- Je parie que Jo va encore se ramener avec son pull à rayures jaunes et noires, lancé-je.
- Mais non. Depuis la dernière fois que je l'ai vu, il a sûrement pris en musculature. Je suis sûre qu'il ne rentre plus dedans, rétorque Denis.
- Tu crois ça? Attend de voir. Tu paries combien?
- 20$, vu que je sais que j'ai raison.
- À ta place, je ne serais pas si sûr de moi, intervient Sylvain, tu vas perdre.
- Voyons ça.Ça fait 15 minutes que je suis arrivée et Jonathan n'est toujours pas là.
En ce qui concerne le pari, mon petit-frère a depuis ses 14 ans je crois, un pull à rayures dans le genre Dalton ou Ducobu. Il ne s'en séparait que très rarement. Mais je pense que Denis peut avoir raison, après tout, il a 28 ans maintenant et il a fort grandi, surtout en maturité. Et je l'ai vu dernièrement, avec sa fiancée, il ne l'avait pas. Bon, 20$ de perdu, ça peut aller.On sonne à la porte et Ignace, qui discutait avec papa, se lève pour aller ouvrir. Il revient ensuite dans le salon suivi par le membre qui manquait.
- Bonjour chère famille, commence-y-il de son ton théâtral.
- Vire-moi ces longs discours et pose tes fesses sur le canapé, répond Sylvain.
- Sylvain, ton langage! Dis maman depuis la cuisine.
- Pardon maman, je retire!
- Ah, mais c'est qu'il est resté le fils chéri à sa maman, notre Sylvain, Rajoute Denis.Jonathan va embrasser maman dans la cuisine après nous avoir tous salués. Puis il revient et s'installe entre moi et Denis, en mettant ses bras sur nos épaules.
- Ça fait du bien de te revoir, Denis.
- Je suis content de vous retrouver, moi aussi.Je me racle la gorge puis m'adresse à Jo.
- Je pensais que tu ne voulais plus de ce pull.
- Jamais de la vie, qu'est-ce qui te fait dire ça?
- Bah, tu le mettais plus.
- Non non! Je ne le mets pas devant Hanna parce qu'elle le déteste. Alors comme elle n'est pas là, j'en profite.
- Mais il te convient toujours? Demande Denis.
- Ce n'est pas le même, je m'en suis trouvé un pareil plus grand.
- Par ici la monnaie, Dede, lui dis-je la main tendue vers lui.Sylvain rigole face aux râlements de Denis.
Ignace, le plus discret d'entre nous, sourit simplement.- Je vieillis, mais vous, vous ne grandissez toujours pas, dis mon père, Noémie, tes enfants ne changeront jamais!
- NOS enfants, Dany. Rétorque maman.
Nous repartons à nouveau dans un rire général. Cette ambiance a duré toute la journée.
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Aujourd'hui, c'est un jour particulier pour mon meilleur ami. Depuis que je considère Shawn comme tel, j'ai pris la décision de ne jamais le laisser seul tous les 5 août.
Il est 8 heures, je me lève rapidement et me prépare pour pouvoir aller chez lui.
Une fois prête, je quitte mon appartement et me dirige vers l'arrêt de bus. Ce dernier arrive en même temps que moi, je m'engouffre à l'intérieur et m'installe.Shawn vit toujours chez ses parents. Il a son petit coin à lui au fond du jardin de ses parents, il s'est toujours plu ainsi.
Je dois passer par la maison de ses parents avant d'arriver chez lui, vu qu'il n'y a qu'une seule entrée.
Je toque à leur porte et c'est sa mère qui vient m'ouvrir, les yeux rouges légèrement gonflés.- Oh, Cathy! Je ne me fais pas prier avant de la prendre dans mes bras.
Elle se laisse faire et se remet à pleurer silencieusement dans mon cou.- Vous avez le droit, vous savez? Ne vous retenez pas, lâchez tout. C'est moi, personne d'autre.
L'afro- américaine ne se fait pas prier. Elle pleure, elle pleure sans s'arrêter.
Je la conduis vers le salon et nous installe sur l'un des sofas.
Je me sépare un peu d'elle mais garde ses mains dans les miennes.
Nous ne parlons pas, seul ses reniflements emplissent la pièce.- Je vais prendre le relais, déclare son mari qui descend des escaliers le visage plein de cernes, Shawn a besoin de toi.
- Bonjour Thomas, le salué-je poliment, d'accord j'y vais.
Ni une, ni deux, je me lève à la hâte et me presse de traverser le jardin.
J'arrive devant sa porte et entre sans prendre la peine de toquer. Je ne le trouve pas dans son salon, ni dans la petite cuisine. Je me dirige vers sa chambre, où je le vois assis à même le sol, entouré de plusieurs albums photos. En entrant dans la chambre, j'entends ses sanglots.
Je m'approche et m'agenouille devant lui avant de le prendre dans mes bras. C'est à ce moment qu'il sort tout, il tire sur mon chandail beige et pleure de plus en plus fort. Je me contente de le caresser les cheveux dans un silence religieux, essayant moi aussi de freiner mes larmes qui menacent de couler.
Après environ un quart d'heure, il se calme. Je me relève et l'incite à faire de même. Je range un peu les photos et, toujours sans parler, je le dirige avec moi vers son lit où nous nous asseyons le dos contre la tête du lit. Comme tous les 5 août, je l'assiste du mieux que je peux. Comme tous les 5 août, il dépose lentement sa tête contre mon épaule. Comme tous les 5 août que nous avons passé ensemble et que nous passerons encore ensemble s'il le veut bien, je continue et je continuerai de lui apporter cette épaule dont il a besoin.- Ça fait 5 ans.
Je ne réponds pas, je le laisse continuer.
- Hillary aurait eu 20 ans aujourd'hui. Je sais que ça m'empêche d'avancer, mais j'aime imaginer tout ce qu'elle ferait, tout ce qu'elle serait devenue si elle était encore là. Elle me manque tellement.
- C'est normal Chouchou.
- Mais je suis en paix. Tu sais pourquoi, Nat? C'est parce que le Seigneur m'a donné cette paix. Il a su réparer mon cœur et me consoler. Je suis apaisé parce que je sais que ma sœur est entre de bonnes mains.Je lui souris, marquée par ses paroles. Contrairement à moi, Shawn est né chrétien et a su le rester. Il est à fond dans sa foi, et ferme dans ses convictions.
Je suis née chrétienne, j'ai grandi dans la foi de mes parents. Mais en grandissant, je me suis éloignée de Dieu, je me suis perdue. Shawn fait de son mieux pour m'aider à me retrouver: les premiers et derniers dimanches de chaque mois, il me tire de force pour aller à l'église avec lui. Et aussi, pour mes 32 ans, il m'a offert une bible et m'a fait promettre de lire au moins un verset par jour. Je dois avouer que petit à petit, tout cela me transforme, me fait grandir. Et je dois tout cela à mon ami.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
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Je l'ai trouvé
Casuale- Il a peut-être toujours été à tes côtés, celui que tu attends. - Non, je l'ai trouvé et il m'attend chez nous avec nos enfants. - Ouvre les yeux Natacha...