Les raisins de la colère

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Cela faisait maintenant six mois depuis que cet instant magique était advenu devant la maison de Rose. Les semaines et les mois ayant passés, Paul et Rose étaient toujours autant complices. Passant des journées ensemble en plus de leurs cours respectifs, allant en centre-ville faire du shopping, dans des parcs à faire les imbéciles. Leur relation se présentait de prime abord comme étant au beau fixe.

Mais quelque chose s'était coincé à un moment donné dans l'engrenage de leur amour. Des crispations étaient en train de les ronger de l'intérieur. L'idylle s'était effritée petit à petit retombant en poussière sur le linceul de leur amour. Les relations s'étaient tendues vers le début du mois de Mars. Rose trouvant que Paul était trop sur son dos, lui parlant sans cesse, demandant toujours à la voir, étant toujours dans une perpétuelle recherche d'attention de sa part. Elle avait un besoin de liberté, d'espace, de vie tout simplement et le fait que Paul soit toujours derrière elle l'énervait de plus en plus. Elle arrivait tout proche d'un point de non-retour qui aurait des conséquences dramatiques sur leur relation.

Entre-temps, Emma avait rencontré Pierre, un élève de Première ES fan d'économie et de sciences politiques en janvier lors de la journée bol de riz. Pierre lui avait fait montre d'un savoir conséquent sur l'organisation politique française ainsi que ses limites. Emma avait été subjuguée par sa verve ainsi que son humour et ils avaient rapidement sympathisés. Ils s'étaient revus plusieurs fois avant d'officialiser leur relation.

Lundi 25 avril 2017

Paul, Rose, Emma et Maxime avaient cours de musique à 9 h. Ils devaient se mettre par groupe afin de passer devant le professeur en jouant un morceau composé par leurs soins. Ils s'étaient mis ensemble par rapprochement amical mais aussi parce que chacun jouait d'un instrument différent.

« C'est sympa qu'ils aient un piano au lycée. Ça ajoutera une touche délicate et romantique, fit Rose.

-Oui, tout à fait. Avec toi au piano, moi à la trompette, Maxime et Paul à la guitare cela fera un groupe assez éclectique aux sonorités bien différentes, remarqua Emma.

- Je trouve que ça manque de percussion, de pep's, enfin de quelqu'un qui donne le tempo, quoi ! Tenta Maxime.

-Oui, il faudrait amener un instrument qui ait un certain impact sur le groupe, dit Paul.

-Et si je proposais à Pierre ? Il fait de la batterie depuis 10 ans. On aurait quelqu'un d'expérimenté et de plus, ce serait l'instrument idoine car il répondrait à toutes nos attentes ! Proposa Emma.

- Bonne idée ! Approuvèrent les autres membres du groupe. »

Paul et Rose sortirent les derniers. Il attrapa Rose du bout de la manche de sa veste.

« Hey, Rose attends ! Je voudrais te parler, c'est important ...

-Mais qu'est-ce qu'il y a encore ? Tu répètes toujours la même rengaine ! Tu veux me parler à chaque fois mais c'est toujours pour me rappeler que tu m'aimes. C'est bon, j'ai compris à la fin. »

Et elle s'engouffra dans le couloir sans dire un mot de plus. Paul resta figé sur place, immobile dans la salle de musique. Il avait l'impression que la fin de la petite musique qui rythmait leur histoire d'amour approchait et que la dernière en sonnerait le glas. Il était tout simplement terrifié à l'idée de pouvoir la perdre. Il s'était tellement habitué à sa présence qu'il ne pouvait se l'imaginer.

Lorsqu'il arriva chez lui, il passa devant sa mère comme si elle n'était pas présente. Il se dirigeait vers sa chambre et aucun élément extérieur n'aurait pu l'en empêcher. Il balança son sac à côté de son lit et s'effondra dessus. Il ne savait plus trop quoi penser. Rose avait été tellement versatile en si peu de temps qu'il ne parvenait pas à comprendre pourquoi. Il se demandait si prendre de la distance arrangerait les choses entre eux dans la durée. Paul était perdu dans un tourbillon existentiel et il espérait en voir la lumière le plus vite possible.

Chroniques d'un amour décomplexéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant