« Au comptoir des Rêves... », MON magasin... Je l'ai créé il y a de cela six ans ; nous étions en 5774. Ce jour-là, des milliers d'Âmes vinrent se présenter devant la porte imposante en or massif, je l'avais commandé au meilleur orfèvre du monde d'En-Haut. La foule observait les vitrines immenses, on aurait dit des écrans géants que l'on trouve dans les stades. Quelques Rêves se déroulaient sur chaque vitrine, puis à la fin, le nom du magasin était inscrit en lettre majuscule. L'enseigne du magasin voletait trois mètres au-dessus de la coupole.
Des Vendeurs de Rêves étaient postés devant les portes et distribuaient des pastilles agissant sur les système nerveux, rendant les clients avides d'acheter ( bien évidemment, il n'y a que moi qui suis au courant de cette technique de vente !) Plus le flot de personnes entrait, plus j'étais content ! Les Âmes était submergées par la beauté du hall, un écran géant planait dans le magasin, sur lequel était inscrit les directions à prendre pour tel Rêves. Des navettes circulaient dans tous les sens, attrapant les clients pour les mener au rayon du Rêve recherché ; d'autres étaient plus grosses, et étaient conçues pour amener les Âmes des célébrités six étages plus haut, au rayon : Célébrités.
Des Vendeurs distribuaient des pastilles et des porte-clés au nom du magasin aux personnes qu'ils croisaient. Les cinq premiers étages étaient consacrés à la vente des Rêves ; les Souvenirs, les Cauchemars, les Rêves impossibles... L'étage six était consacré aux Rêves des célébrités, il n'y avait pas de file d'attente, les Âmes étaient immédiatement servies. Au septième étage, j'ai eu la magnifique idée de créer un espace de restauration ! Dans chaque plat, il y avait des pastilles... Pour les Âmes d'enfant, un menu enfant était à leur disposition, et un cadeau était donné à chaque enfant ! Le restaurant pouvait accueillir 10 000 couverts, ainsi que 500 au bar. La décoration était éphémère, toutes les heures, les Âmes pouvaient admirer le Rêve d'une personne du monde d'En-Bas.
Dans les étages inférieurs, les files d'attente augmentaient. Au rayon des Rêves de vieilles personnes, j'avais organisé une promotion : par tranche de cent cinquante dollos, un Rêve était offert. Des centaines d'Âmes faisaient la queue au rayon Vieille personnes, espérant profiter de la promotion.
Les Vendeurs qui encaissaient mettaient les Rêves des clients dans des valises, puis les disposaient dans un tuyau ; celui-ci les emmenait dans le deuxième bâtiment qui était dédié aux expéditions. L'agitation des Vendeurs dans le second bâtiment était comme l'agitation d'enfants dans une cours de récréation lors d'une bagarre. De plus, la grandeur de celui-ci n'arrangeait pas les choses, toutes les voix faisaient un écho insupportable, il était même plus impressionnant que le bruit du bâtiment principal !
L'agitation était à son comble, les rayons s'agrandissaient, ils ne faisaient plus dix mètres de long, mais cent ! Les Vendeurs étaient des libellules, ils naviguaient dans le magasin à la recherche de proies à conquérir. Les Âmes étaient tellement exigeantes !
Quand les clients sortaient du magasin, un détecteur de Pensées notaient les impressions des Âmes dans le livre d'or.
Quand le magasin ferma ses portes, les rayons se replièrent sur eux-mêmes, les lumières s'éteignirent unes à unes,... pendant que moi, j'allais dans mon bureau, calculer la recette...
Le comptoir des Rêves était devenu le magasin ayant fait la plus grande recette le premier jour de tous les temps.
FIN.
