I.

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Ma famille et moi avons quitté mon pays natal à mes 20 ans. Voulant réaliser son rêve, ma mère a tout mis en œuvre pour nous emmener vivre à Portland. Une fois installée, j'ai pu trouver un petit travail pour financer mon année d'étude de la langue. Car il est vrai que, ne sachant absolument rien de l'anglais, je ne serais pas allée bien loin.
En 2007, j'achevais mon année d'anglais, le maîtrisant presque à la perfection. J'ai donc commencé mes études universitaires avec un peu de retard. Quelques années plus tard, je faisais la fierté de mes parents en obtenant mon diplôme de fin d'études universitaires en ressources humaines.
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J'ai toujours voulu épouser quelqu'un d'une race différente de la mienne. Pas que je sois complexée, mais j'ai toujours voulue un mélange de race, d'origines dans un foyer. Et aussi, je voulais des enfants métis. Ce qui m'a rendu un peu exigeante dans ce domaine.
Quand j'ai atteins l'âge de me marier, soit 25 ans dans ma famille, j'ai repoussé plusieurs prétendants pour différents motifs entre autre le fait qu'ils ne soient pas au goût de mes parents. Oui, en Afrique, l'opinion favorable des parents envers leur futur gendre représente une source de bénédiction pour le ménage.
Après plusieurs tentatives, j'ai abandonné mes recherches de l'homme idéal en espérant qu'il viendra à moi tout seul. Mais me voilà aujourd'hui, à 33 ans, assistant au mariage de mon second petit frère, Ignace, de 5 ans mon cadet.
Je l'attend toujours, cet homme idéal, celui qui me passera la bague au doigt, mais plus je prend de l'âge, plus je perd espoir. Mais je ne suis pas totalement à plaindre. J'ai un poste stable dans une grande banque de niveau national, j'ai de superbes collègues dont certains sont mes amis et j'ai Shawn, qui était avec moi à l'université et qui est aujourd'hui un grand pilier de ma vie.
Malgré tout, je ne peux ignorer la pression venant de mes parents, ainsi que de mes oncles et tantes. C'était mal vu, une femme de mon âge célibataire.
J'essaye de passer outre cette pression mais elle se faisait plus présente encore. Hier par exemple, durant les dernières préparations pour le mariage d'aujourd'hui, j'ai eu droit à plusieurs "à quand ton tour?" Auxquels j'ai répondu avec mon sourire le plus faux.

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- J'ai rencontré Maurice dans une conférence à Miami dans le cadre du travail deux mois après le mariage d'Ignace. Il s'était plusieurs fois levé durant la conférence afin d'exposer son point de vue. De quoi se faire remarquer rapidement.
Il n'était pas particulièrement attirant avec son nez fin et ses longs cheveux blonds, mais il avait son charme, un charme différent. Nous avions pu discuter lors du petit buffet qui avait eu lieu à la fin de la conférence et j'ai appris qu'il vivait à Portland mais que sont travail l'obligeait à des allers-retour entre Portland et Miami.
Nous nous sommes revus une fois depuis et nous avons échangé nos numéros. Et il m'a invitée demain soir à dîner pour apprendre à se connaître. Voilà tu sais tout.

L'Afro- américain qui me sert de meilleur ami, hoche la tête à la manière des thérapeutes, aspirant son coca avec une paille au coin de ses lèvres. Il regarde la fenêtre du café dans lequel nous sommes puis repose son regard sur moi.

- Qu'en penses-tu Shawn?

Il met les mots en ordre dans sa tête avant de répondre de sa voix grave.

- Il ne m'inspire pas confiance.
- Comment ça?
- Je ne sais pas, juste que je le sens pas ce mec.
-Je vois. Alors, pour demain, j'y vais ou j'y vais pas?
- Tu veux y aller, ça se lit sur ton front. Et tu iras quoique j'en dise.

Je souris. Il me connaît mieux que moi même je pense.

- Mais fais attention Nat, d'accord?
- Je te promets. Bon, tu retournes au boulot non? Dis-je en fixant la montre qu'il m'avait offerte.
- Oui, pas toi?
- Non, j'ai fini tôt aujourd'hui.
- Je te raccompagne alors.
- Non Chouchou, tu risques d'être en retard. Je vais marcher.
- D'accord, et je t'ai déjà dis d'oublier ce surnom. Il est ridicule.

Je m'éloigne déjà de lui, mais je me retourne et crie.

- Je t'appelle ce soir Chouchou!

Je le vois bouger sa tête d'un air dépité mais avec son mignon sourire en coin.
Ah, ce que je l'aime!
J'appelle un taxi et me rend dans le centre commercial pour me trouver une tenue, car rien de ce que j'ai ne me semble approprié.
Je me rappelle que la grande sœur de ma belle-sœur tient une boutique des vêtements pour femmes. Alors une fois arrivée, je m'y rend.

- Bonjour Sonya.
- Hey... Euh?
- Natacha, la sœur d'Ignace.
- Je sais qui tu es. Juste ton nom que j'oubliais. Alors, comment vas-tu? Me demande-t-elle avec un grand sourire.
- Bien! Et toi?
- Ça va! En quoi puis- je t'aider?

Mon regard fait le tour du magasin avant de se poser sur elle.

- Je suis à la recherche d'une tenue appropriée pour un dîner avec... Un collègue.
- Je vois. Tu es plus robes, jupes ou pantalons?
- Jupes, je préfère.

À ma réponse, elle se dirige vers les jupes et fouille un peu. D'un coup elle s'arrête, se tourne vers moi en me agitant son index vers moi avec un grand sourire.

- Je crois avoir ce qu'il te faut.

Je la suis donc vers un côté réservé aux ensemble. Elle met sous mon nez une jupe crayon assez longue avec un haut noir et blanc en soie qui avait l'air très confortable. Je souris et pars l'essayer.
Cinq minutes plus tard, je suis devant le miroir en train de me contempler.
La jupe arrive un peu plus bas que le genou mais à son air serré, elle semble rétrécir autour. Elle moule vraiment mes hanches et mon postérieur mais reste décente. Et le long haut ample couvre mon derrière donc pas de problème.
Satisfaite, je règle mon achat et sors du magasin en souhaitant une bonne fin de journée à Sonya.
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Afin de m'éloigner de mes parents sans les abandonner, je me suis prise un petit studio à mes 30 ans, située à quelques rues de la maison familiale. Rien d'extraordinaire: juste un salon, une chambre avec salle de bain et une petite cuisine-salle à manger.
Une fois rentrée, je mets mes vêtements dans ma chambre et me dirige vers la cuisine me mettre quelque chose sous la dent. N'ayant pas l'envie de cuisiner, je sors les restes d'hier et me met à table.
Une fois repue, je lave les assiettes utilisées et je m'installe devant la télé.
Je zappe sans rien suivre quand mon téléphone se met à sonner. Je le sors de mon sac et décroche sans lire le nom de l'appelant. Une mauvaise habitude.

- Allo?
- Bonjour Mademoiselle Nseya.
- Comment allez-vous Mr Claviel?
- Appelez-moi Maurice.
- Et vous, Natacha.
- Très bien Natacha. J'appelais pour savoir si notre dîner de demain soir tenait toujours.
- C'est le cas.
- Très bien, je vous dis donc à demain.
- À demain Maurice.
- J'ai... hâte de vous voir.

Heureusement que les noirs ne rougissent pas.
Je ne sais pas quoi répondre alors je me tais.
Il continue alors après un bref silence.

- Bonne nuit, Natacha.

Suite à cette phrase, il raccroche. Bizarrement, je suis pressée d'arriver à demain soir.

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Je l'ai trouvé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant