LAST ONE

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‭"Nous voudrions rendre hommage à Bertrand Chameroy et sa femme Alice en ce soir si triste du 15 août, annonce silencieusement Camille. Malheureusement, ils sont partis. Alors.."

Il ne put continuer qu'il effondra en larme. Le jeune montagnard repensa au sourire de sa jolie cousine et des blagues que s'échangeaient les deux hommes à travers leurs bureaux. Ce soir-là, la joie n'était pas au rendez-vous sur le plateau de Touche Pas à Mon Poste. Le Pakistanais s'approcha de Camille les larmes aux yeux et l'enlaça doucement. Tous les chroniqueurs étaient assis autour de la table et pas un seul ne parlaient. Ils avaient tous été touchés par la mort tragique de leurs deux amis sincères. Camille décida de continuer.

‭"Alice était ma cousine et Bertrand mon meilleur ami et ils resteront à jamais dans nos cœur, ajouta-t-il la voix tremblotante. C'est l'histoire d'amour la plus belle que je n'ai jamais vu. Ils s'aimaient les deux là, depuis le premier jour. Alors, j'ai fait une petite vidéo d'hommage pour eux. J'espère que vous m'entendez vous deux la haut, je vous aime bordel! cria Camille."

‭Camille pleura à chaud larme et les régisseurs lancèrent la vidéo. Camille avait ajouté la chanson favorite d'Alice en fond. Alicia Keys, If I ain't got you. Camille avait toujours pensé que cette musique définissait bien le jeune couple tant amoureux. Tous les regards portèrent vers la vidéo. Celle-ci retraçait la vie d'Alice et de Bertrand depuis leur rencontre le fameux soir de la fête. Ensuite venait des photos avec tous les chroniqueurs, une vidéo d'Alice et Bertrand en train de danser un rock, une photo de tous les chroniqueurs et d'Alice lorsqu'elle était venu sur un prime, des photos de Bertrand à l'hôpital avec Alice qui tenait fermement sa main, des photos d'Alice et Camille, de Bertrand et Camille aussi et des photos de leurs alliances. Certains chroniqueurs souriaient à chaudes larmes. Et pour finir, les dernières secondes de la vidéo étaient des photos qu'Alice et Bertrand avaient envoyé à tout le monde durant leur séjour en Australie.

Some people want it all

But I don't want nothing at all

If it ain't you, baby

If I ain't got you, baby

Some people want diamond rings

Some just want everything

But everything means nothing

If I ain't got you, yeah

La salle était remplie de larmes. De tristesse. De pleur. De mouchoir. De reniflement. Plus personne ne parlait. Le silence faisait un bien fou. Personne ne pouvait y croire, mais en réalité, personne ne voulait y croire.

13 aout 2015, Australie

Après une nuit torride passée en compagnie de sa bien-aimée, Bertrand ouvrit enfin les yeux. C'était le plus heureux des hommes. Il se retourna et aperçu le visage apaisant d'Alice qui était déjà éveillé. Les deux souriaient en repensant à la nuit dernière. Bertrand caressa le visage d'Alice et elle se blottit contre son torse. Le soleil australien réchauffait leurs deux corps. Pour aujourd'hui, ils avaient décidé d'aller se balader sur le marché de la plage. Les Australiens étaient si accueillant et hospitaliers. Hier soir, ils se disaient qu'ils pourraient peut-être emménager ici. Mais pour l'instant, ce n'était pas la question. Ils voulaient juste profiter de leur magique voyage.

Après s'être préparés, Bertrand et Alice sortirent de leur appartement qui donnait sur la plage. Ils marchèrent tranquillement, les pieds dans l'eau en si dirigeant vers le joli marché de la ville.Après s'être préparés, Bertrand et Alice sortirent de leur appartement qui donnait sur la plage. Que des rires, des sourires. Tout ce qu'Alice aimait. Mais cette jolie matinée allait être de courte durée. Le marchand en face d'eux voyaient les oiseaux s'envolaient vers le nord. Il savait ce qui allait se passer. Mais il ne voulait pas effrayer les deux amoureux. Alors il ne dit rien. Mais elle arrivait. Elle arrivait vite, très vite. Soudain, des cris se firent entendre. Tout le monde se retourna vers la plage d'où les cris venaient. Elle était là. C'était finit. Alice serra plus fort la main de Bertrand. Il tourna la tête vers elle et colla son front contre le sien. Ils savaient tous les deux que c'était terminé. Mais ils n'avaient aucun regret. Aucun. La vague courrait vers eux. Ils étaient paralysés par la peur. Alors ils fermèrent les yeux, et attendirent la fin.

On meurt tous à la fin de notre vie. Avec des regrets, ou sans. Jeune ou vieux. Doucement ou brutalement. On ne choisit pas notre mort. C'est elle qui choisit pour nous. Elle décide si on souffre ou non. Elle choisit si on meurt seul ou non. La mort, c'est l'énorme vague affamée qui engloutit en une bouchée. C'est ce qui s'est passé le 13 août 2015 en Australie. Des milliers de personnes ont été tués. Il faut croire que la mort avait faim ce jour-là. La vague les a mangées, dévorées, broyées, mâché jusqu'à la dernière bouchée.  Surprise ! Cria-t-elle. Ils ne lui avaient pourtant pas envoyé un carton d'invitation dans l'histoire de leur vie. Ils étaient juste là, mais au mauvais moment comme on dit. Mais on ne peut rien faire contre les forces de la nature. La Terre aussi a des sentiments, ils faut croire. Comme nous, des fois, elle explose. Elle sourit, elle pleure, elle souffle, elle crie, elle gronde. Finalement, elle cohabite avec nous. Bertrand et Alice se sont fait manger aussi ce jour-là. Comme pleins d'autres. Ces deux-là avaient surfé sur la vague du bonheur, tranquillement, ils se l'étaient appropriée. Jusqu'à ce que ce soit la vague qui les dévore. Alors maintenant, ils ne surfent plus, mais ils dorment paisiblement au-dessus de la mer calme. Et maintenant tout s'est arrêté et plus rien ne compte.

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