Chapitre 8 - Abriana

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-Ça me fait plaisir que tu aies accepté de venir.

Elin baissa les yeux, tripota ses couverts. De la jolie argenterie. Comment pouvait-elle payer un repas ici ? Ceci dit, vu tous les petits boulots qu'elle enchaînait et le travail qu'elle fournissait, Abriana aurait aussi bien pu être millionnaire. Elle se mordit les lèvres et répondit finalement ;

-Ouais. J'ai un peu paniqué, en fait.

-Tu dors où, depuis quatre jours ?

L'adolescent releva les yeux vers sa sœur en souriant d'un air entendu ;

-Lauren, sors de ce corps.

-Désolée, rooooh, s'excusa Abriana en sourait elle aussi. Tu sais que je t'ai croisé ?

-Quand ça ?

-Central Park, hier. T'avais l'air de bien t'amuser, j'ai pas voulu t'embêter.

Elin fronça les sourcils. C'était bizarre de ne pas vouloir déranger sa sœur adoptive en pleine fugue, mais c'était assez l'un des bons côtés de leur relation.

-Je vois.

Abriana se tut momentanément. Cela mit Elin mal à l'aise, elles deux qui avaient toujours été très proches depuis l'arrivée d'Elin chez les Dales. Elles avaient trois ans d'écart ; Abriana avait quitté la maison depuis un an et demi et étudiait la physique nucléaire au Community College, gardait un travail de barmaid à côté -et des centaines d'autres.

-Donc tu veux pas en parler ? Demanda Abriana en forçant presque Elin à la regarder dans les yeux.

Celle-ci papillonna des paupières, singeant l'incompréhension ;

-De quoi ?

-De ta fugue, des parents et de tous les problèmes logistiques qui vont avec.

Elle avait respiré profondément avant de dire ça -Elin se rendit compte à quel point elle ne soupçonnait pas le poids que l'inquiétude pouvait peser sur Abriana. Mais elle ne réussit simplement pas à délier sa langue.

-Non. J'aurais rien à dire, de toute façon.

Son dernier désir était de faire du mal à Abriana, mais elle n'y arrivait pas. Elle était terrifiée qu'elle ne la croie pas, et garder ses découvertes pour elle étaient encore le meilleur moyen de les empêcher d'être contestée.

-D'accord, fit Abriana sans une trace de ressentiment. Tu sais que je connais le frère de ton pote, d'ailleurs ?

-Lequel ?

-Leo Straton, tu sais, il étudie la médecine. Une de mes potes est sortie avec lui d'ailleurs.

-Laquelle ?

-Ynes Barece.

-Ew, ça m'étonne pas.

-Son petit frère est pas mal, d'ailleurs. Il y a quelque chose en cours ?

Elin haussa les sourcils et s'affala un peu en arrière, surprise.

-Quoi ?

-Je sais très bien que c'est ton genre.

-Depuis quand j'ai un genre ?

-Deux ou trois ans, je dirais.

La blonde fronça les yeux -elle resterait convaincue qu'elle n'avait pas de genre défini.

-Com...d'accord, je l'aime bien, mais c'est vraiment pas le moment.

Abriana haussa les épaules. C'était facile à faire, quand on avait sa confiance en elle et son physique. Elin, elle, n'avait pas son éloquence et encore moins son ambition. Surtout, elle ne s'était jamais considérée du genre à courir après quelqu'un.

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