulait pas de moi. Pourquoi elle m'avait délaissé. Pour connaitre mon histoire, tout simplement.

     Je rêve de reconnaître mon visage dans le sien, ses mots dans les miens. Je rêve d'apprendre d'elle, qu'elle apprenne de moi. Qu'elle reconnaisse qu'en moi il y aura toujours un peu d'elle, peut être même un peu d'amour. J'aimerais ne plus souffrir de cette fichue solitude qu'elle me laisse tous les jours. À part la vie et un nom elle ne m'a rien laissé. Elle a comme emporté un peu de moi en elle. Après m'avoir abandonné, elle a laissé des questions et cette fichue impression d'être une personne qui ne devrait pas être. Quelqu'un d'invisible qui n'existe pour personne. Une erreur de la nature. Cette impression d'avoir le "X" qui nous suit ou qu'on aille.

     C'était décidé je voulais retrouver ma mère biologique pour avancé dans ma vie, écrire ma propre histoire. Voilà le combat de ma vie.

     Mon nom est Thèsse, une jeune femme en quête d'amour maternelle.

Maman, tu m'aimes ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant