La nouvelle vague

Prologue

New York City, 10h25.

Anna courrait après le bus, chose qui s'avérait plutôt difficile perchée sur de hauts escarpins. À bout de souffle, elle s'arrêta dans sa petite course alors qu'un taxi qui dévalait la côte à tombeaux ouverts manqua de peu de rouler dans une flaque d'eau et donc de l'éclabousser : elle l'avait échappé belle.

Elle allait devoir se rendre à sa station de métro à pied pour une fois. La brunette jugeait inutile de prendre la voiture lorsqu'il s'agissait d'aller à son travail puisque le trafic était relativement dense dans le quartier de New York où elle vivait.

Elle agrippa l'anse de son sac à main et la replaça sur son épaule d'un rapide et habile mouvement. Elle qui habituellement était une femme ponctuelle allait sans aucun doute avoir un léger retard aujourd'hui ; cela allait sûrement lui valoir une remarque de son supérieur. Avoir pressé le pas lui rendit les pieds endoloris ; une légère grimace se créa sur son visage qui arborait des traits fins.

Anna décida de prendre un raccourci en coupant par Central Park. Cela lui évitait par ailleurs de croiser une masse de piétons pressés, et surtout, de mauvaise humeur. Elle longea le lac bordé de feuilles jaunâtres qui s'étaient détachées de leur arbre avant de finalement quitter ce petit nid de tranquillité. C'était un tout autre paysage que celui de la ville. Un violent coup de vent souffla et ses cheveux virevoltèrent dans tous les sens : la joie de la période dans laquelle ils entraient, soit, l'automne, disait-elle avec une touche d'ironie.

Après quelques minutes de marche, elle arriva finalement puis accéléra le pas alors qu'elle se glissait rapidement dans la rame qui menaçait de se fermer puisque le tintement habituel qui signalait cela retentit. Une fois à l'arrêt désiré, Anna sauta hors de la trame et quitta le métro. Un grand bâtiment digne des buildings américains se dressa devant les yeux de la jolie brune. Une insigne prédominante était inscrite en caractère gras sur la façade cristalline de cet immeuble sur laquelle reflétaient les rayons du soleil : "Models Magazine". C'était la première chose sur laquelle l'œil d'Anna s'était posé, et ça l'était chaque fois qu'elle passait devant. En se tournant, on pouvait apercevoir un bâtiment bien plus imposant : "Vogue".

Anna Castel, trente-quatre ans, travaillait dans l'édition pour Models Magazine, spécialisée dans la correction des articles ; ayant en soit un accès complet à ceux-ci, et enfin assurait deux rôles majeurs puisqu'elle avait été promue au poste de rédactrice en chef rubrique cosmétique.