Un amour invisible

Chapitre 1

Le soleil ne s'était pas encore levé quand j'arriva aux alentours de Est city. Je continua de marcher, invisible pour la plupart des humains. J'ai apprit, avec le temps, que les médiums pouvaient ressentir notre présence. J'ai aussi apprit à canaliser mon énergie pour pouvoir être visible pendant, pour l'instant, une heure. Je pense que si j'avais pratiqué tout les jours, j'aurais pu atteindre les deux heures, mais ça me fatigue énormément. Et puis... Il y a des jours où je ne vois que le mauvais côté des choses, le verre à moitié vide, le gris du ciel, le noir de mes cheveux... Enfin, bref, des moments de déprime, quoi.

J'arriva devant un immeuble laissé à l'abandon depuis longtemps. Même si il se trouvait en plein centre ville, Est city n'était pas réputé pour sa richesse, au contraire. J'entra. Cet immeuble... Il me rappelle tant de souvenirs passés avec... Avec lui... Les larmes me montèrent aux yeux. Je ne pus en empêcher une de couler. Une larme unique. Seule. Abandonnée. Un peu comme moi en fait. Bon, pas tout à fait. Mes amis ne m'ont pas oublié, n'est-ce pas ? Je tourna au détour d'un couloir sombre. Je me souviens qu'un jour, Ken m'avait dit qu'avant d'être abandonné, cet établissement était un asile et que les âmes des patients erraient encore en ces lieux. Je n'en ai pourtant croisé aucun jusqu'à maintenant.

Le temps passait, et j'eut rapidement fait le tour de l'immeuble. Je soupira. Cela faisait si longtemps que je n'étais pas venu. J'allais partir quand je ressenti une présence. Une présence HUMAINE. Je me figea et, par réflexe, me cacha derrière une petit meuble rongé par l'humidité. J'entendis une voix. Non... DEUX voix.

"Dis, Ken... Tu es sûr que c'est une bonne idée de venir ici ? C'est abandonné depuis si longtemps...

- Tu as peur des fantômes fous, Kiara ?"

Ken... Ken est là. Ici. Mais avec... Kiara ? Pourquoi l'emmène-t-il ici ? Il avait dit... Il avait dit... Que c'était NOTRE endroit... Que personne d'autres ne devrait le connaître... Mon cœur me fit mal, et je serra le bout de ma jupe pour ne pas hurler. Il m'a menti...

Kiara répondit à Ken d'une voix hésitante, un peu fébrile.

"Euh... N-non... Pas du tout...

- Et bien alors ? De quoi as-tu peur ? De toute façon, je suis là, moi. Je te protégerais."

"Je te protégerais." "Je te protégerais." "Je te protégerais." Cette phrase résonna en boucle dans ma tête, tel une lame de couteau qui touche inlassablement sa cible, encore et encore. Je me releva alors lentement, une fois qu'ils eurent passés la porte de la pièce dos à moi. J'appuya ma main contre la porte et elle s'enfonça dans le bois mou et humide. Petit à petit, mon corps entier y passa. Je revis alors Kiara et Ken, mais cette fois, il se tenait par la main et étaient un peu trop proche à mon goût. J'eu envie d'apparaître et de lui crier : "Tu m'avais promit ! Tu m'avais promit !" C'est ainsi que j'ouvris légèrement la porte qui grinça. En tant que fantôme, j'avais de larges possibilités pour leur faire peur, mais le plus petit acte peut être le plus effrayant. Kiara sursauta et s'accrocha à Ken, qui regardait la porte d'un air suspicieux. Il dit d'une voix forte :

"Qui es là ? Montrez vous !"

Mais évidemment, personne ne répondit. Le silence ce fit. Kiara commença à sangloter, pour mon plus grand plaisir. Mais tout ne se passa pas comme je l'avais prévu. Ken l'a retourna afin que son visage soit en face du sien. Il prit son menton et l'embrassa doucement. Ensuite, il lui dit d'une voix douce :

"N'ais pas peur, c'est surement le vent. Et puis... Tu me fais confiance, n'est-ce pas ?

- Ken... Je t'aime.

- Moi aussi, Kiara. Je t'aime."

Et ils se ré embrassèrent. Ma tête commençait à tourner, et ma vue s'assombrit. J'ouvris la porte en grand, les faisant sursauter, puis la refermât derrière moi. Ils n'ont surement vu au maximum qu'une forme blanche ouvrir et fermait la porte violemment, mais je m'en fichait. Je m'adossa à la porte et m'accroupis. Je pleura. Il m'avait oublié... Il m'avait trahi pour Kiara. Cette peste sans cervelle qui n'avait rien d'autre que son corps comme atout. Je ne pouvais le croire. Mais il fallait bien que la vérité me retombe dessus car j'entendis la voix de Ken dire :