Chapitre 12 : Au cœur de l'intimité

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Chaque endroit de cette pièce me fascinait. C'était simple, sobre, mais efficace. N'importe qui aurait pu dire qu'il ne s'agissait qu'une vulgaire salle de musique, pourtant, quelque chose de fort s'en dégageait et ce n'était pas que par l'odeur enivrante du bois des quelques instruments posés ici ; c'était bien plus.

Finalement, j'osai faire quelques pas à l'intérieur, inspectant chaque recoin pour en profiter au maximum. Un piano, une guitare électrique, une acoustique, une basse et même un saxophone. Alors, ça, je ne m'y attendais pas... Bien évidemment, d'autres merveilles devaient être cachées un peu partout dans cette pièce, sûrement dans les placards.

— C'est magnifique, soufflai-je, éblouie.

Il entra à son tour et s'assit immédiatement sur le canapé qui trônait au centre de la pièce. Je m'installai avec hésitation à ses côtés.

— Pourquoi tu m'emmènes ici ? demandai-je d'une faible voix.

— Je ne sais pas... Ça m'est venu comme ça, lança-t-il instantanément.

Il prit alors ma main et la caressa tendrement, tellement que c'en était déstabilisant. Je sentais qu'il avait besoin de se livrer à quelqu'un et j'avais déjà l'impression d'être gênée, j'étais sûrement en train de rougir.

— Tu sais jouer de tout ça ? m'enquis-je pour briser le silence.

— Plus ou moins. Pour certains, ça fait des années que je n'y ai pas touché. Je doute savoir encore m'en servir...

Il m'adressa un bref sourire et c'était suffisant pour me perturber plus que jamais, mais je repris le dessus de la conversation, comme pour la détourner.

— J'espère que tu ne m'as pas amené ici juste pour m'exposer tout ça sous les yeux et que j'aurai droit à une petite démo, lançai-je, presque avec provocation.

— Eh bien... Comme tu veux...

Il se leva pour prendre la guitare acoustique puis revint à mes côtés, prêt à jouer n'importe quoi, mais il ne se lança pas et se contenta de me regarder.

— Aurais-tu une suggestion ? me demanda-t-il.

Je ne saurais dire si son mutisme avait duré un millième de seconde ou une bonne minute. Je n'avais vraiment aucune idée, alors je répondis par la première musique qui me traversa l'esprit :

— Don't fear the reaper.

Son sourire s'agrandit et je compris que mon choix était plutôt bon, peut-être même très bon.

— C'est la dernière musique que j'ai entendue, ajoutai-je à demi-voix.

— C'est un excellent choix. C'est une très belle musique.

Nous échangeâmes un bref regard accompagné d'un sourire, puis il effleura les cordes du bout de ses doigts, laissant échapper les premières notes d'une douce mélodie. Il se mit alors à chanter d'une voix calme néanmoins assez rauque comme à son habitude, et je l'observais, fascinée par tant de maîtrises.

« Come on baby, don't fear the reaper

Baby take my hand, don't fear the reaper

We'll be able to fly, don't fear the reaper

Baby I'm your man... »

Je ne faisais que le regarder, incapable de faire autre chose et subjuguée par la mélodie. Ça en devenait plus qu'excitant et je ne pus m'empêcher de poser ma main sur son épaule, ayant besoin de le sentir bien plus proche que moi. Il ne se soucia pas de ce contact et continua de jouer comme si de rien n'était.

Les Lâches vautoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant