Un goût étranger

Prologue

La religion a de loin toujours été l'idéalisme de mes parents, sous toutes les coutumes. Ils prétendaient constamment qu'une onde malveillante pouvait venir s'abattre sur nous et faire notre fin. Alors il fallait que je prie. Matin, midi et soir, à chaque repas et à mon temps libre : façon de remercier Dieu pour ce qu'il m'offre, ce qui me donne et m'apprend chaque jour depuis que je suis sortie de ma mère.

A ma première année de catéchisme, j'ai tout de suite trouvé cela ridicule, voir tous ces gosses de mon âge idolâtrant un être imaginaire -mes parents me déshériteraient si seulement ils avaient la faculté d'être télépathe, quoi que non, ils se suicideraient non-seulement car je leur ferais trop honte mais aussi car pour eux, le surnaturel ne doit exister. Rien en ces enfants m'attirait, ils étaient tous pareils. Mais avec le temps j'ai dû me faire à l'idée de les côtoyer.

À vrai dire, quand la Sœur Bonnita nous faisait l'accueil à l'église, j'avais toujours eu du mal avec le "bonjour, enfant de Dieu". Je suis l'enfant de mes parents. Pas d'un inconnu qui ne s'est jamais manifesté mais qui est idolatré pour je ne sais quelle raison.

Ma première année au lycée avait été désastreuse, et les suivantes aussi. Royce et Blenda n'étaient certainement pas le genre de fréquentations que mes parents visaient pour moi : une "dévergondée" et un intello accro aux sciences. Sans oublier Peet, le drogué de la bande. On formait à nous quatre un drôle de groupe, évidemment : une chrétienne qui se fringue avec des jupes traînantes au sol passant du temps avec une fille aussi cool de Blenda et un mec aussi apprécié et redouté que Peet n'était pas envisageable. Pour dire, même les camarades en science de Royce me fixaient d'une étrange façon.

Mais seulement voilà : en une seule soirée, une simple photo avec lui, et j'étais devenu la fille la plus adulé du lycée. Cela à l'instar de mes parents.

Et aussi bizarre que cela puise paraître, l'étranger est devenu ce goût que j'aime le plus.