Je ne l'avais pas vu mourir. J'avais seulement entendu la détonation. Mais dans tous les cas, peu importait qui ou quoi avait reçu la balle, Rosley n'aurait pas pu survivre. Et pourtant il était face à moi, l'air préoccupé par mon état de panique.
"Vous êtes mort, répétai-je. Vous ne pouvez pas être là, ou bien je ne suis pas vivante. Je... Je..."
Je lâchai les bords de mon drap pour dégager mon visage des mèches rebelles qui me tombaient devant les yeux. J'attrapai ma tête pour m'immobiliser et me calmer. Essayant de formuler des questions cohérentes, je cherchais mentalement ce que j'avais pu rater. Cela n'arrangeait hélas en rien ma migraine.
"Je sais que cela vous paraît impossible, mais vous devez vous reprendre et m'écouter, me conseilla le professeur d'Histoire. Personne n'est mort.
-Je ne comprends pas, insistai-je d'une voix sourde. Je... On a entendu le coup de feu quand vous... Et... Et moi, ils m'ont tiré une balle dans la tête...Et..."
Je fis taire le flot incohérent de mes paroles en voyant l'historien secouer la tête en signe de négation.
"On m'a dit que c'était une éventualité, oui, prononça-t-il, sans avoir l'air de vraiment s'adresser à moi.
-Quoi ? demandai-je,méfiante.
-Que vous ne fassiez pas la différence entre ce que vous avez vécu virtuellement et la réalité.
-La réalité ?"
Il croisa les bras. Je remarquai qu'il n'avait plus ce tic de porter une main à ses côtes pour palper sa blessure par intermittence.
"Et bien, la réalité où personne n'est mort, répondit-il. Ni vous, ni moi. Ni personne d'autre."
Je me sentais vraiment stupide de ne pas saisir le sens de ses phrases. Je me sentais bête d'avoir envie de le secouer pour lui faire comprendre que je n'avais pas envie de jouer aux devinettes. J'étais passée en quelques minutes de la panique à la colère.
"Expliquez-moi", exigeai-je sans prendre le temps d'y mettre la forme.
Rosley s'exécuta sans s'offusquer :
"Nous avons été les cibles d'un programme scientifique mettant au point les premières puces cérébrales. Vous pensez avoir vécu pendant des mois en pleine apocalypse, mais en réalité, vous étiez allongée ici même, et tout ne prenait place que dans votre tête, grâce à une puce implantée dans votre cerveau. Enfin, je ne suis pas vraiment scientifique, les équipes vous l'expliqueront mieux que moi."
Je pris le temps d'assimiler ces informations. Je n'étais pas certaine de les comprendre. Je n'étais même pas sûre de vouloir les comprendre.
"Vous voulez dire que les zombies..., commençai-je.
-Ce n'était pas réel. Rien ne l'était."
La bombe était lâchée. Les éléments commençaient à s'imbriquer les uns dans les autres dans mon esprit.
"Rien... n'était réel," articulai-je avec difficultés.
Rosley devait probablement s'imaginer me faire plaisir en m'apprenant une telle nouvelle. Mais je me sentais seulement horriblement mal, et trahie. Comme si j'avais souffert des mois, risqué ma vie un nombre incalculable de fois et affronté des individus parmi les pires que la Terre avait jamais porté, tout ça pour rien. Pour qu'un prof d'Histoire vienne un beau matin (si on était le matin, je n'avais aucune notion de temps à ce moment) que c'était juste un test.
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NIHILIA - II
HorrorJe m'appelle Héloïse. J'ai survécu à des zombies, des chasseurs, des cannibales et des psychopathes. Et je suis morte. Enfin, je le croyais. Cette histoire est le tome II de EPIDEMIA. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous déconseille de commencer...