Maman, tu m'aimes ?

Chapitre 23 : Disparition .

- " De nos cris de douleurs naîtrons des mots d'amour . "

Michel Janasz

    J'étais enfin chez moi , je pouvais de nouveau me blottir dans le creux de mes draps et profiter à présent , pleinement de ma grossesse . Maxime se montrait plein d'attention à mon égard , il était au petit soin .
Pourtant , dans son coeur la peine faisait des ravages . Même s'il voulait être fort pour moi , je savais pertinemment qu'il souffrait terriblement ... Je le connaissait trop bien pour ne pas comprendre sa tristesse derrière son sourire, je le connaissait trop bien pour passer à côté de son angoisse dernière son enthousiasme .

Sa mère allait inévitablement rejoindre les cieux le laissant seul . Il s'apprêtait à connaitre la douleur de la solitude et l'amertume de sa disparition . Mais je serais là à ces côtés pour surmonter cette épreuve .
Maxime semblait réaliser qu'a moitié que sa mère s'approchait dangereusement de la mort . Il ne pouvait pas se résigner à la laisser s'évanouir . Il l'a forçait à poursuivre son traitement coûte que coûte , il croyait en sa guérison .
Le temps lui était pourtant conté . Maxime avait besoin de lui montrer son amour , de profiter d'elle avant qu'elle ne parte . De crier tout son amour pour elle malgré toute la douleur qu'il portait en son coeur .
Il avait besoin d'elle comme elle avait besoin de lui .
Il aimait sa mère de tout son coeur et ne supporterait pas un tel déchirement .
Quand la souffrance se faisait présente à ces côtés , l'amour hurlait à grand cri pour chasser touts ses maux .
Il soulageait sa peine comme cela , en donnant de l'amour . Il avait la reconnaissance du ventre , il savait comme sa mère s'était sacrifiée pour sa vie . Il savait si bien comme elle s'était débattu pour qu'il vive heureux .
Elle l'avait porté pendant neuf mois , elle le portait dans son coeur et le porterait encore chaque jour jusqu'à ce qu'elle rende son dernier souffle .
Douce souffrance des mères d'aimer sans relâche envers et contre tout . Aimer et donc tout ce qu'elles savent faire , l'amour est la seule raison de leur agissement  , leur seul raison d'être . Elles ont donc pour mission de protéger par amour leur enfant .
Mais ici les rôles s'inversaient un peu sa mère avait besoin de lui ,car sa volonté était toute autre .
Elle voulait enfin se reposer , mourir en paix , accepter son sort et partir le coeur léger . Elle lutait encore pour son fils qu'elle aimait tant . Elle avait pour cela besoin de sa présence , de son soutient .

Maxime était plein d'espoir mais il ne fallait pas se voiler la face ... Les opérations , les médicaments l'épuisaient , la tuaient peu à peu . Malgré cela , elle lutait pour gagner quelques jours encore .
Quelle femme de fer , elle avait vécu les pires souffrances et souffrait encore pour son fils , elle était d'une détermination déconcertante . Elle avait toujours enduré seule les méandres de sa triste vie . Elle avait pour seule repère son fils . Sa volonté de se battre pour la vie , nous montrait chaque jour un peu plus que tout était possible avec un peu de volonté .

Maxime ne me quittait jamais si ce n'est pour travailler et rendre visite à sa mère . Pendant son absence je prenais mes cours par correspondance , par peur des remontrances que pourrait me faire les autres ainsi que pour la santé du bébé . Maxime ne supporterait pas un nouvel obstacle , il en supportait déjà trop . Je devais prendre soin de mon bébé , de notre bébé .
Il continuait de croire en la vie et faisait preuve de courage .
Il c'était donc empressé d'annoncer ma grossesse à sa mère . Il me rapporta qu'elle était emplie de joie et qu'elle espérait vivre pour assister au miracle de la vie . Elle espérait avoir le temps de voir notre bébé .
Je le souhaitais de tout coeur cette femme était douce et remarquable à nulle autre pareil .
Elle s'appelait Marie-Hélène , elle avait quarante quatre ans .

La semaine fut longue , les allers retours de Maxime se faisaient de plus en plus fréquents . Les souvenirs de bonheurs avec sa mère le hantaient chaque instants . Il se torturait en regardant des photos , qui lui rappelaient amèrement tous ce qu'il allait perdre . Tous ce qui disparaîtrait avec elle . Tout le plaisir et l'amour qu'elle allait emporter dans sa tombe .

Les nouvelles n'étaient pas bonne .
La nuit , il lui arrivait d'appeler l'hôpital pour prendre des nouvelles de sa mère , de peur qu'elle ne s'endorme à jamais .

Je me sentais impuissante devant sa détresse . Je ne savais plus comment m'y prendre pour lui venir en aide . Je ne savais pas quoi lui dire pour le soulager . Tant il souffrait je pouvait ressentir sa souffrance partout en moi . Je me réduisais alors à la compassion immense . J'essayais de lui apporter tout l'amour possible mais rien me semblait le consoler ... J'étais désarmée devant cette situation interminable ... Il m'étais insupportable de le voir vivre cet enfer sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour lui . Alors je subissais tout comme lui , nous attendions le verdict , jour et nuit . Chaque jour qui ce levait sur elle était une victoire mais un pas de plus vers le trépas ...

En l'espace d'une semaine elle avait perdu presque dix kilos . L'appétit disparaissait son visage amaigri devenait de plus en plus pâle . Ces traits devenaient fades , ces lèvres étaient sèches , elle ne buvait presque plus . Son état se dégradait encore sans cesse . Elle perdait conscience d'elle même et dégénérait parfois .
Ces paroles rapportées par Maxime résonnaient terriblement en moi . Elle faisaient l'effet d'une lame dans mon coeur . Inconsolable tristesse .
C'était terrifiant , la maladie la rongeait , la détruisait chaque jour . Bientôt elle perdrait peut être la mémoire ou l'usage de la parole . Les médecins ne pouvaient plus rien pour elle ...
On attendait la fin ...

Mais un appel allait bientôt tout faire basculer ...

Jeudi , Maxime n'avait pas pu se libérer pour aller au chevet et de sa mère . Il fut angoissé toute la soirée et ne parvenait pas à trouver le sommeil . Je réussis pourtant à le convaincre de dormir un peu , sinon c'était bientôt  lui qui devrait aller chez le médecin .

Vers trois heures du matin le téléphone sonna . Maxime se réveilla en sursaut et répondu , après quelques minutes , il lâcha le téléphone à terre . Celui-ci s'éclata contre le sol et  s'étala de toutes ses pièces .
Etait - elle morte ...? Je n'en savait rien . Je tentai alors de lui demander des explications , mais il s'empressa de partir . Je me levai alors pour le rattraper et me mettre en travers de son chemin , mais il me poussa violemment .
Après un bref " désolé " , il parti en claquant la porte .  

Il était bientôt six heure du matin et je n'avais encore aucunes nouvelles . J'espérais que le jour n'était pas venu , que son heure n'était pas venu ...
Je priais de tout coeur .

La matinée était interminable , c'était insoutenable de rester dans l'inconnue .  L'après-midi arrivait bientôt ... Je devais aller au rendez-vous avec ma mystérieuse correspondante .
Et c'est à contre coeur que je m'y rendis . Cette rencontre devais être pour moi une opportunité sans égale de retrouver ma mère . J'allais découvrir le bonheur mais mon coeur n'était pas prêt à l'accueillir . Je me souciais inlassablement de Marie-Helene ... Qu'est ce qu'il lui était arrivait ? Que cachait ce mystérieux appel ?
Tant de questions qui amenuisaient peu à peu mon moral .
Je n'avais aucun moyen de joindre Maxime et cela torturait mon âme .
Je me rendais donc au rendez vous seule , l'adresse était simple à trouver mais le bâtiment ne ressemblait pas à la maison de Madame Coeur .
Une foi devant la porte je sonnais . Jusque là rien d'anormal . J'étais décidée à respecter les recommandations de Maxime . Il fallait rester méfiante et prudente . Au moindre problème je devais fuir .

La personne qui m'ouvrir la porte n'était pas Madame Coeur . Ce n'était d'ailleurs pas une femme :

- " Je vous en pris entrez . Ma femme est dans le salon en face , on vous attendez avec impatience . "

C'est avec anxiété et sans conviction que j'entrais timidement dans l'appartement .

Et là stupeur ...