Le Traînard

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Je me cache, je me cache, sous le lit je me cache, j'attends qu'il éteigne les lumières, qu'il se couche, je reste caché, je le vois à l'autre bout de la chambre, il baille, il est jeune, il doit avoir la quinzaine, il baille, je baille aussi, mais je ne fais pas de bruit.

Je le vois qui s'avance, il ne m'a pas vu, il fait noir sous le lit, la lumière est éteinte et ne reste allumée que la lampe de chevet à la droite du lit, ses pieds nus marchants sur le plancher font grincer ce dernier, ce bruit m'énerve au plus haut point, ce "criiiiiiii! criiiiiiii!" incessant qui a failli me faire remarquer la nuit dernière, heureusement il n'a pas regardé sous son lit, il s'avance de plus en plus, je me cache, je me cache.

Il soulève la couette, s'allonge, je l'entend qui s'installe et qui prend ses aises dans le sommier. Il prend un livre, je l'entend feuilleter, sans doute un de ces romans fantaisistes qu'il aime tant. Je suis toujours caché, j'attends le bon moment.

Ça y est, il a éteint la lampe de chevet, il dépose le livre sur sa petite étagère, le bras tendu que je vois entre le lit et l'étagère me donne envie, j'ai envie de l'agripper, de le traîner sous le lit pour que jamais il n'en ressorte, mais je dois guetter le bon moment, et avant tout rester caché, les parents rentrent dans la chambre pour le baiser du soir, le dernier normalement si tout se passe bien. J'ai de plus en plus faim, patience mon estomac, la chair, la chair fraîche s'endort au dessus de moi.

Ça fait des heures que j'attends, il remue, mais je ne vois pas l'occasion que j'attends tellement, je regarde, j'épie ses moindres mouvements, je l'aurai, je l'aurai ! je souffle sur ses pieds pour vérifier si il dort bien, le courant d'air froid le fait remuer, mais il dort!

Il dort, son bras pend le long du lit, c'est ma chance! Je l'agrippe doucement pour ne pas le réveiller, je met mes deux mains le long de son bras: une vers le coude et l'autre vers le poignet, je bloque ma respiration, je serre les mains et je tire d'un coup sec ! Avant qu'il ne se rende compte de quoi que ce soit, il est sous le lit, je met ma main sur sa bouche pour qu'il ne puisse plus parler, il se débat, je le frappe, je le frappe, mais il se débat toujours! La viande n'est plus tendre !

J'immobilise sa main droite, et, l'empêchant toujours d'hurler avec mon autre main sur sa bouche, je le mord au cou, je sens la peau qui lâche, le sang qui coule dans ma bouche avant de s'engouffrer dans ma gorge, je mord, je mord! Je sens ses artères qui grincent sous mes dents, j'effectue de petits mouvements de la mâchoire pour les couper. Il se débat, il se débat, il se débat de moins en moins, puis, je vois une larme qui coule sur son visage tandis que ses yeux deviennent blanc. Il ne bouge plus, il devient un poids! Je le dévore, le goût de la chair et du sang me viennent dans la bouche, je fais craquer les os avec mes puissantes mâchoires, je le dévore tout entier, caché sous le lit.

Il y a du sang par terre, qu'a cela ne tienne, je lèche le parquet pour en retirer la dernière goutte de sang, il ne reste rien de l'enfant, sauf peut être le souvenir de son goût qui restera dans ma mémoire, j'ai toujours faim, une faim de loup, je me glisse hors de ma cachette, je sors habilement par la fenêtre sans faire le moindre bruit, je vois une autre maison là bas, je crois qu'un adolescent y vit.

Quel goût aura-t-il ?

Histoires Épouvantes [Compilation 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant