Chapitre 1

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Étant petite, je pensais du ciel que c'était un monde dans lequel tout le monde était heureux. Que là-bas, tout rêves devenaient possibles. Ayant des problèmes familiaux, je ne pouvais qu'entendre les cris et les pleurs de ma mère tous les soirs. Les appels secrets passés par mon père à des inconnues. Je me souviens encore de ses sales paroles passant par ce foutu téléphone. Le soir, jamais je ne peux manger avec mes parents rassemblés. Le silence s'entend bien trop. Ma mère se met parfois à pleurer, et pour une raison que je ne connais pas,elle me hurle dessus. Ces paroles me blessent quand elle me dit que tout est de ma faute, que si mon père est parti, c'est parce que j'étais de trop dans cette maison. L'envie de manger s'en va en un claquement de doigt, et donc, il y a plusieurs soirs où j'allais me coucher le ventre vide, mourant de faim, mais ne disant rien de peur à avoir encore des regrets de l'avoir fait. Quand l'heure vient, je me glisse sous ma couette encore froide de ce matin, et commence à serrer fort mes draps pendant que des perles d'eau coulent doucement sur mes joues. Je ne ressens que haine et peur, que colère et tristesse, je ne suis pas heureuse. Parce qu'à mes yeux, le bonheur n'existe pas. Le bonheur n'est qu'un mensonge parmi tant d'autres.

Ce matin, je me réveil difficilement avec le mal que j'ai eu à m'endormir hier soir. Je lève les yeux vers ma fenêtre, regardant le ciel sombre d'un matin d'automne. Je ne dors jamais les volets fermés pour pouvoir le regarder à chaque seconde de son existence. Il me fascine. Même triste, il reste incroyablement beau. Quand ça ne va pas, je tourne mon regard vers lui et lui demande quand vais-je arrêter de pleurer,de crier. 

Je me blottis alors dans les draps quelques minutes avant de me décider à en sortir. Je m'habille et fonce en direction de la cuisine. Hier, encore une fois, je n'ai pas mangé, mon ventre cria lors famine et je prends quelque chose pour combler ce vide qu'il me fait comprendre en jetant quelques bruits par-ci par-là. Je déguste le gâteau que je tiens dans les mains et le finis très doucement pour aller chercher mon sac de cours par la suite. Je ne veux pas y aller.. Les autres ne me comprennent pas, je n'ai jamais compris pourquoi. 

Je cherche sur le frigo, le post-it que ma mère colle chaque matin sur ce dernier pour me dire où est mon déjeuner pour le midi, mais je ne trouve rien. Ce matin, comme d'autres, ma mère n'a laissé aucune petite feuille jaune sur le frigo pour me dire où était posé mon déjeuné. Je me rends aussi compte qu'elle n'a pas pris le temps de me faire ce dernier. Devant le frigo couvert d'un blanc neutre, je baisse les yeux et m'accroupis au sol. Je place mes mains devant mon visage et essaie de me répéter que ça n'est pas grave, qu'il y aura bien quelqu'un qui pourra me donner un morceau de son déjeuné pour ce midi. J'aurais pu le préparer moi-même, mais il est l'heure de partir, alors je prends mon sac d'un geste assez violent, puis, de colère, je claque la porte.

Cette dernière fermée,je me dirige alors sur le chemin de l'école tout en levant la tête vers le ciel qui ne veut toujours pas se dégager et laisser place à quelques rayons de soleil. Je contemple cette immensité nuageuse et me mets à sourire. Au final, je crois que c'est le seul qui me ressemble vraiment. Je baisse mon regard vers les grilles de mon établissement, je suis arrivée. Traînant des pieds, j'avance en direction des casiers pour récupérer quelques affaires à moi. 36..37.. 38 ! Voilà mon casier ! J'y pénètre la clef et la tourne légèrement pour entendre un léger « clac » me prouvant que ce dernier était enfin ouvert. Récupérant deux cahiers qui me manquaient, j'entends, dans la rangée de casiers à côté de la mienne, quelques personnes parler. Je reconnais des filles au son de leur voix, elles sont trois je pense. Puis j'entends soudain mon nom et ouvre grand les yeux sous le choc de leurs paroles.

- Elle ne fait que mentir en plus ! Je pense qu'on ferait mieux de s'éloigner d'elle. Elle a une mauvaise influence sur nous, et moi, je ne veux pas devenir comme elle..

- En même temps, à qui a-t-elle dit au moins une seule fois la vérité ?

- Ouais tu as raison. Bon alors c'est décidé, je ne parlerai plus à Skyler.

- Moi non plus.

- Je vous suis les filles !

Mon cœur se serra et la haine ne fit qu'augmenter plus encore. Je serre fort mes poings et ferme les yeux quelques secondes. Le monde dans lequel nous vivons n'est qu'un pur déchet. Le bonheur n'est pas réel, nous ne faisons de lui qu'un simple masque. Si nous sommes heureux, ça n'est que pour un moment. Si nous n'avons pas cette touche de noire dans notre vie, on arrive à s'ennuyer. Je ne confierai ni peines ni secrets à cette horrible espèce, je ne sais même pas ce que je fais à leurs côtés. Ont-ils compris qu'ils mentaient eux mêmes la plus part du temps ? Je cherche une personne. Juste une seule qui saura lire le désespoir qui se cache dans mes yeux, qui saura effacer ces milliers de problèmes qui hantent chacune de mes nuits. 

Dis-moi ton nomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant