Pied sur terre

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Quand nous arrivâmes au chalet, nous le regardâmes une dernière fois et, prenant nos bagages déjà préparés, entrâmes dans le bateau. Chase conduisit, car Lucy ne savait pas comment et moi, j'étais épuisée. Arrivés à terre, on se rua au magasin le plus proche et on raconta tout ce qui s'était passé. Le commis nous prit pour des fous.

-Je vous jure que c'est la vérité, dis-je en le suppliant des yeux de nous croire.

Lucy lui demanda un téléphone et, au début hésitant, il finit par lui donner son cellulaire qui était plein comparé aux nôtre.

-Merci, dis-je en souriant.

Tout se passa très vite ensuite. Lucy composa le 911 et plusieurs voitures de police arrivèrent quelques minutes plus tard. Quelques journalistes sournois s'approchèrent de nous et nous posèrent des questions, mais on les ignora. Une heure plus tard, on était rendu dans le commissariat de police le plus proche où on expliqua en résumé ce qui s'était passé. Au départ, comme le commis du magasin, les officiers parurent sceptiques, mais un policier revint avec les caméras et le livre que j'avais mentionnés dans ma déposition.

-Oh mon dieu! On vient d'appeler vos parents, le cauchemar est fini, prononça une jeune officière en nous souriant. 

Le cauchemar terminé, enfin. En entendant nos parents, on resta les trois collés.

-Je m'ennuie d'eux. C'est comme un manque, il me manque quelque chose, murmura Lucy.

Elle leva les yeux vers moi et je les vus scintiller.

-Est-ce qu'il va partir un jour ce manque Lydia? demanda t-elle.

Je la pris dans mes bras, car je ne savais pas quoi répondre. Je le sentais aussi ce manque et c'était horrible. C'était comme si on vous arrachait une partie de vous et qu'on vous laissait tout simplement vous videz de votre sang. Je voulais que cette sensation parte, mais je savais que ça n'allait pas être le cas.

-Un jour Lucy, je l'espère, dis-je à voix basse.

Chase me regarda tendrement et vint se joindre à l'étreinte. Maintenant qu'on était sorti d'ici, allait-on sortir ensemble? Ou allons-nous rester ami? Peut-être même qu'on allait arrêter de se voir, puisque la vison de l'autre allait nous rappeler les événements. Non, tout allait bien aller maintenant. C'était fini. De toute façon, j'avais perdu assez d'amis comme ça, je n'allais pas le perdre lui aussi.

-Je vous aime, dis-je.

Lucy et Chase me fixèrent et me sourirent.

-Nous aussi, répondirent-ils en choeur.

-Lucy! s'écria une voix féminine.

Je devinais cette personne comme étant sa mère. Cette dernière vint l'étreindre avec tant de force que je crus que ma copine allait suffoquer. Deux autres parents arrivèrent et Chase alla les rejoindre. Ils s'enlacèrent de longues minutes et discutèrent. Ses parents parlaient forts et sa mère sanglotait. Je regardai mes amis avec leurs parents et me demandai où étaient les miens. Lucy et Chase virent ma détresse et s'approchèrent de moi. Puis, un officier arriva et me tapota l'épaule. Je me retournai et lui demandai ce qui se passait.

-Vous êtes bien mademoiselle Martin? Lydia Martin? demanda t-il.

Dans son ton, je crus comprendre qu'il voulait se tromper de personne. Pourtant, je hochai la tête.

-Je suis désolé de vous l'annoncer, mais vos parents sont décédés. Ils ont eu un accident de voiture, expliqua l'officier.

Le cauchemar n'était pas fini...

Lucy posa une main devant sa bouche et Chase voulut prendre la main, mais je l'esquivai.

-En venant ici? demandai-je la voix tremblante.

Le policier ne voulait pas répondre, mais je répétai ma question et il finit par hocher la tête. Mes jambes me lâchèrent et je me laissai choir sur le sol froid et humide du commissariat. Non, c'était impossible. Mes parents étaient encore en vie, c'était une erreur. Ils ne pouvaient pas être morts, encore moins à cause de moi. Les larmes se mirent à vagabonder sauvagement sur mon visage et personne ne réussit à me consoler. Après quelques minutes, les parents de Lucy décidèrent de m'amener avec eux. Je dis au revoir à Chase qui m'embrassa sur la joue et entra dans la voiture de Lucy. Pendant tout le trajet, je restai silencieuse. Une autre partie de moi avait été arrachée. Il ne restait plus grand chose désormais.

Lac envoûtantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant