Chapitre 1

1.7K 212 18
                                    

L'homme me traîne derrière lui par le poignet malgré mes cris hystériques, sans me prêter la moindre attention. Cette façon de me traiter n'annonce rien de bon pour moi, je me demande vraiment ce qu'il compte me faire. Ma vision tangue à cause de mes blessures, et je trébuche à plusieurs reprises avant de me décider à suivre mon agresseur, trop épuisée pour dépenser des forces à lutter inutilement. Nous passons devant ce qui me semble être plusieurs bâtiments assez rustiques. Les murs en pierres sèches et en rondins de bois me surprennent. Chez moi, les immeubles sont faits de béton, et souvent recouverts de terre sèche ou de poussière au fil du temps. Je finis par l'interroger doucement, n'osant pas l'offenser.

– Qui êtes-vous ? Où est-ce que vous m'emmenez ?

Il ne me répond pas. De toute façon, ma voix est si basse qu'il pourrait bien ne pas m'avoir entendue.

Je peux bientôt apercevoir un groupe d'une trentaine de personnes en arc de cercle. L'homme me conduit vers eux sans ralentir et sans dire un mot, et me place au centre de la foule, me faisant presque tomber en me lâchant le poignet. Je mets plus longtemps que je ne le voudrais à me relever, puis observe les visages inconnus qui me font face, ne sachant pas comment agir.

Je ne bouge plus, j'ai l'impression que le moindre geste ou la parole déplacée de ma part risque de les mettre en colère contre moi. C'est sans doute la minute la plus longue de ma vie, tous ces gens en train de me dévisager comme un phénomène surnaturel m'entourant sans que je ne sache pourquoi. Au bout d'un moment, l'homme m'ayant amené ici se décide enfin à prendre la parole. Il semble demander l'autorisation à celui se trouvant à côté de lui, puis 'avance vers moi.

– Comment tu t'appelles ? Demande-t-il en faisant de longues pauses entre les mots et en faisant de grands gestes avec ses mains. Ton nom ?

Je le fixe avec étonnement, ne comprenant pas la raison pour laquelle il me parle de cette façon. Puis je réalise qu'il ne sait sûrement pas quelle langue je parle, il n'a pas dû entendre ma question, avant. En tout cas, je suis déjà soulagée qu'ils parlent ma langue, j'ai eu un doute pendant quelques instants. Sans la possibilité de nous comprendre, l'entente aurait été impossible.

Mais il faut bien que j'avoue que je n'ai pas forcément envie de m'approcher de ces individus, après avoir été enfermée par eux dans une cage pendant si longtemps, sans eau ni nourriture ni vêtements chauds.

Le compagnon de celui qui vient de m'interroger perd soudain patience et s'avance lui aussi d'un air agacé. Il se plante juste devant moi, me faisant reculer de quelques pas, et me parle d'un ton beaucoup plus rude que le précédent, ses yeux bleu clair se plantant agressivement dans les miens.

– Il t'a demandé quel était ton nom. Réponds-lui.

Je bredouille quelques syllabes incompréhensibles sur le coup avant de me reprendre, terrifiée à l'idée qu'ils ne me remettent dans la cellule de bois.

– Tu es muette ou quoi ? Grogne l'inconnu.

– N... non ! Je m'appelle Mily, Mily Swash. Je... je ne comprends pas, est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer enfin ce que je fais là ?! M'écrié-je d'une voix rauque, enrouée à cause de la nuit froide que je viens de passer dans la cage. Où sont-ils ? Où sont les deux enfants qui étaient avec moi ?

Me regardant sans me répondre, l'homme au visage étroit me scrute comme s'il cherchait à détecter quelque chose sur mon visage. Il reprend ensuite son air méfiant et s'éloigne de moi, laissant l'autre me parler à nouveau.

– Tu dois être perdue. Me dit-il avant de se retourner vers la foule, faisant signe de venir à quelqu'un.

Un garçon d'une vingtaine d'années s'avance vers lui d'un pas traînant, n'ayant pas vraiment l'air enchanté. On peut affirmer qu'il n'est pas content rien qu'en regardant son expression faciale pincée et crispée.

Nucléaires 2 : DiviséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant