Chapitre 7

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   « Je ne vous comprend pas. »

Ana avait mis quelques secondes à retrouver sa voix, mais cette dernière restait fébrile. Il l'avait poursuivie, lui avait attribué un nom qu'elle ne portait pas, et lui affirmait désormais qu'il la recherchait depuis longtemps. Il lui semblait que des centaines de questions virevoltait dans son esprit, sans qu'elle ne parvienne à en saisir une. 

Mais qui est-il bon Dieu ? 

Elle rougit, honteuse de son juron bien qu'elle ne l'ai que pensé. Gabriel d'Estaing ne la lâchait plus du regard, évaluant chacun de ses gestes et soupesant les émotions qui traversaient son visage juvénile. Il la sentait perdue bien sur, et il redoutait d'autant plus la suite de la conversation. Elle semblait tout à fait ignorante de son passé et il se demandait comment cela était possible. Après tout elle n'avait disparue que huit années auparavant. Ses souvenirs auraient du remonter au moins jusqu'à cette période. 

  « Vous devriez vous asseoir. »

Elle contempla sa paume tendue dans sa direction. Elle hésita un bref instant et y glissa ses doigts, savourant la chaleur qui englobait sa main. Sans qu'elle sache pourquoi elle n'était pas apeurée par cet homme. Il l'impressionnait bien sur, mais elle sentait confusément qu'il était la clef qui éclairerait son passé obscure. L'assurance qu'il dégageait lui offrait la confiance dont elle avait besoin. Elle décida donc de se laissait guider, du moins pour un temps. Elle l'écouterait, jugerait ses propos et aviserai par la suite. 

Il la guida sur le sofa le plus proche et la fit asseoir avant de rejoindre le second. Ana resta silencieuse, désireuse d'entendre au plus vite l'histoire qu'il semblait lui attribuer. 

Gabriel sourit à sa jeune invitée, essayant de l'apaiser. Elle tordait ses mains, les serrant fermement l'une contre l'autre, dans un effort désespéré d'endiguer le flot de sentiment qui menaçait de l'engloutir. Et pourtant elle ne savait encore rien. Il pressa ses doigts sur ses temps, hésitant sur la démarche à suivre. 

    «  Comme je vous l'ai déjà dis je vous recherche depuis un certain temps. Je ne sais pas comment vous vous appelez aujourd'hui, je présume qu'on vous a forgé une nouvelle identité. Mais cela n'a pas d'importance car celle que je recherche c'est celle que vous êtes par les vertus de votre naissance.

Ana restait figée dans l'attente, muette. 

  - Votre nom de baptême est Anathalia d'Amboise, fille de Henri d'Amboise et Juliana d'Amboise, duc et duchesse de Rohan.»

Il avait parlé avec calme et douceur, espérant qu'elle réussirait à assimiler ces paroles sans grand mal. Il l'observait à présent. De fugaces émotions effleuraient son visage, marquant à peine ses traits, avec tant de fugacité qu'il lui fut impossible de les déchiffrer. Il craignit un instant qu'elle panique à nouveau alors qu'il l'avait seulement touchée. Mais son visage restait parfaitement neutre. Bien que blême elle semblait à présent calme, détachée d'une réalité qu'elle n'avait jamais imaginé. Il attendit patiemment qu'elle réagisse. 

Sa voix était aussi basse qu'un murmure. Tout s'était mis à tourner dans son esprit, elle hésitait entre le rire et les larmes, mais ne parvenait à extérioriser ce tourment d'émotions qui la brûlait. Elle pensa un instant qu'elle ne souhaitait que cela fut vrai. elle aimait sa vie. Cette dernière était certes modeste mais elle était heureuse. Pourtant certains faits instillaient le doute dans son esprit. 

Elle n'avait jamais connu son nom, encore moins sa famille, Maire l'ayant trouvé en état d'hypothermie et amnésique. Mais elle ne pouvait nier le frisson qui avait étreint son échine à l'entente des noms que le comte de Sambord lui avait offert. Une douce chaleur qui s'était muée peu à peu en véritable incendie, qui dévorait à présent ses entrailles. Le cœur au bord des lèvres une question lui échappa :

AnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant