Prologue

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Je n'ai connu que cela, des ruines, des décombres, des visages tristes.

Du noir du blanc et du gris.

Nous nous en sommes toujours contentés. Encore aujourd'hui.

Le monde n'a plus d'histoire. Il a certes un passé, même s'il s'effrite avec le temps. Nombreuses sont les photos retrouvées à moitiés brûlées, dans les décombres, reflétant un monde de paix, de fertilité, de stabilité et d'abondance. Aujourd'hui, tout a pris fin.

Autrefois, les pays avaient des noms, des spécificités, des origines, un langage que personne, à l'heure actuelle, ne pourrait nous faire part ou encore moins nous transmettre. Les bases sont présentes. Le savoir a disparu. On ne nous apprend plus que le strict minimum qui peut nous servir au quotidien. Le reste, sombre un peu plus chaque jour dans l'oubli. Les cartes sont cendres. Tout est à refaire; comme toujours après chaque guerre. Mais de celle-là, il ne nous en reste plus rien.

Nous survivons, éparpillés un peu partout dans le monde, dans des fragments de "villes" qu'il nous reste. Elles sont dorénavant appelées des Quartiers. Cette guerre a tout anéanti. L'espoir y compris. Le traumatisme est toujours présent et nous savons tous, qu'il le restera, malgré tout ce quil est possible de nous enseigner, nous dire, nous conseiller, le monde restera et laissera une image de lui pour des siècles et des siècles, d'un champ de bataille, d'un objet de désir et de pouvoir. L'Homme a toujours été ainsi, a toujours convoité et envié. A toujours eut soif de l'inaccessible. Toujours. Encore aujourd'hui, alors que plus rien ne vaut la chandelle, les guerres ne cessent. Même là où il n'y a pas lieu d'être, la rage déferle.

Nous devons vivre ainsi, dans le reste de ce qui fut, jadis, un monde, une terre, et qui n'est plus que la preuve de haine, de mésentente et de désordre; dans les conséquences des erreurs du passé.

A quoi bon les blâmer; à quoi bon pleurer; ce qui est fait est fait.

Trop de choses sont à rebâtir, tant d'années pour en arriver là.

J'aurais aimé dire que mon combat a mené à quelque chose. J'aurais aimé dire que nous avons redonné au monde un semblant d'espoir et d'avenir. Et enfin, j'aurais aimé dire que je n'y aie pas laissé ma raison, mon coeur ainsi que mon âme. J'aurais aimé. Mais les mentalités ne changent pas, la volonté de duper, de berner, de manipuler est humaine, malheureusement.

J'ai fait ce qu'il m'a semblé juste, et je ne regrette rien.

Je n'ai pas fait partie de ceux qui ont regardé le monde stagner sans jamais rien dire ni faire.

J'ai laissé derrière moi. Beaucoup. Mais je le sens, je le sais, j'ai espoir, que tout cela n'aura pas été vain.

RuinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant