La nouvelle vague

Chapitre 5

Appartement d'Anna, 26 octobre à 09h05.

Le New-York essoufflé, haletant, oppressé et suffoquant de la veille reprenait peu à peu ses esprits. Ce lieu inhospitalier de la nuit dernière se laissait alors submerger par un voile plus accueillant. Une légère brise se levait tandis que déjà le soleil s'écrasait sur le visage des habitants de la ville.

De la fenêtre de son appartement il était aisé d'apercevoir Anna déjà affairée en cuisine. Un nombre incalculable d'ustensiles faisaient office de pile sur son plan de travail. Son vide-ordure était d'ores et déjà ouvert, prêt à recevoir la prochaine fournée de sa blanquette de dinde aux marrons — dont elle allait une nouvelle fois rater la cuisson et l'assaisonnement —. C'était loin d'être une cuisinière professionnelle. Elle était bien trop habituée à préparer des plats surgelés, ou bien même à manger sur le pouce, qu'elle n'avait jamais pu faire de la cuisine son domaine de prédilection. De plus, elle allait souvent dans des restaurants, à son plus grand plaisir. Cependant, c'était un jour spécial, puisque dans quelques heures Anna recevrait de la famille ainsi que quelques amis proches pour fêter son anniversaire. Elle avait par ailleurs écorché de nombreuses recettes dans un livre de cuisine qu'elle avait acheté au préalable. Quelque chose de plutôt travaillé lui donnait bien plus envie que ce qu'elle avait prévu mais ça n'était malheureusement pas dans ses capacités culinaires. Les ailes de raies accompagnées d'une sauce à l'échalote par exemple, était un plat qui lui éveillait les papilles à la simple vue d'une image. Cependant, elle préférait jouer la carte de la sûreté pour ne pas servir des mets vite. Pour l'occasion, elle avait donc décidé de s'attaquer à un plat normalement simple pour les amateurs de cuisine : une blanquette de dinde aux marrons.

Heureusement, la jeune femme avait pu compter sur sa meilleure amie pour le dessert. Celle-ci pénétrait d'ailleurs tout juste dans son appartement en s'exclamant tout sourire qu'elle apportait un petit quelque chose. Sarah souleva le carton qui contenait la pâtisserie si convoitée par Anna, l'ouvrant une fois celle-ci déposée sur le petit bar qui séparait la cuisine de la salle à manger. Anna quitta l'espace d'une minute ses fourneaux pour aller se délecter de l'odeur du clafoutis fraîchement sorti du four.

— Si tu m'ouvres déjà l'appétit rien qu'avec ce gâteau, je crois que ça ne seras pas un problème pour les autres invités de devoir se contenter de cela.

Elle embrassa la joue de sa meilleure amie alors qu'elle accompagnait ses paroles d'un doux rire comme si elle essayait de mieux faire avaler le fait qu'ils allaient sans doute réellement devoir se passer du plat de résistance. La brunette renifla alors négligemment ; quelque chose lui gênait l'odorat et c'était loin d'être agréable.

— Ça, c'est l'odeur de brûlé. Je crois que t'as du boulot qui t'attends en cuisine ma belle ! s'exclama la meilleure amie d'Anna en lâchant un rire grave à la vue de sa réaction exagérée. Je m'occupe de la décoration de la table, ajouta-t-elle sachant pertinemment où se trouvaient les éléments de décoration.

Jurant intérieurement, Anna se rendit compte qu'il ne s'agissait que du début de la préparation, et, qu'elle n'avait pas encore commencé à travailler son bouillon.