Lac envoûtant

Nuit sanglante

Vers 19h, nous rentrâmes dans le chalet. Personne ne parla, personne n'osait dire quoi que se soit. Par contre, tout le monde pensait. Tout le monde revoyait cette atrocité, cette scène morbide. Comment oublier cela? Impossible, j'imagine... Chacun alla dans leur chambre respective sans manger. L'envie n'y était pas après tout ce carnage. J'entrai dans ma chambre et pris place sur mon lit. Ma tête me faisait un mal de chien et mes tripes se tordaient comme un ver. Je tentai de dormir, mais le sommeil ne vint pas, peu importe à quel point j'implorais Morphée. Après avoir essayé de lire un livre, sans succès non plus, j'allai prendre on porte-feuille. À l'intérieur, j'y trouvais une photo de nous tous réunis. Elle était un peu floue, car Foxy avait fait tomber l'appareil. Foxy! Où était-elle? N'aurait-elle pas du japper? Je ne l'avais pas vu depuis un long moment, mais j'avais perdu la notion du temps alors peut-être que... Non, quelque chose clochait. Thalia serait immédiatement venue si sa chienne avait jappé. Tant qu'à ne pas dormir, je décidai de partir à sa recherche. Je descendis au rez-de-chaussée et allai prendre une lampe de poche. J'étais pour sortir, mais je vis Lucy assise à la table à fixer le mur. Je m'approchai d'elle.

-Je vais chercher Foxy, viens-tu? demandai-je en pensant que ça allait nous changer les idées.

À son regard, j'aurais cru qu'elle dirait non, mais elle me dit cela:

-Oh oui! Je peux pas me résigner à monter et à expliquer ça à Chris, pas tout de suite.

Je la comprenais. Lucy alla donc prendre une lampe de poche et me rejoint à l'extérieur. La jeune fille appela le chien par contre, il n'eut aucun mouvement et aucun bruit. Il avait seulement la nuit, nous et ce lac... Merde, je le détestais ce lac.

-Lydia, tu viens? me questionna Lucy en commençant à marcher dans les bois.

Je revins sur terre et me précipitai à ses côtés. On marcha une bonne vingtaine de minutes quand nos yeux croisèrent du sang. En balayant le sol de son faisceau lumineux, Lucy vit une grande marre de sang. Elle échappa un faible cri. Je m'approchai et, à contre coeur, illuminai plus loin. Cette vue sordide me donna le goût de vomir et sans pouvoir me retenir, c'est ce que je fis. Lucy dut détourner les yeux du cadavre. La pauvre chienne avait été abattu à coups de bâton ou quelque chose de ce genre. Son crâne avait renfoncé et ses pattes se retrouvaient dans des positions inimaginables. L'idée que quelqu'un est pu faire ça, me terrifia. Ce n'était pas juste un animal, c'était une personne. Pourtant, on était seul sur cette île. C'était ce que l'on croyait du moins... Soit il y avait un malade mental parmi nous, soit il y avait quelqu'un d'autre. Je ne savais pas ce qui me faisait le plus peur. Assez épouvantées par cette vue ignoble, nous prîmes la fuite vers le chalet. Nous tentâmes de nous retrouver, mais cela fut compliqué en raison de la noirceur. Les branches nous fouettaient le visage sans scrupules et les racines nous firent tomber plus d'une fois. Peu importait à quel point j'avais mal aux genoux et aux joues, je n'arrêtai pas de courir. La terreur était confortablement blottie en moi. Je voulais revenir auprès de mes amis, à l'abri dans le chalet si réconfortant. Lucy semblait le vouloir plus que moi, car elle courait deux fois plus vite. Je ne la vis presque plus. J'étais sur le point de lui dire de ralentir, mais mon amie s'arrêta brusquement. Je crus qu'elle m'attendait, j'avais tout faux. Lucy était simplement tétanisée devant le tableau qui s'offrait à elle.  Je vins à ses côtés et braquai ma lampe de poche vers ce qu'elle regardait de ses beaux grands yeux noirs. La lumière éclaira le lac, l'eau, la moto marine et... Chris. Lucy se mit à hurler, à hurler tellement fort que je pensais que la Chine allait se réveiller. Sa voix se brisa, mais la jeune fille continua de pousser son hurlement. Elle se rua vers son amoureux, mais Alexandre l'empêcha d'aller dans l'eau. Ils restèrent sur le quai pendant que Benjamin et Chase ramenaient Chris sur la terre ferme. Thalia et Éliza se tenaient l'une contre l'autre. J'avais oublié de lui parler de son chien. Tout arrivait trop vite, beaucoup trop vite...