J'ai perdu Patience. Savez-vous où se cache-t-elle ? Je regarde ici et là mais tout ce que je vois c'est la longue file indienne qui prend toute la largeur du trottoir et s'étend le long de la rue jusqu'au coin tournant. C'est énorme. C'est too much.
En soupirant, je passe mes bras autour de ma poitrine. Blenda devant moi rigole en montant sur le dos de Royce et Peet se trouve être au téléphone. Vu l'expression qu'il affiche, la discussion avec son interlocuteur ne doit pas le réjouir. En une demi-heure d'attente, ils n'ont fait entrer que les acteurs du film, cependant Blenda n'a pas manqué à me faire remarquer qu'il en manquait un à l'appel. La tête du film ne s'est toujours pas pointée, et on se retrouve tous comme des idiots à patienter encore et encore sa venue.
— Bon, si ça bouge pas je demande un remboursement de ma place ! commence à râler une fille un peu plus loin derrière.
Plusieurs autres personnes s'agglutinent à son raisonnement et rapidement tout devient instable. Les vigiles doivent garder au maximum la tête froide face aux remarques de certains cinéphiles, et pourtant l'envie de les envoyer chier se lit clairement sur leurs visages.
— Quels bourrins alors, pourquoi font-ils chier comme ça ? commente Blenda en descendant du dos de Royce.
— Ils ont en marre, et il fait froid. Moi aussi, je crois que je vais me retirer. je lui réponds, abrupte.Peet, qui a entendu ma répondu m'offre LE regard sombre me défendant de faire quoi que ce soit malgré le fait qu'il soit momentanément occupé. Et cela me suffit à ne plus ouvrir la bouche durant un instant. Royce finit par interpeller calmement un vigile pour lui demander quand est-ce que nous pourrions rentrer.
— Normalement on devait attendre l'arrivée de monsieur Davidson. Mais comme l'heure de départ du film approche, nous allons vous faire circuler dans la salle, nous informe-t-il en souriant.
— Il a un souci avec le transport ? questionne Blenda.Le vigile pouffe de rire en haussant les épaules. Je vois très bien que sa réaction sens le sarcasme.
— Disons juste que monsieur aime faire languir son public.
Et cette phrase n'est pas anodine. Pour tenir un propos dans ce genre, il n'y a que deux explications plausibles : soit Corydwen est un sacré... Un sacré gars embêtant sans le faire exprès. Soit il aime se jouer des autres et il en a tout à fait conscience, en joue même grâce à son influente personnalité. Décidément, dans aucune des deux cas, il semble être une personne accueillante. De toute façon, quelles sont les chances qu'il débarque, à environ dix minutes du film ?
— Ah ! Ils nous font enfin entrer ! Dépêche-toi Faith, m'appelle Blenda en m'empoignant le bras brusquement.
Je la suis sans rien dire et soudainement, je me rends compte avoir abusé sur le soda après avoir mangé chez Peet. Ma vessie se crispe sous ma subtile demande alors que j'apperçois les toilettes non loin. Je n'ai jamais été une fille qui réussie à se retenir de faire ses besoins à défaut d'être prévoyante et m'y rendre toujours avant que le message soit diffusé à mon corps. Après un moment d'attente -clairement moins long que depuis notre arrivée-, nous pénétrons la salle de cinéma, c'est ce moment là que je choisis pour m'éclipser sans qu'ils ne le remarquent afin de me rendre aux toilettes.
Ici, tout ce qui nous saute aux yeux est le marbre blanc fissuré de délicates veines noires de la vasque du robinet d'eau. Luxueux, c'est bien le terme. Compte tenu de l'argent déboursés par la mairie pour la création du cinéma, on peut bien se l'imaginer. Pendant une période, cette monstrueuse somme était sur toutes les bouches à Ravenswood. C'était à se demander même où ils avaient déniché les fonds pour rassembler autant d'oseille.
Sans plus m'éterniser, j'entre dans une cabine et reste silencieuse, aux aguets de n'importe quel bruit suspect. J'aime être seule aux toilettes, et non pas à l'entente ou même le fait de savoir qu'une personne peut s'imaginer ce que je fais me répugne. La discrétion, c'est vraiment maladif chez moi soupirai-je.
En sortant des toilettes, les mains encore mouillées car le séchoir est hors service, je regarde autour de moi assez étonnée du silence de la pièce. Il n'y a absolument personne ici, les secrétaires ne sont même pas présente à l'accueil. Cela me parait dans un premier temps assez étrange, comme une tension plane autour de moi... comme si un regard me sondait mais que je ne pouvais pas le voir. J'ai beau fixer mes alentours, je ne vois rien. Peut-être suis-je devenue folle? En haussant les épaules, j'avance vers le corridor emmenant à la salle IMAX. Le coeur battant un peu plus vite, je sens un souffle dans ma nuque et une main se poser juste devant ma tête, sur la porte. Une croix religieuse à l'envers.
Je me retourne, et reste sans-voix face au regard glacial qui me scrute. Une mâchoire carrée anguleuse et une barbe de trois jours mal entretenue. Sans que je ne puisse faire le moindre mouvement, cet homme m'avait épinglé contre la porte, les bras en hauteur et le visage dans mon cou. Un soupire quitta mes lèvres. Ces yeux me disent quelque chose.
— Une pure beauté, murmura l'homme.
Soudain, des flashs crépitent et quelqu'un tente d'ouvrir la porte dans mon dos. Je me dégage habillement de l'emprise de cet homme en entrant dans la salle IMAX qui ni impose aucune opposition, tentant d'ignorer les battements frénétiques de mon cœur. Ma respiration est bien trop rapide, si je me rends à ma place Blenda va directement détecter une anomalie dans mon comportement.
Je sursaute en sentant deux mains sur mes hanches juste au moment où je trouvais l'emplacement de mes amis. La luminosité s'est diminué jusqu'à noirceur. Une respiration dans ma nuque m'envoie des frissons dans tout le corps.
— Tu pensais pouvoir m'échapper ma jolie ? susurra l'homme.
Ses lèvres parcourent la peau en libre accès de par ma queue de cheval haute dans ma nuque. Je me mords la lèvre inférieure en me resaisissant. Hors de question de me laisser avoir par le sex apeal de cet homme.
— Lâchez-moi, ma voix tonne dans l'air.
— Tu es si réceptive, pourquoi perdre du temps.Une succion.
Des milliers de sensations me transcendent. Sans me contrôler un gémissement m'échappe, un grognement vibre sur ma peau. De nouveau, les battements frénétiques de mon cœur revivent. Il reste un moment à aspirer ma peau pour finir par la mordiller. Je pris l'initiative de me retourner ses instinctivement, ses lèvres rencontrent les miennes. Tout se mélangea dans ma tête, je suis maladroite et ne sais pas comment réagir. Je ne savais même plus quel mouvement effectuer lorsqu'il rompa tout contact avec moi, avant de disparaître dans la pénombre.
Tremblante de désir, je tente de me reprendre et de rejoindre ma place. Au diable les suspicions de Blenda, j'ai besoin de m'asseoir quelque part. Dès que je fus installée, mon souffle se coupa en fixant le visage diffusé en géant face à moi.
— Jésus Marie Joseph, laissai-je s'échapper complètement pétrifiée.
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Un goût étranger
RomanceUne collision entre deux mondes totalement distincts : la religion et Hollywood. Elle était la jeune fille unique du révérend, bonne et généreuse. Les qualificatifs recherchés par cet homme pleins aux as, mais dans un sens plus physique que morale e...