Chapitre un : Croire ou pouvoir

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Les octaves décollent tandis que tout le monde dans l'amphithéâtre se lèvent; certains pour rejoindre un autre cour, d'autre car ils ont fini leur période. Moi, je me perds dans cette masse humaine, essayant de retrouver le haut rose bonbon de ma meilleure amie parmi tout ce raffut.

— Faith, je suis là !

Cette exclamation attire quelques regards indiscrets et également quelques gloussements. Drôle de se prénommer Faith quand ton père est un révérend qui fait un peu trop parler de lui. Le pire reste le fait que ma meilleure amie est aussi une grande gueule qui a toujours un truc à rétorquer sous la dent. Ouais, elle est un attrape-merde, tout comme Peet.

— Tu sais que tu n'as pas la nécessité d'hurler ? dis-je après être arrivé à sa hauteur.

Elle toise méchamment un mec qui avait fait une remarque à mon sujet et je la tire par le bras pour l'empêcher de toujours prendre ma défense, et je l'avoue : aussi pour éviter que je me fasse encore plus remarquer.

— Eh Livorth, la sainte-ni-touche t'emmerde profondément si tu veux tout savoir !

J'écarquille les yeux face à sa réaction, pas si choqué de son utilisation de vulgarité, mais plus car je ne m'attendais pas à ce que cela soit le quaterback qui ait réagi. Je me tourne et les yeux de ce dernier me scannent en souriant. 

— Elle est bonne, dommage qu'elle ne le voit pas. Elle manque quelque chose avec moi.

Je sens mes joues avoir un afflux de sang, mais tout d'un coup, Blenda se met à radoter.

— Ouais dommage pour toi plutôt, c'est une vraie chaudasse quand elle le veut, mais vu la taille de ton pénis elle ne manque rien ! 

La seconde après qu'elle ait lâché ces mots, nous sommes dans les couloirs menant au corridor du lycée. J'ai les doigts qui tremblent, et pas de froid c'est moi qui peux vous le dire. 

— Blend' Seigneur, qu'as-tu dit ! Ce garçon va vraiment me prendre pour.... pour...
— Pour ?
— Une fille dans ton genre quoi...

Elle tourne sa tête vers moi, le regard hautain et les yeux plissés dans la suspicion. 

— Et je suis une fille de quel genre, Miss Prude ?
— Euh...
— Dit salope, m'ordonne-t-elle crûment.
— Qu-quoi ?
— Dis-moi, que je suis une salope.

Je n'en crois pas mes oreilles. Elle vient vraiment de se traiter de ... ça ? Blenda soupire et me fixe dans les yeux.

— Avoue au moins que c'est un gros connard ce mec si tu veux pas m'insulter !
— C'est quoi ton problème ? cinglé-je, n'ayant pas du tout l'envie de dire ce mot à son égard à lui, tout comme à elle.

Autour de nous, les élèves se dépêchent de poser leurs affaires pour partir du lycée. Je soupire, me rappelant que demain nous sommes en week-end. Dimanche dernier j'ai réussi à être dispensé de messe, mais cette fois je n'y manquerai pas, à part si un miracle de Dieu arrive. 

— À toi de me le dire, répondit-elle du tac au tac. J'expérimente juste le fait de t'inculquer quelques vocabulaires de basses, de notre génération quoi.  
— Me les inculquer ? Je ne suis pas une enfant, Blenda, et je n'ai pas besoin de dire d'insultes.
— Dit-elle, hein. Ce connard de Shane n'avait pas à te traiter de-
— Je me fiche de ça, Blenda, ce ne sont que des futilités. 

Elle se renfrogne et finit de fouiner dans son casier tandis que je tourne mon regard vers les panneaux d'affichages. La pièce du groupe de théâtre est samedi soir, et j'ai vraiment envie de m'y rendre. Mais connaissant mes parents, ce sera hors de question. Je vois déjà mon père me fixer avec ses sourcils en bataille froncés, et ma mère avec les poings sur les hanches. La moue affable sur son visage. 

Un goût étrangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant