Son âme dans un bocal [TERMINE]

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Ce matin Gabriel est en retard.

Tout en discutant avec les gens qui passaient, l'air de rien, tu as regardé vers l'escalier, espérant voir apparaître ses cheveux noirs. Tu n'aimes pas qu'il soit en retard.

Et maintenant, assise sur ta chaise, tu continues d'attendre, des nœuds dans le ventre. Tu griffonnes sur ton bloc-notes en espérant faire passer le temps plus vite. Mais les différentes possibilités enflent et enflent dans ta tête, terrifiantes et irrationnelles.

Peut-être que son réveil n'a pas sonné.

Peut-être qu'il sèche. Ce n'est pas très grave de sécher, mais tu n'aimerais pas que Gabriel le fasse. Il vaut mieux qu'il se concentre sur ses études, ou en tout cas qu'il évite de s'en détourner. Surtout à ce stade-là de sa scolarité. Ça ne lui apporterait que des ennuis.

Peut-être qu'il est malade. Encore une fois ça pourrait ne pas être un problème comme ça pourrait en être un. D'ailleurs, il ne resterait probablement pas cloué au lit pour un petit rhume. Quelles sont les probabilités qu'il ait attrapé quelque chose de grave ?

Une des raisons pour lesquelles tu n'aimes pas le voir en retard c'est cette perte totale de sens commun qui accompagne invariablement tout événement inattendu impliquant Gabriel. Toi qui es réputée pour être raisonnable, réfléchie et terre-à-terre.

Peut-être que son bus est en retard. Peut-être qu'il a eu un accident.

Peut-être qu'il est arrivé quelque chose à un membre de sa famille. Oh, pitié, pas ça. Il en serait brisé.

Gabriel vient d'arriver. Il a dit avoir raté son bus et est allé s'asseoir.

Il s'est écoulé exactement cinq minutes depuis la sonnerie.

Cours de philosophie de 8h à 10h.

Gabriel lève la main.

- Vous pouvez répéter après "de la vérité" ?

Il écoute distraitement, le menton ans la main. Tu te demandes s'il dort bien. Ses [yeux se ferment une fois deux fois trois fois.]