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Justin.

"Un corps de nouveau retrouvé à la frontière de la ville, dans la forêt municipale. Il s'agirait du corps de..."

- Blablabla.., dis-je en éteignant ma télévision, fixée sur les informations depuis le matin. Je ricanais, tout en taillant une nouvelle marque sur mon mur, à l'aide d'un poignard que je possédais depuis longtemps. Deux nouvelles étaient apparues cette semaine, et en voila une nouvelle. Tout s'était bien déroulé, de toute manière, je bossais comme un pro. Les événements avaient fait que mon besoin de me défouler m'avais pris au bon moment, et que j'avais pu avoir plusieurs cibles en quelques jours. La chance, comme on pourrait le dire. Non, non, mon besoin de me défouler ne s'apparentait nullement aux deux émeraudes qui me hantaient depuis sept jours. Je ne savais pas ce que c'était, mais c'était sûrement pas ça.

Une fois la marque correctement entaillée dans la pierre qui recouvrait la cloison, je me relevais. Le soleil matinal inondait mon appartement, et ça me mettait de bonne humeur. Je ressemblais sûrement à un putain de psychopathe bipolaire, mais je ne l'étais clairement pas, je faisais ce qu'on me disait de faire, sans rechigner, et à la longue, j'avais appris à m'en satisfaire. Il ne pouvait en sortir seulement de la satisfaction, de toute manière, car les vies se retrouvant entre mes mains ne valaient déjà plus rien. Enfin bref.

Je récupérais rapidement ma veste dans l'entrée, et claquais la porte une fois sorti, afin qu'elle se verrouille toute seule. Les mains dans les poches, je descendais les cinq escaliers qui menaient jusqu'au rez-de-chaussée. On était samedi, mais je devais tout de même aller bosser au garage qu'un de mes amis tenait. Il m'avait offert ce boulot parce qu'il savait que j'avais besoin de fric. Je pouvais modifier les horaires comme je voulais, donc, ça me servait pas mal. Comme à mon habitude, je fis un détour afin de me rendre chez EAT, c'était mon producteur attitré de petits déjeuné, et je connaissais tout le personnel là bas. Malheureusement, le samedi, c'était bondé, et je détestais réellement attendre. Ma journée commençait à tenir peu à peu, quand je sentis une présence derrière moi, dans la queue. Enfin, un parfum, que je connaissais. Je me retournais alors. Et mon regard rencontra deux émeraudes, que je reconnu sur les champs, car elles me troublaient depuis sept jours, sans répit.

Quand je disais que c'était une bonne journée.

Ana.

C'était une journée de merde. Un semaine de merde même. Je n'avais que très peu dormi, j'étais exténuée, et ça se voyait carrément sur mon visage. J'avais des cernes noires, qui creusaient le dessous de mes yeux, de manière à ce que je ressemble à un putain de zombie. Même le maquillage n'avait pu cacher cette horreur. Je ne savais pas réellement ce qu'il se passait, mais depuis ce fameux soir, mes terreurs nocturnes s'étaient amplifiées, toujours plus présentes, toujours plus réelles. Et tout se mélangeait, plus seulement mes souvenirs, mais aussi les bribes de mains sur mon corps, et son sourire narquois, qui hantait chacun de mes moments de calme. J'avais clairement envie que tout s'arrête, que ça redevienne comme avant, parce que j'étais clairement en train de devenir complètement dingue. J'avais cette impression que tout avait été chamboulée depuis cette nuit. Je me faisais surement des idées, mais il y avait ce vide en moi, et je ne comprenais toujours pas d'où il provenait.

J'avais donc décidé de me rendre dans le meilleur endroit pour petit déjeuner, car j'avais besoin de prendre des forces, et de me mettre de bonne humeur, ce qui n'était pas réellement le cas maintenant. Je reconnus directement sa carrure. Bordel, bordel, bordel. J'avais envie de mon cappuccino et de mon brownie, mais je ne pouvais pas me retrouver derrière lui. Mais bon, la nourriture passait avant tout...Alors je m'avançais, et je priais réellement pour pas qu'il ne se retourne, ou quelque chose de ce genre. Mais, avec toute la chance que je portais en moi, son premier geste fût de se retourner. Et bien sur, son sourire narquois ne quitta pas une seule seconde ses lèvres.

even ifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant