V.

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L'ambiance n'est pas désagréable, ni agréable. Après deux trois questions de la part de Shawn et de brèves réponses de la part de Maurice, un silence ennuyant s'est installé à table.
Maurice n'a pas voulu manger, prétextant un manque d'appétit soudain, j'ai commandé deux autres coca pour moi et Shawn ainsi qu'un café pour notre invité.
Je ne m'attendais certainement pas à ce qu'ils deviennent les meilleurs amis du monde, mais au moins qu'ils s'apprécient un peu. C'est mal parti je pense.

- Ça fait combien de temps que vous vous fréquentez?
Demande mon ami.

Depuis son arrivée, il essaie de tenir une vrai conversation. Je ne comprends pas l'attitude renfermée de Maurice vis à vis de lui.

- Un mois à peu près, lui répond simplement Maurice.

À ce moment, il me prend la main sous la table et la presse doucement. Shawn le remarque puis sourit, la paille entre ses lèvres. Puis, il regarde sa montre, se redresse puis appelle un serveur qui passait près de nous pour lui demander l'addition. Ce dernier revient 5 min plus tard avec l'addition.
Lorsque mon ami sort son portefeuille pour régler la note, Maurice essaie de montrer son désaccord mais Shawn le voit venir et nous dit en souriant qu'il nous invite.
La note réglée, le serveur repart en me souriant. À force de toujours arriver plusieurs minutes avant Shawn, lors de nos mercredis cafés, j'ai pu faire sa connaissance. Nous sommes maintenant assez familier moi et Ryan, alors c'est naturellement que je lui renvoie son sourire. Maurice semble mal le prendre vu qu'il lâche ma main à l'instant, la mâchoire contractée.

- Je vais devoir y aller, ravie de vous avoir rencontré Maurice.
-Moi de même.

Il pose son regard sur moi puis se rapproche. Je me lève pour le prendre dans mes bras.

- Je t'ai dit que je te faisais confiance, me chuchote-t-il à l'oreille.
- Je t'appellerai ce soir, lui dis-je en me reculant un peu de son corps, sans m'en décoller.
- Non, je dîne avec ma mère et ma sœur. Moi je t'appellerai avant que tu ne t'endormes.
- D'accord, lui souris-je.

Il me fait un clin d'œil, se retourne pour faire un au revoir de la main à Maurice qui répond d'un hochement froid de la tête, puis s'en va.
Je me rassois aux côtés de mon compagnon. Son air distant me pousse à croire que j'ai quelque chose à me reprocher, ce qui n'est pas le cas, mais je préfère me taire. Il finit sa tasse de café quelques minutes après, puis se décide à me parler.

- Vous avez l'air très proches.
- C'est le cas. C'est mon meilleur ami depuis l'université.
- Je vois. J'ai des questions à te poser. J'aimerais que tu me répondes sincèrement.
- Je t'écoute, je lui répond en fronçant les sourcils.
- Premièrement, pourquoi tu souriais à ce serveur? Vous vous connaissez?
- C'est un ami.
- Un ami?
- Arrête Maurice, ne commence pas.

Ses crises de jalousie sont très insupportable. Cet homme à la fâcheuse habitude de se créer tout plein de scénario dans sa tête, face à des faits qu'il aime comprendre selon lui. Pour cette fois au moins, il me demande des explications. Une première.

- Ne pas commencer quoi? Je vois ma copine faire des œillades à un autre en ma présence, que veux-tu que je pense?
- Mais de quelles œillades parles-tu? Mon ami me sourit, c'est normal que je le lui rende non?
- Non, ce n'était pas nécessaire.
- Tu es insupportable, quand tu t'y mets.
- Oh, c'est sûrement pour cela que tu as honte de t'afficher avec moi je me trompe?
- Mais qu'est-ce que tu racontes encore?
- Quand je suis arrivé, tu as évité mon baiser n'est-ce pas? À moins que je me sois ENCORE imaginé des choses.
- Tu penses vraiment que si j'avais honte de toi, je t'aurai présenté à mon plus proche ami?

Là, il se tait et fixe un point invisible à sa gauche. Ses longs cheveux blonds son éparpillés sur son visage. À le voir ainsi, de profil, on aurait dit une sculpture grecque.
Le silence refait surface. Je n'attend aucune excuse de sa part, il ne le fera pas. J'ai passé suffisamment de temps avec lui pour savoir qu'il ne s'excusait jamais. Toutefois, son visage se radoucit, il semble se détendre.

- Je te dépose?
- Oui, pourquoi pas.

Je me lève en même temps que lui et nous sortons ensemble du restaurant.

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Aujourd'hui, c'est dimanche. Et étant donné que Denis, mon troisième frère, est venu de l'université pour passer ses vacances à la maison, ma mère a tenu à ce que nous soyons tous réunis pour la journée.
Elle a pu joindre Jonathan qui sera présent sans sa petite amie qui est en voyage, Ignace qui a pu se libérer vu que sa femme enceinte est chez ses parents, et moi qui habite au coin de la rue.

Il est 9h, je viens de finir de me préparer. Le temps est clément, alors j'ai mis une longue robe légère et des sandales basses. J'ai les cheveux coupés courts donc il n'y a pas grand chose à faire avec. J'attrape mon sac en bandoulière, y met mon téléphone avec de l'argent -avec mes frères, on ne sait jamais- puis je sors fermant la porte à clé.
Je décide de faire le court chemin à pied. Tout en marchant, je me met à penser à la discussion que j'ai eu avec Shawn le soir du mercredi. Il m'a donné ses impressions sur Maurice. Et même avec ça manie de toujours tourner autour du pot en passant par des euphémismes, j'ai facilement compris qu'il n'avait pas vraiment apprécié mon compagnon. Et je lui ai avoué, sans grande joie, que du côté de ce dernier, ça semblait être réciproque. Il a ensuite essayé de me remonter le moral en insistant qu'il ne se fiait pas à sa première évaluation, mais je sais que son jugement restera tel qu'il est. Je connais à peu près Maurice, et avec du recul je constate qu'ils sont tout les deux trop différents.
J'arrive devant la maison. Je m'apprête à sonner quand elle s'ouvre à la volée sur mon petit Denis, qui est poursuivi par Sylvain.

- Tu m'avais pas dit que t'avais une petite copine, petit frère! Lance-t-il en se cachant dans mon dos.

- Je. N'ai. Pas de petite copine! Combien de fois je vais t'le répéter? Répond notre cadet sur le seuil de la porte.
- Ah? Et le "tu sais Linda,je t'aime vraiment. Je ne veux pas qu'on se sépare." Suivi de "Moi non plus, mon Sysy, ça va aller. On va surmonter ça." Hein?

Intéressant...

- "Sysy" hein? Je pensais que tu détestais quand je t'appelais ainsi! Interviens-je.
- J'y crois pas, il a fouillé dans mon portable! Je vais t'égorger Denis!

Ce dernier rit à gorge déployée. Sylvain veut l'attraper mais je fais obstacle et leur demande d'arrêter.

- Sylvain, excuse-le. Et toi Denis, sérieusement?
- Quoi? Je ne l'ai pas fait volontairement. Faut avouer que lorsque son téléphone a vibré et que "Lindy chérie" est apparu, j'ai laisser ma curiosité scientifique parler, se défend-il la main sur le torse.

- Tu ne changeras jamais! Rigolé-je. Viens là! Lui dis-je en l'attirant dans mes bras.

Il répond à mon étreinte mais doit se baisser légèrement à cause de sa grande taille.

- Bizarrement, tu m'as manqué grande-sœur.
- Oh, c'est mignon! Vous pouvez rentrer maintenant non? Dis Ignace derrière Sylvain.

Je le salue en le serrant lui aussi dans mes bras et nous entrons ensemble dans le salon.

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Je l'ai trouvé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant