Chapitre cinq

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Cela faisait maintenant une semaine que j'habitais avec ces six garçons. Je les traitais comme s'ils étaient de simples humains, avec aucune perturbation génétique. Parmi mes affaires qui se trouvaient dans mon casier qu'ils étaient allés chercher, j'avais mon ordinateur portable. Je pouvais donc noter tous les soirs mes observations, mes hypothèses et mes déductions. Parfois, je demandai à l'un d'entre eux de me conseiller sur telle ou telle chose, peaufinant un détail pour atteindre la réalité au plus proche.

De temps en temps, je prenais leur tension, leur faisais une prise de sang (les ordinateurs sont de vrais petits laboratoires, maintenant), etc. J'avais de quoi écrire un nouveau livre, faire une dissertation mais surtout... convaincre le monde qu'il ne faut pas avoir peur des mutants, mais de les accepter tels qu'ils sont et les aider à mieux accepter leur condition. Ce n'est pas en faisant des expériences sur eux qu'ils réussiront à nous faire confiance. Parce que d'un côté comme de l'autre, chacun se méfiait du côté opposé au sien. C'était comme ça. Le monde était à présent scindé en deux parties distinctes, comme une distinction génétique.

-Noooon, Coralie !

Leo souleva la main et retira vivement le biscuit que j'avais entre les doigts. Ce dernier vola à travers la pièce, finissant en miettes sur le parquet du salon.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu voulais le prendre ?

-Non ! Il était contaminé !

Je fronçai les sourcils et me tournai vers le biscuit. Il me demanda d'attendre un instant, quittant la pièce un moment. Ravi accourut et me demanda ce qui se passait, alors je lui expliquai. Il prit le biscuit et le déposa sur la table à côté de moi.

-Tu peux l'analyser ?

-Oui, si on le met en miettes mélangé à de l'eau, car mon ordinateur peut faire une analyser hydrique.

-D'accord.

Il partit alors chercher de l'eau tandis que Leo revint avec une bouteille de gel hydro-alcoolique.

-Seulement nous qui somme déjà contaminés peuvent le manipuler sans danger, voire même le manger puisque nous ne risquons plus rien, maintenant. Mais toi, tu as tous les risques. Sois prudente, s'il te plaît.

-Je... je ne savais pas.

Il frotta mes mains activement puis les examina. Il frotta des parties bien ciblées puis leva les yeux vers moi.

-Nous pouvons voir les traces du virus sur n'importe qui et n'importe quoi, ça fait comme des tâches marrons. Mais il faut être mutant pour le voir.

Je le remerciai puis Ravi m'apporta de l'eau. Il vérifia à son tour si je n'avais rien puis posa la petite tasse d'eau. Il trempa le biscuit dedans en l'émiettant puis je sortis la petite languette qui allait absorber le liquide pour l'analyse. Celle-ci rentrée dans l'ordinateur, j'allumai l'application qui afficha tout un tas de calculs. Ravi siffla d'admiration tandis que Leo était bouche-bée. C'est à ce moment-là que les autres revinrent de leur petit tour en forêt pour ramener du bois.

-On est revenu ! Oh, mais tu fais une expérience !

Hyuk lâcha tout ce qu'il avait dans les bras (une branche tombant sur le pied de N) et s'approcha de moi. Il posa son menton sur mon épaule et admira l'écran. Les autres s'approchèrent et me regardèrent pianoter sur mon clavier avec un air concentré. Le virus avait les similitudes d'un virus gastrique, comme me l'avait expliqué N, mais aussi quelques éléments que je ne connaissais pas. J'agrandis l'image du virus puis regardai le diagramme ainsi que ses composants.

-Je n'ai jamais vu ça.

-Ca doit être les composants électroniques, suggéra Ken.

-Oui. Attends.

J'ordonnai à mon ordinateur d'envoyer quelques codes électroniques. Et ce qui arriva me laissa bouche-bée : le virus avait résolu le calcul que je lui avais administré. Les garçons applaudirent, fier de "leur virus".

-Le virus décuple aussi les connaissances et les découvertes, à ce que je vois.

-Oui, c'est comme ça que Hyuk a réussi à comprendre qu'il était chiant. Mais il a pas CHANGEEE !

Hyuk courut après HongBin dans toute la maison. N s'approcha alors pour mieux regarder.

-Comment vous êtes venus à faire cette expérience ?

-Leo m'a empêché de manger le biscuit, il a vu qu'il était contaminé. Ensuite, il m'a lavé les mains et Ravi et moi avions eu l'idée de l'expérience entre temps.

-Je vois.

Il croisa ses bras et fit quelques pas dans le salon, faisant craquer les lattes du parquet sous ses pieds. Ravi se redressa à son tour.

-Réfléchis pas trop, ça fume.

-Tais-toi, c'est sérieux.

-Je crois savoir à quoi tu penses, N.

On se retourna vers Ken. Il sourit.

-T'es en train de chercher après un moyen de protéger Coralie encore plus que ce que nous faisons depuis le début.

C'est vrai qu'ils avaient pris soin de me nourrir de bonnes choses saines et de vérifier tout objet que j'utilisais. Ils avaient été adorables avec moi, jusque là. Et comptaient bien continuer à l'être, vu comment c'était parti.

-Pourquoi vous me protégez alors que je ne suis qu'une scientifique qui va défendre votre cause ?

-On te protège comme nous on voudrait l'être.

Je tournai la tête vers Leo, attendrie. Je posai ma main sur son épaule... il me sourit.

-Alors comme vous prenez soin de moi, je vais vous faire une surprise.

-Une surprise ?!

Je ris aux têtes des deux plus jeunes qui étaient apparus dans l'encadrement de la porte.

-Oui ! Je vais vous faire... un gâteau !

Ils sautèrent de joie puis se hâtèrent de venir m'aider. Ils vérifièrent chaque aliment puis tout le monde m'aida pour faire un gâteau. En fin de compte, ce n'était plus une surprise et ce n'était plus une surprise de ma part. C'était festif et joyeux de voir tout le monde dans la bonne humeur dans la confection d'une gourmandise. On ajoutait pleins de choses comme des gousses de vanille, des pépites de chocolat, des vermicelles... De vrais enfants ! Mais c'est ce qui était paisible.

J'avais envie de verser une larme tellement j'étais heureuse de les voir comme ça. Ils ne laissaient pas leur mutation prendre le dessus sur leur moral, ils faisaient face et avançaient. Ils étaient des héros, car ils ne s'étaient pas laissés abattre. Oui, il fallait absolument que je les aide. Il m'avait enlevé, pour la bonne cause. Je leur montrerai qu'ils pourront me faire confiance et qu'un jour, tout changera pour eux.

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant