Chapitre 4

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Étonnée, je me rends compte que c'était un journal que j'ai tenu de mes 6 ans jusqu'à mes 12 ans. Ses bords rigides sont couvert d'une légère couche de poussière, qui recouvre ses vieilles couleurs claires. Il est fermé d'un cadenas ayant pour forme celle d'un simple rond munit de quelques décores. Je me demande bien où j'ai pu mettre la clef.. Pendant quelques minutes, je n'ai fait que de le tourner dans tous les sens.Jusqu'à ce qu'une clef, de couleur argentée, tombe de celui-ci. Toute excitée, j'ouvre alors ce dernier et regarde attentivement la première page, où je n'ai su que dessiner le soleil et écrire des phrases comme, « Ça n'est pas ton journal !Referme le avant que je ne m'énerve ! ». Je me mis soudainement à rire aux éclats, quand je m'aperçus que j'avais écrit mon prénom avec une petite faute d'orthographe. Une à une, je tourne les pages, mais ces dernières sont blanches.. Au bout de la dixième feuille que je tourne soigneusement, je m'aperçois que quelques phrases sont notées.

« Samedi 15 décembre

Cher journal,aujourd'hui, je fête mes 8 ans et je suis sûre que maman et papa vont m'offrir un avion ! Ils doivent le cacher dans le garage !Mais j'ai un petit problème, je ne sais pas encore piloter un avion moi.. Mais ça doit être facile ! Comme ça, j'irai rejoindre mes amis dans le ciel et je pourrais leur faire des centaines de câlins ! »

J'arrête alors de lire et me souviens de ce monde, que petite, je m'étais inventé. Triste, je parlais vers le ciel et me répondais à moi même, en me faisant croire que des enfants de mon âge me parlaient silencieusement. Je parlais beaucoup de l'existence de ce monde inventé. Il n'appartenait qu'à moi, et j'étais sois disant, la reine de celui-ci. Je souris et d'un air nostalgique, je continua ma lecture..

« Les enfants à l'école ne sont pas gentils avec moi, mais je suis certaine que c'est parce qu'ils sont jaloux de mon monde ! Hier,j'ai dit à Anna et Esteban que mes amis du ciel avaient des ailes et qu'ils volaient tout le temps au dessus de ma maison. Mais ils m'ont dit que je n'étais qu'une menteuse.. Pourtant, je leurs avais dit qu'un jour je les emmènerai voir mes amis du ciel puis qu'on jouerais tous au ballon prisonnier et au loup. C'est pas très gentil qu'ils aient rigolé de mes amis du ciel et moi. A leurs place, j'aurais été super heureuse ! Il est tard et je ne dois pas me faire disputer par maman et papa, sinon je ne pourrais plus t'écrire ! Alors je te laisse, à demain ! »

Prise de pleines mains par les souvenirs, je referme alors doucement le journal que je tiens délicatement dans mes mains. Je suis heureuse de l'avoir retrouvé. Me souvenir de ce passé, c'était comme replonger dans une vie précédente. C'était retrouver un univers magique dans lequel j'ai vécu pendant des années. A cette époque, mes parents étaient de vraies âmes sœurs, mais tout ça a bien changé. Les problèmes familiaux ont ravagé ma vie, tel un tsunami sur une ville remplit de millions de choses. A l'école, les choses n'ont jamais été aussi simples. Pour cause de mes histoires, les autres enfants me traitaient de menteuse, mais, je ne comprenais pas.. J'y croyais tellement à ce petit monde vivant au dessus de ma tête d'enfant.Malgré cela, je ne voyais que le bien des choses, les bons côtés de la vie, sans savoir que le bonheur n'était donc qu'un moment, qui peut s'enfuir aussi vite qu'une étoile filante traversant le ciel.

Ma mère n'est toujours pas rentrée. Il est bientôt 23 heures et je tourne en rond m'inquiétant tout de même pour elle. Je décide alors de lui envoyer un message, lui demandant ce qu'elle pouvait bien faire, mais je n'obtiens aucune réponse. Je passe un appel, puis deux, puis trois.. Mais toujours rien. J'ai laissé 6 messages vocales sur sa messagerie. Je n'ai rien, pas une seule nouvelle. Ça fait maintenant plus de 30 minutes que je tourne en rond sans ne savoir quoi faire. Je décide de me faire à manger. En préparant ce dernier, je souris calmement tout en me disant qu'enfin, ce soir, je pourrais manger dans un calme absolu. Sans avoir à entendre sans cesse les insultes et pleurs de ma mère. Sans m'endormir avec des regrets me restant dans la tête.

Il est presque minuit, mes yeux se ferment doucement attendant d'être bercés par le clair de lune et ses milliards d'étoiles décorant le ciel remplit d'un noir sans fin. Je décide de laisser la porte d'entrée ouverte au cas où si ma mère se décide à rentrer. Puis je pars toute endormie en direction de ma chambre. J'ouvre la porte,la referme et m'enfuis dans ma couette encore fraîche de ce matin.Ce soir, je m'endors avec le sourire. Ça fait des nuits et des nuits que j'attendais ce soir là, ce moment précis. Je ferme alors les yeux et la lumière blanchâtre de la lune sur mon visage pâle m'endors. Ce soir, le monde est calme. Ce soir, j'aime le monde entier.

Il est 3 heures et demi du matin, je me réveille alors en sursaut par un énorme claquement de porte. J'aurais prier pour que ce soit ma mère et non une personne inconnue à mes yeux, mais à ce moment là,j'aurais prié le contraire. J'entends ma mère crier mon prénom,encore et encore. Je ne réponds pas et vais directement fermer ma porte de chambre à double tour. Parce que je sais qu'encore une fois, elle est rentrée saoule. J'aurais dû m'y attendre.. J'entends les insultes défiler, les injures se répéter et les menaces résonner. Puis, un son grave et grinçant à la fois se fait percevoir, elle répète sans cesse ces mots.. « Tiens !Ça c'est pour toi ! Même si l'on sait toutes les deux que tu mérites pire ! ». Je ne comprends pas, je ne comprends plus. Je ne veux plus entendre pendant un moment. Je veux que le monde s'arrête. Je veux frapper les murs jusqu'à ce qu'ils s'effondrent. Il n'y a ni mots, ni gestes pour exprimer le mélange de ma colère, de ma haine, mais aussi de ma peur et de cette tristesse en continue. Je m'assoie sur mon lit, couvre mes oreilles à l'aide de mes mains et attends que ma mère se calme. Je n'en peux plus, je suis fatiguée. Laissez moi m'endormir sur la lune, sans personne,dans le silence infini de la nuit.

Dis-moi ton nomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant