Tourbillon d'émotions

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Il était entre onze heures et minuit. La fatigue commençait à se sentir dans l'esprit d'Abigaëlle qui rêvait d'un vrai lit où elle pourrait s'allonger et dormir tranquillement. Elle chassa cette idée de sa tête et pénétra dans la mairie suite au 'entrez' qu'ils avaient entendu et qui venait de l'intérieur. Une fois à l'intérieur, elle remarqua une pile de papiers noirs d'écriture sur une table dans le coin gauche et des objets inconnus de l'autre côté, une table ronde au milieu de la pièce avec des bougies, plusieurs bâtons de craie et aussi des feuilles éparpillées. Il y avait trois autres hommes dans la pièce et une seule femme, qui paraissaient tous occupés.

"Père, on peut te parler ?" demanda Louis formellement.

"Bien sûr. Quel est le problème ?" Il dévisagea son fils puis Abigaëlle.

Elle lui expliqua ses recherches sur Mars, sa rencontre avec Louis et pourquoi elle l'avait suivi.

"Vous comprenez, je suis à la recherche de ma famille et Louis m'a dit que vous aviez une liste qui pourrait m'aider."

Son père hocha la tête et ouvrit une armoire que Abigaëlle n'avait pas vu avant. Il en sortit trois énormes livres, sur leurs couvertures était écrit Survivants du Vaccin Solaire. Elle sembla confuse.

"Vaccin Solaire est le nom que nous avons donné à cette immonde expérience." Expliqua M. Smith froidement, regardant de côté son fils.

Elle n'écoutait qu'à moitié parce qu'elle lisait déjà la liste. Elle était organisée par ordre alphabétique, elle se débarrassa donc rapidement du premier tome et saisit le deuxième, commençant par la fin. La dernière lettre était T. Elle se rapprochait donc de la vérité. Son pouls s'accéléra tandis qu'elle se demandait si elle était vraiment prête à découvrir et à supporter les faits. Elle tournait les pages avec précipitation. Ses doigts se mirent à trembler, bientôt tout son corps fut saisi par ce tremblement dû au choc. Un choc qu'aucun être humain ne devrait avoir à vivre aussi subitement. Sa respiration était saccadée et d'un coup, elle regarda plus attentivement le registre. Il n'y avait plus d'erreur possible. Sa mère s'appelait Sandra Morrison, elle ne trouvait pas son nom. Son père s'appelait Thomas Morrison, elle ne trouvait pas son nom non plus. Soudainement, elle s'arrêta, incapable de bouger. Pouvait-ils avoir été ... tués ?! Ce n'était pas possible, pas ses parents! C'était impensable.


"Je... Ils... Non..." commença-t-elle bouleversée. Louis lui avait dit que leurs noms seraient inscrits. Il devait y avoir une erreur. Ne sachant pas par quoi commencer ni comment réagir, surtout lorsque ses idées seraient de nouveau en place, elle sortit en courant de ce lieu de malheur. Elle ne pouvait rester avec eux et prendre le risque de se montrer faible, et vulnérable. Inspirer de la pitié à ces inconnus n'auraient fait qu'empirer la situation.

Elle se cacha derrière un arbre non loin de la mairie, épuisée par la journée. De plus ses jambes ne pouvaient supporter davantage la douleur de la nouvelle. Ainsi recroquevillée sur elle-même, elle pleura en silence. Abigaëlle voulut crier pour extérioriser sa douleur, mais elle n'en eût pas le temps. Louis la trouva.

"Abi ? Je suis désolé. Si..."

"Tu m'avais dit que leur noms seraient écrits sur cette foutue liste. Peux-tu comprendre Louis que mon monde s'effondre et que je tombe avec lui ?!" souffla-t-elle, faiblement mais avec assez d'énergie pour l'empêcher de continuer de parler.

Il s'assit près d'elle, chercha ses yeux, lui sourit gentiment et la prit dans ses bras. Elle s'accrocha à lui fermement comme s'il était sa bouée de sauvetage dans un océan perturbé par un ouragan dévastateur.

"Ma mère n'est pas sur cette liste, pareil pour ma petite sœur. Elle avait seulement six ans quand elle fut tuée, attaquée par des zombies." Il commençait à raconter son passé comme s'il s'agissait d'une histoire. Elle leva sa tête vers lui. "Donc, je comprends ton désespoir mais j'aurais apprécié que quelqu'un prenne la peine de me dire que les choses vont s'arranger. Que tout ira bien."

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